Archives de l'Opéra-Comique

Cette sélection comprend les archives numérisées de l'Opéra-Comique et de trois autres institutions qui lui sont historiquement liées : la Comédie-Italienne, le Théâtre Feydeau et le Théâtre-Italien.

En 1697, Louis XIV fait fermer la Comédie-Italienne et expulse de Paris les Comédiens-Italiens. A la mort du roi, le Régent fait venir une nouvelle troupe d’Italie et la Comédie-Italienne rouvre en 1716. La troupe de Luigi Riccoboni joue à l’Hôtel de Bourgogne des comédies en français (notamment les pièces de Marivaux), quelques farces en italien, des pièces en forme d’opéra-comique, c’est-à-dire en prose mêlée de vaudevilles, puis à partir des années 1740 des pièces mêlées d’ariettes. La Comédie-Italienne fait concurrence à l’Opéra-Comique installé à la Foire Saint-Germain l’hiver et à la Foire Saint-Laurent l’été. En 1762, la Comédie-Italienne absorbe l’Opéra-Comique, ne formant plus qu’un seul théâtre qui quittera l’Hôtel de Bourgogne pour une nouvelle salle en 1783.

C’est en 1714 qu’une troupe de Forains obtient un privilège pour jouer des opéras-comiques, moyennant une redevance versée à l’Opéra de Paris, qui détient le monopole de la musique chantée. En 1762, la Comédie-Italienne rachète le répertoire de l’Opéra-Comique et absorbe une partie de sa troupe. Toutefois, ce n’est qu’en 1780 que cette dernière prend officiellement le nom d’Opéra-Comique et expulse le répertoire italien pour ne jouer plus que des comédies en français mêlées de vaudevilles et d’ariettes.

Les journaux de régie de l’Opéra-Comique sont des livres de bord où le régisseur du théâtre indique, à chaque heure de la journée, tout ce qui se passe sur la scène – répétitions, essais de décors, représentations – et même dans le foyer, parfois sollicité pour les répétitions des chœurs ou de petits concerts. Victor Avocat (1797-1880) en est le rédacteur de 1849 à 1875.

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Comédie-Italienne, Opéra-Comique, Théâtre Feydeau et Théâtre-Italien

Avant de rejoindre les collections de la bibliothèque de l’Opéra, les registres de la Comédie-Italienne et de l’Opéra-Comique se trouvaient stockées dans un magasin de la salle Ventadour qui avait été occupée par l’Opéra-Comique de 1829 à 1832. En 1873, Charles Nuitter, alors archiviste de la bibliothèque de l’Opéra, avait attiré l’attention du Commissaire du Gouvernement auprès des Théâtres subventionnés pour que ces archives, alors à l’abandon, ne s’éparpillent pas, et ce n’est qu’en 1879, au moment où le théâtre Ventadour s’apprêtait à être démoli, qu’elles furent rachetées aux propriétaires de la salle.

Arrivés à la bibliothèque de l’Opéra, les registres de la Comédie-Italienne et de l’Opéra-Comique furent inventoriés par Nuitter et affectés d’une même et unique cote : TH-OC. Longtemps distincts, les deux théâtres fusionnent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : en 1762, la Comédie-Italienne absorbe une partie de la troupe de l’Opéra-Comique et conserve son appellation jusqu’aux lettres patentes du 31 mars 1780, qui lui substituent le nom d’Opéra-Comique. Cette même année, le répertoire italien est définitivement chassé du théâtre et l’Opéra-Comique devient ainsi la troisième salle officielle parisienne (après la Comédie-Française et l’Opéra de Paris). Son répertoire se caractérise par l’alternance d’un texte chanté et d’un texte parlé, à la différence de l’Opéra (où ne sont présentées que des œuvres intégralement chantées).

Installé en 1783 dans une nouvelle salle construite sur le terrain du duc de Choiseul qui prend le nom de son illustre directeur, Charles-Simon Favart, le théâtre est parfois désigné Théâtre Favart ou Théâtre de la rue Favart, mais dans les registres des recettes journalières, l’usage ancien est toujours en vigueur : Charles Durozoir, qui établit les comptes, se qualifie toujours de « caissier de la Comédie-Italienne » le 26 mai 1789, alors que la même année il fait état de la composition des sociétaires du « théâtre de l’Opéra-Comique national rue Favart à l’ouverture de leur spectacle le lundi 21 avril 1789 ». Un certain flottement perdure durant ces années : le registre de la saison de 1792-1793 détaille la liste complète des personnels du « Théâtre-Italien » et jusqu’en 1799, on trouve encore la mention de l’« Opéra-Comique national cy devant italien ».

Le 26 janvier 1789, est créé le Théâtre de Monsieur qui devient le premier théâtre parisien à produire des opéras italiens depuis l’expulsion de ce répertoire de l’Opéra-Comique. Installé d’abord dans la salle des Machines aux Tuileries, il se déplace le 6 janvier 1791 au théâtre Feydeau et présente au public exclusivement des reprises d’opéras dans le genre comique ou bouffon (opere buffe). Mais le 16 septembre 1801, sur ordre de Napoléon, alors premier Consul, la troupe de l’Opéra-Comique fusionne avec celle du Théâtre Feydeau. En conséquence, l’Opéra-Comique s’installe dans la salle du Théâtre Feydeau. Mais en retrait de l’Opéra-Comique, se crée cette même année une nouvelle troupe appelée Opera Buffa. Elle trouve refuge au théâtre Favart en 1802, puis fusionne en 1805 avec celle du théâtre de Louvois. Ce nouveau Théâtre-Italien est rebaptisé Théâtre de l’Impératrice avant de reprendre en 1814 son appellation d’origine : « Théâtre royal italien ». De 1819 à 1827, ce dernier passe sous le contrôle de l’Académie royale de musique, ce qui explique pourquoi se trouvent mêlés des registres de cette institution aux archives de l’Opéra de Paris.

 

Bibliographie :

Charles Nuitter, Archives de l’Opéra-Comique déposées au Théâtre Ventadour, Manuscrit, Bibliothèque-musée de l’Opéra, Archives Sources, 14 (2).

Raphaëlle Legrand et Nicole Wild, Regards sur l’opéra-comique. Trois siècles de vie théâtrale, Paris, CNRS éditions.

Andrea Fabiano, La Comédie-Italienne de Paris et Carlo Goldoni. De la commedia dell’arte à l’opéra-comique, une dramaturgie de l’hybridation au XVIIIe siècle, Paris, PUPS, 2018.