• Splendeurs et misères des courtisanes d’Honoré de Balzac
Dans la dernière partie du roman, le lecteur se trouve plongé dans le monde des bagnards et des condamnés. C'est en effet plus que leurs actions spécifiques, l'univers dans son ensemble qui est présenté. La mort de Lucien atteint Jacques (alias Vautrin) droit au cœur, et on le voit dans le troisième chapitre abattu, malgré sa nature criminelle, par la disparition de son protégé : « Qu’était devenu […] pour se rendre au préau. » Plus loin, au chapitre IV, Balzac insère une de ses fameuses digressions, autour du monde criminel, de ses milieux et de ses caractéristiques : « La prostitution et le vol […] de voleurs si vieux ! » C’est ici une sorte d’histoire de la pègre.
• Les Mystères de Paris d’Eugène Sue
Dans ce monde pauvre de Paris, certains personnages incarnent le crime. C’est le cas de celui qu'on surnomme Maître d’école et de sa compagne, présentés au chapitre V de la première partie : « Une sorte de frémissement […] et le Chourineur. »
Rodolphe se considère comme un véritable justicier au service du bien. Ainsi, au chapitre XX de la partie I il condamne le Maître d’école, un véritable criminel, à une punition qu’il choisit lui-même : « Rodolphe continua […] entre ta femme et ton fils… » Plus tard, ce même personnage du Maître d’école se voit taxer de folie, et il joue en effet la folie afin d’éviter une autre condamnation : « Cette homme est d’une épouvantable laideur […] à sa dernière expression. » Cet extrait se situe au chapitre XVII de la dernière partie.
• Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas
Le roman met en avant des esprits négatifs voire criminels, à l’œuvre notamment pour discréditer la reine. Mais les nombreux combats donnent également lieu à des tentatives d’assassinat comme c’est le cas au chapitre XI de la quatrième partie : « Le jeune homme se retourna vivement […] mais à une condition. »
• La Porteuse de pain de Xavier de Montépin
Le thème le plus récurrent dans le roman est sans l’ombre d’un doute le crime, sous toutes ses formes et avec la complexité de ses répercussions. Le point de départ de l’intrigue est un crime pour lequel le coupable fait accuser une autre. Mais une petite criminalité existe également, que le lecteur découvre dès la première partie, chapitre XL : « Le vieil agent […] ne se produisit. » C’est ici une sorte de bilan fait par Olive Soliveau, qui déballe son passé de voleur mais également le soupçon – que l’on sait vrai – d’un plus grand crime chez Paul Harmant.
À mesure que le crime de départ s’éloigne dans le temps, les personnages semblent vivre de façon honnête. Néanmoins, avec la complexité des situations au retour en France du criminel, la violence fait à nouveau son entrée. Ainsi, partie II, chapitre XLI (qui dans le feuilleton est dans la partie II, chapitre XVI) Olive décrit un crime parfait qui ne devrait pas pouvoir remonter jusqu’aux coupables : « De tout ce qui précède […] de Lucien Labroue. »
Mais l’accumulation des crimes ne rend pourtant pas les personnages insensibles à cette violence. Ainsi, partie III, chapitre XXXVII (qui dans le feuilleton est la partie II, chapitre LXXVIII) le lecteur est témoin du récit et de la conversation autour d’un crime commis. Quoique raté, et donc n’ayant tué personne, ce crime violent fait affleurer la culpabilité : « Paul Harmant frissonna […] quitter Paris. »
• La Terre d’Émile Zola
Dans le roman, outre le crime final, c’est surtout une bestiale cruauté qui s’exprime. Ainsi, dans la partie IV, au chapitre II, la tentative de viol répétée de Buteau apparaît comme une prise de possession où la victime est coupable : « Depuis les couches de Lise […] cause de leurs embêtements. » Plus tard, dans la cinquième partie, au chapitre III, les machinations du couple Buteau, qui ne recule devant rien, sont décrites sans concession : « Le soir, lorsque Buteau […] l’un de l’autre. » Dans la scène suivante, le couple organise et met en oeuvre ce viol prémédité.
• Lettres de ma chaumière d’Octave Mirbeau
Dans la nouvelle « Les Eaux muettes » une scène terrible décrit les marins se révoltant contre leur capitaine : « À ces derniers mots […] sur la mer. »
Dans « La Tête coupée » la situation conjugale du narrateur le poussa à une action violente et absurde : « Non je n’oublierai jamais […] et j’éclatai de rire. » Ce meurtre tient en partie de la folie.
« Paysages » s'intéresse au thème de l’infanticide. Après le récit de son meurtre, Motteau explique que son cas n'est pas isolé car les parents pauvres n’ont pas d'autre choix : « Et maintenant, monsieur le président […] Ils sont trop pauvres ! »
• Mademoiselle Fifi de Guy de Maupassant
La nouvelle « Mlle Fifi » a lieu pendant la guerre franco-prussienne, et derrière un dîner de soldats se cache une tension politique. Les officiers ayant fait venir des prostituées, l’une d’entre elles surtout proteste contre leurs paroles, et le repas finit par un drame : « Elle n’avait point fini qu’il la giflait […] le curé nourrissait en cachette. »
La mort que décrit la nouvelle « Deux amis » n’est pas à proprement parler un crime, mais elle repose sur un malentendu dramatique qui amène à la mort inutile des deux protagonistes : « Eh bien, Messieurs, avez-vous fait […] n’en firent qu’un. »
• Trois hommes forts d'Alexandre Dumas fils
Le roman s’ouvre sur un crime, mais c’est le génie criminel incarné qui l’habite. Après une scène touchante de retrouvailles de famille, le lecteur assiste à l’accusation fausse et injuste de Jean, que tout désigne comme le coupable (dans le journal au chapitre IV) sauf sa bonne nature : « Deux mois après les événements […] n’était plus reconnaissable. » Mais il s’avère que ce crime est évidemment à attribuer à un autre. Le personnage de Mr Valéry est un criminel au sens plein, sans sentiment, satisfait de son crime. Il raconte au chapitre « La vérité » (section IX dans le feuilleton) deux meurtres accomplis de sang froid : « Je montai alors dans la chambre […] n’avait sauté sur moi. »
• Le Jardin des supplices d’Octave Mirbeau
Dès la première version du texte qui sera inclus dans « Frontispice », l’idée que le désir de tuer est présent en chaque homme est développée, dans cet extrait par exemple : « Le besoin de tuer […] c’est son intérêt de tuer ? »
La violence est comme banalisée dans ce roman, qui présente des tortures sous toutes leurs formes comme un divertissement. C’est le cas dans ce texte publié sous le titre « Un bagne chinois » : « D’une petite bonbonnière […] un casque de plomb. » L’extrait apparaît dans la dernière partie du texte en volume (avec quelques modifications). Ici, la sensualité et la sexualité sont liées à la violence et à la torture, considérées comme un spectacle qui a une certaine beauté : « Elle se souleva […] d’un regard apaisé… »