Le pouvoir mérovingien et ses manifestations

Parchemin, 109 ff., 295 × 220 mm. (Est de la France, début du VIIIe siècle).

Considérée comme la première histoire de France, l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours (538-594) retrace en 10 livres, en latin, le récit des origines du monde jusqu’aux rois Childebert II et Clotaire II, les contemporains de l’évêque de Tours.

Denier du monétaire Audegiselus (Argent, 1.22 g)
VIIe siècle, Saint-Martial de Limoges

D.: SCI MAR[TIAL]IS. Buste diadémé à droite.
R.: AVDECI[SE]LS M+N. Monogramme composé des lettres MREOS

Parchemin, 184 ff., 23,5 × 17,5 cm. (Est de la France, fin VIIe ou début VIIIe siècle).

Ce manuscrit contient la compilation de l’auteur bourguignon du VIIe siècle, Frédégaire. Telle qu’elle se présente dans un codex, elle comprend des extraits des pères de l’Eglise, un résumé de l’Histoire de Grégoire de Tours, la chronique originale de 584 à 642, ainsi qu’une transcription de la chronique d’Isidore de Séville.

Denier en argent (1.03 g)
VIIe siècle

D.: SCOBE[ ]VS MO. Buste diadémé à droite.
R.: [ ]A[ ]G MO. Monogramme ou siège surmonté d’une croisette

Tiers de sou en or (1.33 g), imitation au nom de Justin
VIe siècle

D.: DN IVSTINVS PPP. Buste diadémé à droite.
R.: VICTORIA. Victoire debout à droite tenant à droite une couronne et à gauche une croix. A l’exergue CON[ ]

 

 

Parchemin, A + 84 ff., 280 x 180 mm. (Nord de la France, fin du VIIIe siècle)

Ce manuscrit composite - transcrit vers la fin du VIIIe siècle en écriture ab dans un centre du Nord de la France - renferme une anthologie des Carmina de Venance Fortunat (ff. 29-30v et 39-58v).

Tiers de sou en or (1.28 g) au nom de Maurice Tibère
Fin du VIe siècle, Marseille

D.: DN MAVRICIVS P P A. Buste au diadème perlé à droite. Cercle extérieur.
R.: VICTORIA AVSTOR. Croix potencée sur un globe, accostée des lettres M A et, au-dessous, V II, sur un trait horizontal. A l’exergue, CONOB. Cercle extérieur.

 

Médaillon de Dagobert I du monétaire Ansoindo
629-639, Limoges
Or, 6,27g.

D.: +LEMMOVIX AGVSTOREDO ANSOINDO MO. Buste diadémé à droite, les cheveux tressés remontés sur le front.
R.: +DOMNVS DAGOBERTHVS REX FRANCORVM entre un cercle lisse et un cercle perlé interrompu à sa base par le sommet d’un A surmonté d’un oméga renversé. Dans le champ, une croix cantonnée de IN CI VI FIT et surmontée d’un demi-cercle, sur une ligne de points et un trait horizontal.

Date : Siège, VIIe ou VIIIe siècle (?). Dossier et accoudoirs, seconde moitié du IXe siècle

Bronze en partie doré ; H. 135 cm ; L. 78 cm

Le Trône en bronze, dit de Dagobert, est mentionné pour la première fois par Suger, l'abbé de Saint-Denis qui entreprend la reconstruction de l'abbaye vers 1130. En faisant restaurer ce siège qu'il a trouvé disloqué et en l'identifiant comme ayant appartenu à Dagobert, fondateur de l'abbaye au VIIe siècle, Suger entend mettre en valeur l'ancienneté de l'abbaye et ses liens étroits avec la monarchie française.

Dessin à la mine de plomb et aquarelle, a appartenu au collectionneur  Hippolyte Destailleur (1822-1893).
Mesures : 19,6 x 17,6 cm.

Création : XVIIIe siècle.

Sou de Théodebert I, or (4.20 g)
534-561, Austrasie ou Italie

D.: DN THEODEBERTVS VICTOR. Buste de face, tenant droite une lance et à gauche un bouclier sur lequel est figuré un cavalier. Couronne extérieure.
R.: VICTORIA AVCCCI. Victoire de face, debout sur un degré, tenant de la main droite une croix à longue hampe et à gauche un globe crucigère, accostée, aux pieds, des lettres B O ; dans le champ, à droite, une étoile. A l’exergue, ICONOB. Large cercle extérieur.

In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 7.

Le roi Dagobert Ier ratifie un partage entre Ursinus, référendaire de Clotaire II, et son frère Beppolenus, pour des terres situées dans le Rouergue.
Ce diplôme en latin, conservé aux Archives Nationales sous la cote AE/II/3 (cote d'origine : K1/9) contient une signature autographe de Dagobert Ier au bas de l'acte. Il n'est pas daté mais il a sans doute été établi en 628.

In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p.13.

Par ce précepte le roi de Neustrie Clovis II confirme les privilèges accordés à l'abbaye de Saint-Denis par l'évêque de Paris Landry. Aux moines de Saint-Denis est ainsi permis de jouir librement de leurs biens. Le roi confirme également la laus perennis ("louange perpétuelle") introduite à Saint-Denis par son père Dagobert sur le modèle de la liturgie en usage à Saint-Maurice d'Augaune. La "louange perpétuelle" est une célébration continuelle de l'office assurée par les moines se relayant par groupes dans l'abbatiale.
Ce diplôme en latin conservé aux Archives Nationales sous la cote AE/II/6 (cote d'origine : K2/3) date du 22 juin 653. Il porte le monogramme royal et les souscriptions de nombreux évêques parmi lesquels Eloi, évêque de Noyon.

In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 28.

Dans cette charte en latin aux Archives Nationales (cote AE/II/14, olim K3/12) le roi Thierry III confirme à Amalgaire le droit de possession de sa terre située à Bailleval, revendiquée par une dénommée Acchilde.

In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 47.

Diplôme en latin (AN, cote AE/II/20) contenant un jugement du roi Childebert III qui accorde à l'abbaye de Saint-Denis la terre de Hodenc-l'Evêque dans l'Oise.
Le document est scellé d'un sceau de cire brune et daté du 23 décembre 695.

In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 68.

Chilpéric II - roi des Francs de Neustrie et des Burgondes de 715 à 719, puis de tous les Francs de 719 à 721 - confirme par cette charte les privilèges d'immunité accordés par ses ancêtres à l'abbaye de Saint-Denis. Ce diplôme, conservé aux AN sous la cote AE/II/27 (olim K3/17) porte la signature autographe du roi. En revanche, le sceau royal a disparu.

In :  Bibliothèque de l'école des chartes, 1885, volume 46, numéro 1, pp. 138-149.

"On lit dans tous les traités de diplomatique que les souverains mérovingiens joignaient à leur titre de roi des Francs , rex Francorum, celui d'homme illustre, vir inluster, selon l'orthographe de cette époque ; que la formule de suscription, régulièrement inscrite en tête de leurs diplômes, était : N. rex Francorum vir inluster; et l'on ajoute habituellement que les rois avaient pris ce titre, emprunté à la hiérarchie officielle de l'empire romain, depuis que l'empereur Anastase avait conféré au roi Clovis Ier la dignité, purement honorifique, de consul. [...] 

In: Bibliothèque de l'école des chartes, 1911, tome 72, pp. 233-244.

"On conserve aux Archives nationales, sous la cote K 1, n° 10, un fragment de papyrus très mutilé dont le texte, donné en facsimilé lithographique par Letronne, a été publié pour la première fois par Teulet avec quelques fautes évidentes de lecture et sans les souscriptions. Ces deux auteurs se contentaient des indications sommaires suivantes : Fragmentum epistolae pro S. Dionysio (absque not. chronol.)."

In: Bibliothèque de l'école des chartes, 1930, tome 91,  pp. 5-65.

"[...] une gloire que l'on ne peut refuser à Dagobert, c'est d'avoir été par ses bienfaits le véritable promoteur de l'incomparable prospérité de Saint-Denis aux temps mérovingiens. Certes, nous pouvons inférer de quelques documents qu'avant le règne de ce prince la basilique possédait une grosse fortune mobilière et immobilière : des rois et des particuliers l'avaient dotée de ces immenses domaines désignés sous le nom de « villae »

 In : Bibliothèque de l'école des chartes, 1931, tome 92, pp. 5-22.

"On enseigne, dans tous les traités ou manuels de diplomatique, que les diplômes mérovingiens comportent le plus souvent une formule de souhait dans leur protocole final. D'autre part, la constatation indiscutable qu'il y avait plusieurs référendaires en fonction simultanément a fait se demander à qui revenait la garde du sceau royal, et l'on a supposé que l'un des référendaires — sans doute le plus ancien en exercice — devait l'emporter en dignité sur ses collègues, être le « summus referendarius » à qui incombait la charge de tenir le sceau." (p. 5)

Bague en or massif à chaton rond gravé en creux d’une tête barbue, aux cheveux longs, entourée de deux lettres : S et R aux attaches de l’anneau, deux granules.
Création : VIIe siècle.
Mesures : Poids 8.27 g.

Bague en or massif ; chaton divisé en deux compartiments de forme losangée, superposés ; globules d’or aux attaches de l’anneau, se prolongeant sur une partie de l’anneau (trouvaille fortuite au 89 rue d’Assas à Paris, avant 1881).
Mesures : Poids 11.17 g
 
Périn lit l’inscription : INGVNDIS (nom existant à l’époque mérovingienne, cf. Ingundis, soeur d’Arégonde)
 
 
 
Bague en or massif à monogramme gravé en creux ; au dessous petite croix ; chaton rond accosté de trois globules. Elle a été trouvée à Airvault (Deux-Sèvres)
Est aposé le monogramme le nom de Sainte Radegonde (520-587), épouse de Clotaire 1er en 536, morte et enterrée à Poitiers.
Création : quatrième quart du VIe siècle

Mesures : Poids 11.68 g.

 

"Le sujet qu'annonce le titre de ce mémoire peut sembler tout d'abord n'offrir d'intérêt qu'au point de vue archéologique ; il n'en est poutant pas ainsi. Le droit de porter un anneau en public, et plus tard de porter un anneau de tel ou tel métal, dans les temps de la Rome classique, du Bas-Empire et à l'époque barbare, présente au contraire un intérêt essentiellement historique.", p. [169]-1

"Vers la fin de l'année 1858, une trouvaille aussi importante qu'inattendue fut faite, aux environs de Tolède, par quelques paysans occupés à défoncer une pièce de terre. Cela se passait au lieu dit la Fuente de Guarrazar. Depuis plus de onze siècles, et sans que personne en eût le moindre soupçon, là se trouvait enfoui un trésor contenant huit couronnes d'or, de diverses dimensions, ornées à profusion de pierreries, accompagnées de croix et toutes munies de chaines de suspension également en or fin."  (p.1)

"La découverte la plus marquante est celle d'un casque de fer, doublé de cuivre doré et de laiton, retrouvé à Vézeronce (Isère) où Godomar, nouveau roi des Bourgondes après la mort de Sigismond, battut Clodomir, fils de Clovis, qui y fut tué en juin 524.", pp. 52-55.

In : Revue Archéologique Nouvelle Série, Vol. 23 (Janvier à Juin 1872), pp. 105-117, Presses Universitaires de France

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Les rois francs ont su entretenir une double image de leur pouvoir. Si celui-ci se nourrit constamment de références romaines, il renoue également avec des coutumes et des rituels proprement germaniques. L’élévation du roi sur le bouclier, par exemple, est encore attestée au VIe siècle.

Cette nature équivoque leur permet de compter, dans les situations difficiles, sur leur propre armée de guerriers. Ces hommes libres sont appelés antrustions ou leudes.

Chez les Mérovingiens, la légitimité du pouvoir est symbolisée par la longue chevelure, ce qui leur vaut le surnom de rois chevelus. Grégoire de Tours témoigne de l'importance de la chevelure chez les rois francs, comme un point de ralliement. Signe de légitimité, il est difficile de savoir si cette coutume des longs cheveux concerne uniquement les rois ou bien tous les hommes libres puissants.

Les rois francs incluent d’ailleurs dans les seaux de cire plaqués au bas de leurs diplômes des morceaux de cheveux pour renforcer l’autorité du document en y intégrant une parcelle de leur corps.

Le pouvoir des souverains mérovingiens rayonne dans le royaume depuis le palais royal, siège du gouvernement et résidence royale. Avec le trésor royal, symbole du pouvoir du roi, il était le lieu de concentration et de redistribution des richesses. Ce lieu du pouvoir est chargé de préparer et valider les actes royaux mérovingiens rédigés au nom du roi avant leur transmission aux fonctionnaires qui les exécutent. Grâce au scellage, dernière étape du processus de validation par l’apposition au bas de l’acte de l’anneau ou du sceau royal, l’acte acquiert force exécutoire.

Les souverains mérovingiens sont nomades. Cette mobilité découle d’avantages géopolitiques : alliances avec les élites locales, préparation d’expéditions militaires permettant l’intégration et la surveillance des territoires.

Les palais sont souvent établis hors des villes pour des raisons de commodité, dans les alentours de terres fiscales et de forêts. La pratique de la chasse y est une autre expression symbolique du pouvoir souverain.

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