Naissance de la sinologie (XVIIe -XVIIIe siècles)

Le père Joseph de Prémare (1666-1736) a passé près de 40 ans en Chine. Il a traduit plusieurs ouvrages chinois, parmi lesquels L'Orphelin de la famille Zhao (1731), qui a inspiré à Voltaire L'Orphelin de la Chine. Il a rédigé la première description de la langue chinoise ainsi que de nombreuses lettres à destination de l'Europe où il traite de la religion et de la mythologie chinoise.

Arcade Huang (1679-1716), un converti chinois, est venu à Paris aux alentours de 1704-1705 comme interprète de Louis XIV sous la protection de l'abbé Bignon, le bibliothécaire du roi. Il a dressé le catalogue des livres chinois de la Bibliothèque royale. Il a travaillé sur la langue chinoise avec Nicolas Fréret (1688-1749). Il a écrit le premier lexique chinois-français et la première grammaire du chinois. Ses travaux ont été continués après sa mort précoce par Etienne Fourmont (1683-1745). Le catalogue de ce dernier (1739 et 1742), insuffisant et incomplet, reste en usage jusqu'au XIXe siècle.

Jean-Joseph-Marie Amiot (1718-1793) est le dernier membre de la mission jésuite française en Chine (l’ordre est dissous par Clément XIV en 1773). Il y a passé plus de 40 ans. Astronome, physicien, mathématicien, il a publié un dictionnaire et une grammaire mandchous. Il est le traducteur en 1742 de L'Art de la guerre de Sun Zi, un général du VIe siècle av. J.-C., qu'il a fait connaître en Europe. Il a envoyé de nombreux livres chinois à la Bibliothèque du roi et a entretenu une longue correspondance avec des savants européens concernant la Chine.

 

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Ce corpus présente un large ensemble de documents numérisés qui témoignent des relations entre la Chine et la France depuis le Moyen Age jusqu’à l’entre-deux-guerres. La France s’est intéressée très tôt aux études chinoises et la Bibliothèque nationale a accompagné leur développement dès les premiers voyages des jésuites, au XVIIe siècle. Des noms illustres comme ceux de Nicolas Trigault, Joachim Bouvet, Jean-Baptiste Du Halde, Jean-Pierre Abel-Rémusat, Stanislas Julien, Edouard Chavannes ou Paul Pelliot sont devenus des références incontournables et expliquent que la BnF possède l’une des collections sinologiques les plus riches au monde.

Le terme « sinologie » (汉学), qui recouvre les études relatives à la Chine, est entendu au sens large et ne se limite pas aux quatre domaines classiques : religion et spiritualité (textes canoniques) (jing-经), histoire (Shi-史), philosophie (Zi-子), littérature (Ji-集). On y inclut la science et la médecine, les récits de voyage, les textes destinés à la diffusion du christianisme en Chine ainsi que des ouvrages de linguistique, notamment les premières publications importantes sur la langue chinoise. 

Sinica est un corpus original en ce qu’il donne à découvrir un pays et sa civilisation à travers le regard d’un autre. Cet intérêt est très ancien et dure toujours. Ainsi, l’Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine, du père Trigault, qui relate le voyage de Matteo Ricci, date de 1617 ; une des premières grammaires chinoises, Elementa linguae tartaricae, de 1682. Ce sont pour la majorité des ouvrages de la Bibliothèque nationale de France, écrits en latin ou en français, ou traduits en français, ou bilingues français-chinois. Ils sont libres de droits, c'est-à-dire tombés dans le domaine public 70 ans après la mort de l'auteur. Ce corpus contient aussi des documents iconographiques -images, cartes, photographies- appartenant à différents départements de la BnF.