Musique religieuse

Dernier chant de l’ordinaire de la messe, intervenant entre la fraction de l’hostie et l’antienne de communion. Si l’on se rapporte au Liber Pontificalis, c’est le pape Serge Ier, au VIIe siècle, qui décida que le verset « Agnus Dei, qui tollis peccata mundi (Jean I, 29), miserere nobis » serait chanté par tous dans l’église à cette étape de la messe. A partir du Xe siècle, dans un contexte politique agité et un accroissement des violences guerrières, les deux derniers mots, primitivement répétés trois fois, ne le sont plus que deux fois et suivis de « Dona nobis pacem ». A l’origine prière de paix parmi les fidèles, elle se double au XIIIe siècle d’une paix des armes. Cela a inspiré aux compositeurs de messes polyphoniques une opposition marquée entre des cuivres très présents et une partie plus apaisée.

Terme anglais provenant du latin antiphona et désignant une pièce chantée pendant la messe sans que son texte fasse partie de la liturgie, à l’instar du motet catholique. Avant la Réforme, le terme désignait une antienne ou une pièce ajoutée à l’office, comme le motet. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, son apparition se généralise à la fin des chœurs aux Matines et aux Vêpres. Les caractéristiques musicales de l’anthem ont évolué d’une époque à l’autre. Ainsi, à la fin du XVIe siècle, existaient le « full anthem », entièrement choral et éventuellement accompagné à l’orgue, et le « verse anthem », dont les chants accompagnés d’orgue alternaient avec la musique du chœur, offrant des passages pour voix seule et ensemble de violes. Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, les anthems évoluent vers une forme de cantate assez courte accompagnée par un orchestre : Purcell, parmi d’autres, en a composés. Au XVIIIe siècle, l’accompagnement orchestral disparaît.

Comme la cantate profane, il s’agit d’une composition pour une ou plusieurs voix accompagnée(s) par un ensemble instrumental. La composition est la suivante : une introduction instrumentale, une succession d’airs ou de chœurs alternant avec des récitatifs, forme propre à exprimer les idées et les sentiments, et un chœur final. La cantate d’église, par opposition à la cantate de chambre, porte sur un sujet religieux mais n’est que rarement interprétée à l’église (excepté en Allemagne protestante), ce qui en fait une forme de musique religieuse de concert. Les cantates de Buxtehude et de Bach en sont des exemples.

Issu du latin canticum, « chant », le cantique est un chant en vers d’action de grâces ou d’imploration présent dans les livres historiques, didactiques (le Psautier excepté) ou prophétiques de la Bible. Les 18 cantiques (14 dans l’Ancien testament, 3 dans le Nouveau, et le Gloria in excelsis ajouté au IIIe siècle) sont regroupés en un recueil pour chanter les offices des Laudes et des Vêpres. Certains figurent aussi dans des règles monastiques, comme celle de saint Benoît. Dans les offices réformés, essentiellement accompagnés de psaumes jusqu’au XIXe siècle, le terme de cantique se rapporte aux autres chants, quant à eux plutôt d’inspiration sentimentale et subjective. Aujourd’hui, cependant, le mot « cantique » en est venu à désigner tout hymne à caractère religieux, versifié en langue vulgaire et suivant une mélodie simple, durant les messes catholiques comme protestantes.

Chanson dont le ou les thème(s) sont tirés de la Bible, et chantées à diverses occasions.

Dans le cadre des réformes initiées par le pape Grégoire le Grand (590-604), la liturgie et le déroulement des offices ont été profondément modifiés. La manière de chanter n’est pas ignorée non plus : on appelle « chant grégorien » un chant monodique, modal et diatonique. Il est toujours purement vocal et interprété sur un rythme libre.

On trouve également « chant liturgique » ou « religieux », pour désigner toutes les œuvres musicales vocales, accompagnées ou non, conçues pour être interprétées par des membres du clergé séculier et régulier, notamment lors de la messe.

Ce terme, devenu faburdon en anglais et faberthon en allemand, désigne depuis le XVe siècle une forme de chant, où la voix supérieure (ou « cantus firmus ») est soutenue par une voix médiane à la quarte inférieure et à une voix grave à la sixte inférieure. Seuls le « cantus » et le ténor sont notés. Le plus ancien exemple connu est la Missa Sancti Jacobi de Guillaume Dufay (circa 1430) sans que l’on sache si, à l’époque, le terme désignait l’ensemble des voix (c’est le cas dès la fin du XVe siècle) ou une seule. Dans le faux-bourdon classique, le ténor et le contraténor enchaînent ainsi des accords de sixtes selon un mouvement parallèle. Il figure principalement dans les hymnes et les séquences, plutôt que dans des œuvres plus amples, pendant quelques décennies au XVe siècle : aujourd’hui, 172 pièces sont connues.

Le terme désigne à la fois le livre rassemblant les chants exécutés à chaque étape d’une messe et le répons chanté entre deux lectures de l’avant-messe. Ce dernier sens proviendrait du fait que le soliste entonnait ce chant sur les degrés (en latin gradus) de l’ambon où était posé l’Evangile, ou bien des « psaumes graduels » ou « cantiques des degrés » d’où le répons « graduel » aurait été tiré. A partir du VIIe siècle, le graduel n’est plus interprété par le diacre mais par un soliste. Le rôle de ce dernier s’adapte aux évolutions mélodiques et ornementales et est bientôt attribué aux plus virtuoses. La mélodie ne s’improvise pas et se décline suivant plusieurs modes (, mi, etc.). Le texte, en revanche, est limité à quelques versets de psaume.

Du grec hymnos (d’où hymnus en latin), ce terme masculin devient féminin en français quand il s’applique au domaine liturgique. Dans cette acception, l’hymne est un chant généralement versifié à la gloire d’une divinité. Dans l’église latine, cette pratique est commune aux anciennes religions orientales et judaïques. Les premiers hymnes liturgiques chrétiens nous sont parvenus sous forme de fragments et sont attestés dès les premiers siècles de notre ère en grec. La première hymne occidentale est le Te Deum, qui aurait été composée au IVe siècle, soit par Nicetas de Remesiana, soit par saint Hilaire de Poitiers. Les débuts des hymnes en liturgie sont marqués par le recueil composé à la même époque par saint Ambroise de Milan. On ne peut néanmoins déterminer avec exactitude la part qu’il a prise dans la composition mélodique. Nombre d’auteurs, durant toute la période médiévale, ont composé des hymnes voire des hymnaires entiers. Ceux-ci portent rarement des neumes dans les premiers temps car leurs mélodies étaient parmi les plus simples à retenir. Les premiers hymnaires notés apparaissent autour de 1100, à l’exemple de Moissac ou de Nevers. Leur construction varie, de deux à quatre membres différents, organisés de façon variée.

Les jeudi, vendredi et samedi saints sont l’occasion de tenir un office des matines dit des Ténèbres ou des Lamentations. L’habitude s’est prise de le célébrer la veille dans l’après-midi (le mercredi pour le jeudi par exemple), car l’horaire très matinal s’était révélé très impraticable hors des monastères. Chaque jour, la leçon, ou lecture, était choisie dans les Lamentations de Jérémie, symbolisant l’abandon, les souffrances et la mort du Christ, tandis que l’extinction des cierges correspond au nom de « Ténèbres » de l’office. Chaque leçon est introduite par le début des Lamentations et chaque verset par une vocalise sur la lettre hébraïque. En France, Charpentier et Couperin ont composé des leçons de Ténèbres.

Issu du grec litê, « prière », la litanie désigne une prière entrecoupée de courtes demandes d’intercession, prononcée par le prêtre officiant tandis que l’assemblée des fidèles entonne une formule brève répétée en réponse à chaque invocation. La plus importante était celle faisant suite à l’Eucharistie

Du grec leïtourgia, « service public », le terme de liturgie désigne l’exercice public d’un culte religieux, ainsi que l’ordre des différents rites ordinaires et extraordinaires tels que la tradition et les autorités ecclésiastiques les ont établis. A l’occasion de ces cérémonies et des fêtes religieuses, différents types de compositions musicales, tant vocales qu’instrumentales, sont jouées suivant l’heure, le jour et la période de l’année.

La messe se caractérise, dans sa forme classique, par l’emploi du latin, l’alternance entre la récitation et de nombreux chants, et la succession d’étapes fixes (ou « ordinaires »), et variables, (ou « propres » à chaque occasion de l’année liturgique). Les parties fixes sont chantées par le chœur : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus et Benedictus, et Agnus dei. Parmi les parties variables, le chœur peut interpréter l’Introït, le graduel et l’Alleluia, une séquence, l’offertoire et la communion, tandis que l’officiant ‒ parfois appuyé de l’assemblée ‒ entonne oraison, épître, évangile, préface et postcommunion.

Ce mot est issus du latin motetus, de motulus, « petit mot ». Lorsque la polyphonie se développe en occident, le motet est une des manières de pratiquer le chant grégorien : il trouve sa source dans les compositions de l’Ecole de Notre-Dame, au XIIe siècle (Pérotin et Léonin notamment). La voix de ténor (niveau inférieur) exécute la mélodie grégorienne sur un texte donné tandis que la voix de motetus (niveau supérieur) chante une mélodie

Issu du latin offertorium ou offerenda, ce terme désigne une des parties du propre de la messe, à la suite du Credo. L’offertoire est chanté au cours de la procession d’offrande. A l’origine, ce chant comprenait des répons, sortes de refrains ‒ ou antiennes ‒ entonnés par le chœur. Le nombre de versets s’est réduit tandis que les ornements mélodiques se complexifiaient, et l’exécution de l’offertoire a été confiée aux meilleurs éléments du chœur.

Dérivé du latin oratorium, le terme désigne d’abord le lieu puis la musique jouée dans les oratoires, des salles de prière rattachées aux églises, distincte de la musique liturgique. Le genre de l’oratorio est apparu en Italie dans la première moitié du XVIIe siècle, sans qu’il y soit rattaché de forme précise dans un premier temps, avant de s’inspirer de la « lauda » et d’œuvres dramatiques dialoguées reposant sur des textes religieux accompagnées par une basse continue.

Du grec psalmos, le psaume désigne, en musique, une pièce lyrique à la gloire d’une divinité, dans les religions judaïque, proche-orientale et chrétienne. Ils sont rassemblés dans un psautier, divisés en versets et de longueur variable. Ils ont été traduits en grec, puis en latin par saint Jérôme au IVe siècle, donnant le psautier dit « gallican » car adopté en Gaule. Il a progressivement remplacé le psautier romain, même en Italie.

Le terme tiré du latin requies, « repos », s’appuie sur les connotations les plus répandues des notions de mort et d’au-delà depuis des millénaires : celles du repos et de la lumière. Un livre apocryphe de l’Ancien Testament, le quatrième livre d’Esdras, est la base d'un introït Requiem qui, avant les Xe-XIe siècles, figurait non dans le Graduel mais dans le rituel, le livre rassemblant les rites de baptême et de funérailles.

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Après la période antique dont on conserve peu de traces, la musique notée est d'abord religieuse. La musique, et plus spécialement le chant, accompagne les offices chrétiens, qu'il s'agisse de la liturgie des heures (offices rythmant la journée monastique) ou de la messe, plus solennelle. Les premiers exemples que l'on conserve sont monodiques, avec notamment le plain-chant dont l'usage liturgique se maintient jusqu'au XIXème siècle. Ces voix sont ensuite renforcées d'instruments dont certains gardent un usage spécifiquement religieux (comme le serpent ou ophicléide). Parallèlement, à partir de la Renaissance, la musique religieuse fait l'objet de compositions plus conformes au goût de l'époque. Des oeuvres polyphoniques apparaissent, notamment dans le sillage de la Réforme (Psaumes traduits par Clément Marot et mis en musique par Claude Goudimel) puis de la Contre-Réforme (grand motet français au XVIIème siècle).

Pour chaque genre musical sont également disponibles des oeuvres encore protégées par le droit d'auteur, accessibles sur Gallica Intramuros dans les emprises de la BnF.