Age d'or de la sinologie (XXe siècle)

Edouard Chavannes (1865-1918), normalien, agrégé de philosophie et diplômé de l’Ecole des langues orientales en chinois, choisit de travailler sur l’histoire de la Chine, discipline peu étudiée alors, sur les conseils d’Henri Cordier, orientaliste célèbre. Il séjourne dans ce pays (en 1889-93 et 1907-08) et entreprend de traduire les Mémoires historiques de Sima Qian, dont il finira 47 chapitres sur 130.

Henri Cordier (1849-1925) est un historien, un bibliographe et un orientaliste français, spécialiste de la Chine et des relations de l’Occident avec l’Asie.

Il vit en Chine de 1869 à 1876, puis, de retour à Paris, est chargé en 1881 du cours d’histoire, de géographie et de législation des Etats d’Extrême-Orient à l’Ecole des langues orientales,

Maurice Courant (1865-1935) a appris le chinois et le japonais à l’Ecole des langues orientales, en même temps qu’Edouard Chavannes, avec qui il restera lié. Il est d’abord interprète au ministère des Affaires étrangères (1888-96) en Chine, en Corée -où il rassemble les matériaux de sa future Bibliographie coréenne, tableau littéraire de la Corée, publiée en 3 volumes en 1894-1897- et au Japon.

Paul Pelliot (1878-1945), diplômé de chinois de l’Ecole des langues orientales, a été formé par Edouard Chavannes et Henri Cordier. Philologue, linguiste, archéologue et historien, il s’est intéressé à de nombreuses disciplines : histoire de l’Asie, de l’art, des religions… Il maîtrisait 13 langues. Il est membre de la Société asiatique à 19 ans, en 1897.

>

Ce corpus présente un large ensemble de documents numérisés qui témoignent des relations entre la Chine et la France depuis le Moyen Age jusqu’à l’entre-deux-guerres. La France s’est intéressée très tôt aux études chinoises et la Bibliothèque nationale a accompagné leur développement dès les premiers voyages des jésuites, au XVIIe siècle. Des noms illustres comme ceux de Nicolas Trigault, Joachim Bouvet, Jean-Baptiste Du Halde, Jean-Pierre Abel-Rémusat, Stanislas Julien, Edouard Chavannes ou Paul Pelliot sont devenus des références incontournables et expliquent que la BnF possède l’une des collections sinologiques les plus riches au monde.

Le terme « sinologie » (汉学), qui recouvre les études relatives à la Chine, est entendu au sens large et ne se limite pas aux quatre domaines classiques : religion et spiritualité (textes canoniques) (jing-经), histoire (Shi-史), philosophie (Zi-子), littérature (Ji-集). On y inclut la science et la médecine, les récits de voyage, les textes destinés à la diffusion du christianisme en Chine ainsi que des ouvrages de linguistique, notamment les premières publications importantes sur la langue chinoise. 

Sinica est un corpus original en ce qu’il donne à découvrir un pays et sa civilisation à travers le regard d’un autre. Cet intérêt est très ancien et dure toujours. Ainsi, l’Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine, du père Trigault, qui relate le voyage de Matteo Ricci, date de 1617 ; une des premières grammaires chinoises, Elementa linguae tartaricae, de 1682. Ce sont pour la majorité des ouvrages de la Bibliothèque nationale de France, écrits en latin ou en français, ou traduits en français, ou bilingues français-chinois. Ils sont libres de droits, c'est-à-dire tombés dans le domaine public 70 ans après la mort de l'auteur. Ce corpus contient aussi des documents iconographiques -images, cartes, photographies- appartenant à différents départements de la BnF.