Romains ou barbares, la Gaule avant la conquête franque

Enfoui auprès du roi défunt, ce trésor contenait une grande quantité d’objets d’orfèvrerie cloisonnée de grenats, un grand nombre de petits bijoux zoomorphes – abeilles, mouches, cigales - qui étaient vraisemblablement cousus sur le manteau d’apparat du défunt. L’armement faisant partie du mobilier funéraire est celui typique des combattants francs : outre la lance et la hache de guerre, on y trouve une épée longue, la spatha, ainsi qu’un long poignard nommé scramasaxe.

In : Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome (Année 1882, Volume 2, Numéro I, pp. 5-35).

"Le personnage principal du diptyque est un homme d'une cinquantaine d'années, assez maigre, de haute stature. La figure, énergique, n'a pas le type romain. C'est d'ailleurs la seule chose qui pourrait nous faire supposer qu'il s'agît d'un barbare au service de l'Empire.

In : Revue Archéologique Nouvelle Série, Vol. 5 (Janvier à Juin 1862), pp. 161-170
 
"Le trésor de la cathédrale ďAoste possède un diptyque d'ivoire qui a été découvert en 1833 dans une ancienne sacristie abandonnée depuis longues années. La hauteur des tablettes est de 298 millimètres dans leur partie la plus élevée, c'est-à-dire de la base à la pointe du fronton ;

Dom Bernard de Montfaucon, Supplément au livre de l'Antiquité expliquée et représentée en figures. Tome Quatrième qui comprend la Guerre, les Ponts, les Aqueducs, la Navigation, les Phares et les Tours octogones, (Paris :  Delaulne, 1724), pp. 51 - 65.

"Des ouvriers qui creusoient la terre tout auprès de cette Ville, sur le bord de la rivière d'Arve & dans son ancien lit, y ont trouvé depuis peu un disque circulaire d'argent fin & du poids de 34. onces & 1. quart . Il est presque plat, & sur dix pouces de diamètre ; il n'a guère plus d'un demi pouce d'enfonçure avec un petit rebord qui ne semble avoir été fait que pour mieux conserver le relief des figures. [...]"

 

Disque de Licinia Eudoxia
Ve siècle - Empire byzantin

Bijou monétiforme en or et émaux (65 mm de diamètre). Au centre, l'impératrice Licinia Eudoxia vue de face, en buste. Sa tête est surmontée d’un diadème, maintenant le long voile qui lui descend sur les épaules. Deux guirlandes de fleurs, forment le cadre du médaillon. Elles sont séparées par une rangée de boutons.

Fibule cruciforme en or, dont les extrémités sont ornées de cercles de perles.
Création : Ve siècle.
Lieu de découverte : Dié.
Mesures : H. 7.6 cm, Poids 69.4 g.

 

 

Création : VIe siècle
Découverte : avant 1771, Massa Carrara (?)
Mesures : D. 40 cm, Poids 3150 g

Héraclès, de profil à droite, soulève de terre le lion de Némée, dont il maintient la tête contre lui, en l’étranglant. A gauche, un cratère posé sur un pilier. A droite, un arbre à feuilles pointues et petits fruits (olivier ?). A l’exergue les armes du héros : massue, arc et carquois.

Ce grand plat circulaire sur pied annulaire bas est une des plus grandes pièces d’argenterie antique conservées ; c’est, de plus, un des rares exemplaires de l’Antiquité tardive trouvés en Gaule. Il a été découvert en 1656 à Avignon.

Création : IVe siècle

La scène - "Départ de Briséis et ambassade de Phoenix auprès d'Achille"  - se situe dans un intérieur, peut-être un palais, évoqué par un fronton encadré de deux arcades en partie fermées par des rideaux, et par une oenochoé sur une colonnette à droite.

Création : entre 530 et 534
Découverte : 1875, Arten

Etoile gravée au centre, inscrite dans un bandeau annulaire portant l’inscription Geilamir Rex Vandalorum et Alanorum. pied annulaire.

Création : VIe siècle
Découverte : 1875, Arten

Adonis, debout, à droite, s’appuie sur un épieu de chasse. Son chien est assis derrière lui et le regarde. Vénus tend une fleur à Adonis. Elle retient un pan de son vêtement de la main gauche. Entre les deux personnages, marche un amour sans ailes. Au premier plan, deux colombes entourent une coupe.

 Lucain, Silius Italicus, Claudien : oeuvres complètes, avec la traduction en français / publiées sous la direction de M. Nisard, Lucain (039-065), Claudien (370?-404?), Silius Italicus, Tiberius Catius (025?-101), Firmin Didot frères, 1871.
Claudien, d’origine grecque, écrit entre 394 et 404, en latin de la poésie de circonstance (panégyriques, invectives, épopées, épithalames). Il devient ainsi le poète officiel de la cour d’Occident au début du règne d’Honorius, et notamment le chantre de Stilicon. Claudien compose un long éloge de l’action de Stilicon dans un panégyrique en trois livres, composé alors que celui-ci vient d’être nommé consul pour l’année 400.

Lucain, Silius Italicus, Claudien : oeuvres complètes, avec la traduction en français / publiées sous la direction de M. Nisard, Lucain (039-065), Claudien (370?-404?), Silius Italicus, Tiberius Catius (025?-101), Firmin Didot frères, 1871.
En 395, Théodose meurt. Ses deux fils se partagent l'Empire : l’aîné, Arcadius, reçoit l’Orient (395-408), le cadet, Honorius, l’Occident (395-423). Ce dernier, trop jeune lors de son accession au trône pour gouverner règne sous la tutelle du général Stilicon, lié à la famille  impériale, mais d’origine vandale, et qui se tient en véritable maître de l’Occident.

Fibule circulaire en argent doré plaqué sur bronze décorée de filigranes en S et en U, de 8 grenats triangulaires montés en bâtes, avec une pâte de verre bleu en cabochon au centre. Au revers restent les trois attaches de l'ardillon.

Fibule circulaire en or décorée de filigranes d’or, de grenats et pâte de verre.

Plaque boucle ronde en argent doré ; bâtes en argent , incrustations de grenats. Décor en filigrane (petits cercles).

La structure administrative de la Gaule, comme celle de l’ensemble de l’Empire romain, subit un profond remaniement au tournant des IIIe - IVe siècle, suite aux réformes de l’empereur Dioclétien qui instaurent le régime de la tétrarchie et redessinent les grandes circonscriptions administratives de l’Empire.

Les documents connus sous le nom de « Notice des Gaules », datée de la fin du IV siècle et de la « Notice des dignités », légèrement postérieure, nous livrent un tableau extrêmement complet de l’administration impérial du Bas-Empire.

 

Chronique des empereurs romains qui couvre la période allant de 117 à 285. Il s’agit d’une compilation du IVe siècle rassemblant les écrits de six biographes : Aelius Spartianus, Julius Capitolinus, Vulcatius Gallicanus, Aelius Lampridius, Trebellius Pollio et Flavius Vopiscus. C’est dans cet ouvrage que nous trouvons pour la première fois la mention du peuple des Francs, alors que d’autres tribus barbares sont citées depuis longtemps par les historiens romains. Selon ce récit, les Francs, au retour d'une expédition victorieuse en Gaule, sont surpris et défaits près de Mayence par le futur empereur Aurélien, à l’époque tribun de la VIe légion.

Ce manuscrit en latin de l'Historia Augusta est transcrit à Vérone pour Pétrarque par Giovanni da Campagnola, de Reggio, en février 1356.

Écrivains de l'histoire auguste. Tome deuxième. Aelius Lampridius : Vies de Commode, de Diadumène, d'Héliogabale, d'Alexandre-Sévère / trad. nouv. par M. Laass d'Aguen [...]. Flavius Vopiscus : vies d'Aurélien, de Tacite, de Florien, de Probus, de Firmus, de Saturninus, de Proculus, de Bonose, de Carus, de Numérien, de Carinus / trad. nouv. par M. E. Taillefert [...] et Jules Chenu, (Paris : C.-L.-F. Panckoucke, 1844-1847).

L'Abrégé de l'histoire romaine (Breviarium ab urbe condita) en dix livres, est un récit clair qui parcourt l'histoire de Rome de sa fondation jusqu'à la fin du règne de l'empereur Jovien (364). Les livres I à VI traitent des périodes royales et républicaines, le livre VII parle des dynasties julio-claudienne ainsi que flavienne, et se termine par le récit de l'assassinat de Domitien. Les trois derniers livres sont consacrés aux successeurs de Domitien jusqu'au règne de Jovien. Eutrope dans la préface dédit son ouvrage à l'empereur Valens : « Domino Valenti Gothico Maximo Perpetuo Augusto ».

L’administration romaine est à l’origine d’un dense réseau routier reliant entre eux les chefs-lieux de l’Empire. Le rouleau de parchemin connu sous le nom de Table de Peutinger mesure plus de 6 mètres de long et 34 cm de largeur. Il représente les grandes voies de communication terrestre de l’Empire romain tardif ainsi que les principales stations routières.

Table de Peutinger : Tabula itineraria ex illustri Peutingerorum bibliotheca quae Augustae Vindelicorum beneficio Marci Velseri septemviri Augustani in lucem edita

Table de Peutinger : Tabula itineraria ex illustri Peutingerorum bibliotheca quae Augustae Vindel. est Beneficio Marci Velseri septemviri Augustani in lucem edita, nobilissimo viro Marco Velsero R. Augustanae septemviro Ioannes Moretus typographus Antverp.

 

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Sur les frontières de son Empire, le limes, Rome a réussi à assurer un contrôle solide grâce à une adroite diplomatie à l’égard des tribus germaniques, mais aussi au prix d’une forte militarisation. Au IIIe siècle, le pouvoir romain se trouve dans l’incapacité de faire face aux multiples poussées que les peuples germaniques exercent principalement le long du Rhin et du Danube.

Dans ce contexte d’instabilité, on assiste à la multiplication des coups d’État et des usurpations du pouvoir central au sein de l’armée romaine. Les légions, postées à la protection des frontières, trouvèrent légitime de conférer la dignité impériale à leurs propres chefs pour s’opposer à l’avancement des barbares, à l’exemple de Postumus, en Gaule, général de l’empereur Gallien, proclamé par ses légions empereur à Cologne, donnant naissance à "l’Empire des Gaules" (260-274).

Le pouvoir central réussit finalement à reprendre le contrôle des périphéries de l’Empire grâce aux réformes administratives de Dioclétien et du système tétrarchique. Dioclétien réorganise l’armée. Les troupes romaines passent de 300 000 à 450 000 soldats à la fin du IIIe siècle. De nombreux contingents barbares intègrent les légions romaines stationnées aux frontières. En Gaule, Maximien (286-305) opère le retour à l’ordre.

L’institution militaire joue le rôle d’un creuset favorisant l’intégration des peuples germaniques dans la culture romaine. Certains chefs barbares accédent aux plus hautes fonctions militaires dès le IVe siècle. Tel est le cas des francs Arbogast, Merobaud et Bauto, qui deviennent respectivement maître de la milice, commandant de l'infanterie et de la cavalerie.

Des tribus barbares, ralliées au pouvoir ou soumises par Rome, reçoivent de l’empereur l’autorisation de s’installer dans le territoire de l’Empire en échange d'un service militaire pour assurer la paix publique et la défense du limes. Tel est le cas des Francs Saliens qui reçoivent, vers 340, la permission de l’empereur Constant de s’installer dans la basse vallée du Rhin, en Toxandrie, par traité (fœdus).

Un phénomène d’acculturation et d’influence réciproque entre Romains et Barbares est à l’œuvre depuis plusieurs générations au moment de leur installation en Gaule. Wisigoths, Burgondes et Frances entrent en contact et nouent des alliances avec Rome dès le IIIe siècle. Leur migration vers le Sud vise à l’intégration dans l’ordre politique et juridique romain.

Les mariages entre Germains et Gallo-Romains sont très tôt attestés. Les changements d’identité ethnique sont nombreux déjà au Ve siècle. Car autant il est préférable de s’afficher comme Romain en Gaule en 400, autant le statut de franc présente des avantages fiscaux et juridictionnels un siècle plus tard.

Si l’on suit les sources archéologiques aussi bien que textuelles, on remarque que les premiers Mérovingiens présentent un profil largement romanisé.

Que ce soit pour la culture, l’art et la civilisation, les termes globalisant de barbares et romains semblent peu efficaces pour rendre la complexité des transformations qui affectent - entre le IIIe et le Ve siècle - les groupes germaniques et les populations gallo-romaines.

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