Presse ottomane francophone

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La presse ottomane francophone désigne avant tout la presse des industriels et commerçants français entretenant des intérêts en Orient et par conséquent des rapports étroits avec l’Empire ottoman. L’Annuaire oriental (Constantinople, 1889-1929), dont la Bibliothèque nationale de France conserve l’année 1891, en témoigne de manière éclatante avec ses 1500 pages d’information et d’annonces. Par ailleurs, elle renvoie à une presse, publiée dans les frontières de l’actuelle Turquie (notamment à Istanbul et à Smyrne, l’actuelle  Izmir) mais aussi dans les nombreux pays qui ont connu la domination ottomane, de la Macédoine à la Palestine (les publications égyptiennes n’entrent pas dans le périmètre de ce projet). La presse ottomane francophone est également celle des communautés levantines, elle est donc aussi juive, grecque ou arménienne. Hostile ou loyale au pouvoir, à l’image des deux titres « arméniens », La Patrie (1908-1913), hebdomadaire anti-séparatiste et profondément ottoman, et Pro-Arménia (1900-1914), l’organe bimensuel des « revendications arméniennes ». Enfin, il ne faut pas oublier que cette presse, publiée à Paris ou à Constantinople par des sujets ottomans ou des citoyens français, est tour à tour celle des exilés et opposants au Sultan, qui espèrent sensibiliser l’Occident à leur cause, et celle du pouvoir en place qui dissimule à peine sa stratégie politique visant à réduire cette opposition.

Ce corpus de publications périodiques réuni sous la désignation « Presse ottomane francophone » est un parfait témoin d’une époque révolue durant laquelle la France et  la Sublime Porte se vouent une admiration mutuelle.

A compter de 1795, date à laquelle le premier journal voit le jour en Turquie, plus de 700 titres de périodiques entièrement ou partiellement écrits en langue française sont publiés dans l’aire ottomane. Si les premiers titres relèvent plutôt de la presse française en terre turque, l’on observe  dès 1824, l’émergence d’une presse francophone ottomane, à la  périodicité plus régulière et à la  longévité plus affirmée comme, par exemple, le Spectateur oriental et ses titres successifs, Le courrier de Smyrne et Journal de Smyrne (Izmir, 1824-1842). Particulièrement faste pour cette presse, la période 1850-1875 est  suivie d’une longue période de perturbations due à la censure (1876-1908) mais s’avère, paradoxalement, prolifique quant au  nombre de titres et malgré des durées de vie incertaines! Ainsi, l’on aurait recensé, pour les seuls journaux turcs en français,  94 nouvelles autorisations de publication en l’espace de deux ans. Au lendemain de l’armistice de 1918 et pendant l’occupation de l’Empire, la presse en français jouit d’un régime de faveur et se maintient bien au-delà de l’avènement de la République en 1923.  De nombreux titres turcs ont alors une édition française qui communique sur la nouvelle Turquie occidentalisée et forgée par les réformes kémalistes.  Le déclin de la presse francophone s’amorce dans les années 1930 et se poursuivra pendant les deux décennies suivantes.