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Nadar, Le Gray, Le Secq, Atget...Les prinicpales collections de photographies anciennes de la Bnf numérisées dans Gallica sont ici présentées par artiste.

Riche amateur d’art formé à la peinture, Girault de Prangey se passionne pour l’architecture et l’archéologie du monde méditerranéen. L’invention de la photographie en 1839 lui donne l’idée de remplacer par des daguerréotypes les dessins tracés au cours de ses voyages dans le but d'illustrer ses futurs ouvrages. Il s’initie à la nouvelle technique à Paris en 1841, puis entreprend un « grand tour » en Italie, Grèce, Turquie, Syrie, Palestine et Égypte (1842-1844), dont il rapporte plusieurs centaines de plaques. Miraculeusement conservées dans sa demeure des environs de Langres, elles y furent retrouvées par hasard en 1920. La BnF en conserve 192. Beaucoup constituent les plus anciennes photographies conservées des lieux représentés.

L’œuvre photographique des Cuvelier père et fils entretient des rapports étroits avec la peinture. Adalbert était membre de l’école artistique constituée à Arras dans les années 1850 autour de la figure tutélaire de Camille Corot, dont Cuvelier fait plusieurs portraits et qu’il initie à la technique du cliché-verre ; Eugène, installé à Barbizon, est un proche de Millet et Rousseau. Dans leurs productions, parfois difficiles à démêler, dominent les paysages champêtres et forestiers des environs d’Arras et surtout de la forêt de Fontainebleau ; mais on leur doit aussi quelques admirables portraits et natures mortes. Le sens très pictural de la composition et de la lumière, le goût de la simplicité et de l’épure, l’exploitation subtile des qualités graphiques et tonales du calotype et du papier salé caractérisent ces images d’une intense poésie, parmi les plus belles réussites de la photographie primitive française.

C’est à l’âge de 48 ans, en 1864, que Julia Margaret Cameron (1815-1879), née dans une riche famille partagée entre l’Angleterre et les Indes, découvre la pratique de la photographie ; elle s’y consacre alors avec passion pendant une douzaine d’année, créant un style immédiatement reconnaissable, que ce soit dans ses portraits ténébreux et fortement contrastés ou dans ses mises en scène librement inspirées de l’imagerie chrétienne, de la mythologie ou de la littérature chevaleresque, pour lesquelles elle recrute ses proches. Son œuvre, avec ses imperfections techniques assumées au nom d’une stylisation artistique, s’est progressivement imposée comme une des plus marquantes du XIXe siècle, et compte de véritables icônes de l’époque victorienne, dans ses figures illustres (Tennyson, Darwin, Rossetti, Herschel…) comme dans ses rêveries.

La photographie n’est qu’une des facettes de la riche personnalité d’Henri Le Secq, qui fut aussi peintre, graveur et collectionneur de ferronnerie. La décennie (ca 1848-1860) qu’il consacra au nouvel art suffit pourtant à l’inscrire parmi les principaux maîtres « primitifs » de la photographie française. L’essentiel de sa production est conservé à la Bibliothèque des Arts décoratifs, la BnF conservant un très bel ensemble de calotypes. Parmi ses sujets de prédilection se trouve l’architecture médiévale, dont il imposa une vision profondément originale et intemporelle, dans ses séries sur les cathédrales ; mais il sut aussi capter avec une grande acuité les bouleversements du Paris haussmannien. On lui doit enfin quelques portraits, paysages et scènes de genre, et une remarquable série de natures mortes en négatif.

Comme Le Gray et Le Secq, Charles Nègre est arrivé à la photographie par la peinture ; comme eux, il a connu un long oubli et n’a été redécouvert que progressivement, à partir des années 1960. Certaines de ses images, comme Les ramoneurs ou Le Stryge, sont devenues des icônes de l’art photographique. Dès ses premiers essais, portraits et scènes de genre, il s’appliqua à saisir la figure humaine non plus figée en atelier mais en mouvement, à l’air libre. Il entreprend ensuite un grand album sur le Midi de la France, resté inachevé (1854), et parvient au sommet de son art dans la série de vues sur l’asile impérial de Vincennes (1859), réalisée pour promouvoir la politique sociale de Napoléon III. Il apporta par la suite un perfectionnement décisif au procédé d’héliogravure.

Après avoir connu de son vivant la gloire, la faillite et enfin l’exil, et traversé un siècle d’oubli, Gustave Le Gray a aujourd’hui repris sa place au tout premier rang des photographes du XIXe siècle. Inventeur inspiré, expérimentateur passionné et exigeant, et artiste visionnaire, il a créé des images exceptionnelles dans tous les genres photographiques qu’il a abordés. Parmi ses œuvres les plus marquantes, outre les vues de monuments du Sud-Ouest de la France prises en 1851 dans le cadre de la Mission héliographique, s’imposent ses deux grandes séries produites en 1856-1857 : la commande impériale sur les manœuvres militaires du camp de Châlons, et les admirables marines prises à Sète et en Normandie.

S’il est aujourd’hui surtout connu comme photographe, Félix Tournachon dit Nadar (1820-1910) connut d’abord le succès comme dessinateur. Son idée de produire une série de quatre grandes lithographies rassemblant en une même composition les célébrités littéraires et artistiques de l’époque naît en 1852. Nadar, avec des assistants, produit plusieurs centaines de dessins pour ce projet ambitieux. Le premier Panthéon Nadar, dédié aux gens de lettres, est publié en 1854 ; les trois autres planches annoncées ne parurent jamais, à la suite de l'échec commercial de la première. Si elles s’inscrivent dans la tradition du portrait-charge, ces caricatures n’ont pour la plupart rien de féroce et témoignent d’une réelle sympathie pour les modèles, dont beaucoup étaient des amis personnels de Nadar.

Le photographe italien Benjamino Facchinelli (ca 1829-ca 1895) s’installe au Caire au milieu des années 1870 et se consacre presque exclusivement à la photographie d’architecture. Travaillant notamment pour le Comité de conservation des monuments de l’art arabe, il construit un inventaire visuel du patrimoine médiéval de la ville. Sans aucune esthétisation, son regard diagnostique l’état de délabrement des monuments et enregistre les témoignages de l’architecture domestique traditionnelle avant leur disparition. Photographe des rues du Caire, il en saisit aussi, à l’occasion, la vie quotidienne. Le fonds conservé à la BnF provient intégralement d’un legs du collectionneur Max Karkégi (1931-2011).

Brillant officier de marine militaire, Louis Vignes s’initia en amateur à la photographie dans les années 1850. Il rapporta de ses missions en Méditerranée entre 1859 et 1862 un petit ensemble de négatifs papier dont il fit lui-même les tirages. Ces vues originales de Sicile, de Turquie, du Liban et de Palestine restèrent totalement inédites jusqu’à ce que la BnF les acquière en 1999. Recommandé au duc de Luynes pour l'ensemble de ses qualités, il l'accompagne en 1864 comme photographe de l’expédition archéologique du duc de Luynes en Palestine et Jordanie.

Artiste dramatique obscur, Atget se reconvertit sur le tard dans la photographie pour artistes, artisans et historiens. En 1897, il entreprend l’inventaire du vieux Paris menacé par l’urbanisme moderne, constituant un corpus de plusieurs milliers d’images qu’il vend aux institutions comme la Bibliothèque nationale : les rues, hôtels particuliers, églises, vieux immeubles, cours, escaliers, mais aussi les traces précaires de l’activité humaine : petits métiers des rues, vieilles boutiques, habitants de la « zone »… C’est tout un univers urbain qu’Atget enregistre, avec une constance technique et stylistique qui donne une dimension fascinante à cette entreprise documentaire. Découvert à la fin de sa vie par Man Ray et Berenice Abott, Atget, l’homme du Paris disparu, se vit alors consacré figure tutélaire de la modernité photographique.

Écrivain, critique d’art, archéologue, Victor Segalen est une des personnalités les plus singulières de la vie littéraire et intellectuelle française au début du XXe siècle. Médecin dans la Marine militaire, il a nourri son œuvre littéraire et ses recherches érudites des voyages lointains accomplis dans sa carrière. Deux pays l’ont particulièrement fasciné : la Polynésie, puis la Chine, qui lui inspira un recueil de poèmes (Stèles), un roman (René Leys) et des essais sur l’art statuaire. Les photographies, entrées dans les collections de la BnF grâce au don consenti en 1998 par Annie Joly-Segalen, fille de l’écrivain, ont été prises lors des missions archéologiques menées par Segalen et son ami Augusto Gilbert de Voisins dans les provinces du Shaanxi et du Sichuan en 1914, puis dans le Jiangsu en 1917, à la recherche de monuments des dynasties Han (-206-220), Tang (618-907) et intermédiaires.

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Si le dépôt légal de la photographie n'est inscrit dans la loi qu'en 1925, photographes et éditeurs de photographies commencent à déposer leurs oeuvres à la Bibliothèque Nationale dès 1851. Parallèlement, la bibliothèque acquiert à partir de 1853 des oeuvres de Le Secq, Bonfils ou Muybridge. Les entrées des fonds d’atelier Nadar (1949), de Disdéri (1995) ou des photographes de mode Séeberger (1977/2008), celle de la très importante collection Georges Sirot (1955-1956), ainsi que l'achat du fonds des agences Monde & Caméra (1961) et de la photothèque du Journal / L'Aurore (1980) complètent ce panorama photographique. Aujourd'hui, la collection de photographies continue de s'accroître par les biais du dépôt légal, des dons et des acquisitions.

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