Les réécritures du Roman de Renart

Imitant la vitalité de son héros, le Roman de Renart ne cesse de surgir sous de nouvelles formes. Dès le XIIIe siècle, les réécritures du Roman redonnent à l'anti-héros insoumis de nouvelles occasions de dénoncer les vices de son temps.

Dans cette oeuvre allégorique de Jacquemart Gielée, achevée en 1289, Renart incarne le diable profitant des faiblesses humaines. Renart et Ysengrin sont ici représentés comme des chevaliers pour stigmatiser la recherche d'une vaine gloire et de plaisirs charnels. Quatre copies conservées au département des Manuscrits ont été numérisées : Français 372, Français 1581, Français 1593 et Français 25566.

Rutebeuf, vers 1261, reprend la forme du Roman de Renart, pour en faire une œuvre polémique contre les Ordres Mendiants : Renart le Bestourné. Trois copies, conservées au département des Manuscrits, ont été numérisées : Français 837, Français 1593 et Français 1635.

Au XIVe siècle, un clerc défroqué de Troyes décide de « contrefaire » son modèle : le masque de Renart permet de dénoncer la corruption et l’hypocrisie de la société, en particulier de la bourgeoisie. Une copie conservée au département des Manuscrits a été numérisée : Français 1630.

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Il semble impossible de mettre un point final aux aventures du goupil. À la fin du XIIIe siècle, Jacquemart Gielee reprend les mêmes personnages pour écrire une œuvre d’édification morale à la forme allégorique et symbolique, Renart le Nouvel, où Renart devient l’incarnation du Mal, maître du monde. Plus clairement polémiques et dirigées contre les Ordres Mendiants, deux autres œuvres du XIIIe siècle utilisent la forme du Roman de Renart : Renart le Bestourné de Rutebeuf (vers 1261) et le Couronnement de Renart. Au XIVe siècle, enfin, un clerc de Troyes renvoyé pour conduite scandaleuse (probablement rien de pire qu'un mariage) livre la dernière version médiévale de Renart afin de dénoncer les vices de son temps.

Dès le Moyen Âge, ses aventures ont été traduites par Heinrich der Glichesaere (Reinhart Fuchs), en italien (Rainardo e Lesengrino), en néerlandais (Van den Vos Reinaerde et Reinaerts Historie). Le filou dont l’espièglerie a profondément influencé notre histoire littéraire a su conserver les faveurs de son public. Le Roman de Renart s’illustre comme œuvre d'un rayonnement extraordinaire et inspire jusqu'au Reineke Fuchs de Goethe.

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