Une culture chrétienne

L’hagiographie est l'écriture de la vie des saints. Genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie, le texte hagiographique recouvre un récit biographique de la vie du saint et une fresque à épisodes parfois parsemées de passages merveilleux. L'hagiographie est ainsi un récit assez stéréotypé dont la fonction pastorale est de servir à l'instruction et l'édification religieuse. De nombreux textes s'inscrivent dans la période mérovingienne, riche en personnages devenus saints.

L’archéologie permet de mieux connaître les pratiques funéraires à l’époque mérovingienne. Avec l’arrivée des populations franques, on assiste à la diffusion de certains pratiques ignorées par les gallo-romains : la disposition ordonnée des sépultures et le dépôt d’objets précieux, tels que bijoux, céramiques, verreries et équipements militaires. Les nécropoles mérovingiennes offrent un panorama particulièrement riche et contrasté, car les pratiques funéraires présentent des différences régionales bien marquées, inhumation habillée, dépôt d’objets, préceptes chrétiens…

Disque ajouré représentant un chrisme.
Date : VI-VIIe siècle
Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées de la Bibliothèque impériale. Chabouillet, Anatole. Paris : 1858, p. 402, n°2711.

Création : VIe siècle                          Lieu de découverte : Gourdon
Matières : or, grenat, malachite        Mesures : 12.5 cm. x 19.5 cm

Plateau d’or massif exhaussé sur une galerie découpée à jour. Bord décoré d’une rangée de losanges en grenats montés en cloisonné, placée entre deux lignes de lentilles en grenats cloisonnés. Aux quatre coins du plateau, des coeurs. Au centre du plateau, croix latine creusée dans la masse et se détachant du fond grâce à des ornements carrés en grenat, les contours de la croix en filigrane comme ceux des quatre coeurs décomposés occupant les coins du plateau.

Création : VIe siècle                          Lieu de découverte : Gourdon
Matières : or, grenat, malachite       Mesures : H. 7.4 cm, D. 4.4 cm, Poids 107 g.

Calice en or à deux anses et à pied. Le bord de la coupe est décoré de trois coeurs renversés alternant avec trois feuilles de vigne en malachite altérée.

Parchemin, II-248 ff., 265 x 170 mm (Luxeuil, vers 700).

Ce manuscrit - découvert en 1683 dans l’abbaye de Luxeuil par Dom Mabillon - figure parmi les témoins les plus anciens et complets du rite gallican. Il renferme des extraits bibliques destinés aux messes et aux offices de l’année liturgique, auxquels on a ajouté quatre sermons et deux Passions. L’absence de certains textes à usage monastique et la présence, en revanche, de lectures en rapport avec la liturgie épiscopale ou canoniale suggèrent que le manuscrit est destiné à un établissement séculier tel que l’église cathédrale de Langres ;

Parchemin, 300 + [I] ff., 185 × 95 mm. (France, Sud-Est ?, début du VIIIe siècle).

Découvert fortuitement par Dom Mabillon à Bobbio en 1686, ce manuscrit a été publié dès l’année suivante par celui-ci sous le titre Liber Sacramentorum Ecclesiae Gallicanae. Mabillon identifie alors le contenu principal du manuscrit avec un sacramentaire gallican et propose de situer son exécution dans le diocèse de Besançon vers la fin du VIIe siècle. Depuis, si l’importance capitale du manuscrit pour l’histoire de la liturgie franque est unanimement reconnue, ni ses origines ni son contenu, fort complexe, ne font consensus.

Parchemin, 120 ff., 220 x 140 mm. (Saint-Pierre de Corbie, début du VIIIe siècle).

Ce manuscrit compte parmi l’un des plus anciens témoins du Nouveau Testament qui ont circulé sous forme individuelle en Gaule. On y trouve les quatre Evangiles de la Vulgate de saint Jérôme, les Epîtres de saint Paul dont ce manuscrit représente la plus ancienne recension mérovingienne, ainsi qu’un poème sur saint Paul composé par le pape Damase et un ensemble de prologues marcionites aux épîtres pauliniennes.

Un corpus augustinien et africain, où figurent notamment plusieurs recensions uniques de sermons de saint Augustin, forme la majeure partie de cet homiliaire qui, bien qu’il s’appuie sur un modèle ancien, est, de fait, un maillon important dans l’histoire de la transmission des textes et de la liturgie. Si rien ne prouve qu’il a été copié à Fleury, la mention contemporaine d’un ex-libris de cette abbaye sur certaines marges inférieures suggère, du moins, que le manuscrit y est parvenu peu après son exécution vers le milieu ou la seconde moitié du VIIIe siècle.

Création : VIIe siècle (?)               Lieu de découverte : France
Matières : or, niccolo (intaille)      Mesures : H. 3.2 cm, D. 2.9 cm, Poids 23.55 g

Anneau sigillaire en or massif à chaton serti d'une intaille antique représentant deux chevaux s'abreuvant à une fontaine. L'anneau est orné de groupes de motifs en forme de 8, en reliefs, séparés par un groupe de motifs en C affrontés.

Datation : mérovingien (Reine Hadjadj) ou carolingien          Lieu de découverte : Saône-et-Loire
Matières et techniques : or, saphir                                        Mesures : D. 2 cm; chaton : 215 mm. x 165 mm.

Bague à anneau épais, formé de deux serpents tenant le chaton dans la gueule ouverte; chaton rectangulaire, revers orné d’entrelacs de fils d’or ; saphir gravé en intaille d’un buste d’homme de profil à gauche, diadémé, à l'antique.

Création : VIe siècle (?)
Matières : aventurine
Mesures : H. 58 mm., l. 85 mm., L. 227 mm.

La navette d'aventurine est au départ une nef basse, allongée et étroite, reposant sur une base rectangulaire évidée, à fond concave et à contour de largeur irrégulière mais assez épaisse en moyenne.

Création : Saint Eloi, Ière moitié VIIe siècle
Matières : or, verre (bleu), verre (vert), grenat         Mesures : H. 100 mm, L. 92 mm, E. 6 mm

Fragment de croix de forme quadrangulaire en or ajouré et serti de grenats et de verres colorés bleus etverts. Il est composé de cinq registres dont trois rangées de bâtes en gouttière de formes diverses qui renferme des pierres précieuses disparues, notamment des saphirs. La croix, haute et étroite (de la largeur du fragment actuel) se dressait au dessus du maître autel.

In :  Société archéologique du midi de la France. Album des monuments & de l'art ancien du midi de la France, Tome 1, pp. 105 -110, (Toulouse : E. Privat, 1897).

IXe siècle (vers 835-845 ?).Manuscrit en latin. Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits
Plaques d'ivoire d'éléphant (VIe s.): constituées chacune de cinq parties sur chaque plat (370 x 305 mm) et autrefois ornées d'incrustations, les différents éléments s’emboîtent grâce à un système de réglettes et de rainures.

 

Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 3836

Date d'édition : VIIIe siècle

Date d'édition :  VIIIe s. (vers 750-770?)
Format :  Nord de la France (Laon?). - Minuscule mérovingienne du type "az" de Laon. - Décoration de type mérovingien. Diptyque constitué d'un portique entourant une grande croix surmontée d'un aigle (f. Cv) et d'une page d'incipit (f. 1) ; nombreuses initiales ornées et/ou zoomorphes (sur imitation de l'orfèvrerie mérovingienne), titres décoratifs. De Laon, le manuscrit est passé très tôt à Saint-Pierre de Corbie où il a reçu des corrections au début du IXe siècle dans l'écriture de Maurdramne. De Corbie, le manuscrit est passé à Saint-Germain-des-Prés en 1638 ; il a finalement été remis à la BnF en 1796 avec les manuscrits de Saint-Germain-des-Prés.
 

>

Les études historiques et archéologiques de ces trente dernières années ont profondément changé notre vision des Mérovingiens qui nous apparaissent aujourd’hui comme les bâtisseurs d’un royaume empreint de romanité et de culture chrétienne.

Le christianisme commence très tôt à se répandre dans cette région. Eusèbe de Césarée nous fait parvenir, dans son Histoire ecclésiastique, le récit de la persécution de la communauté chrétienne de Lyon en 177. Les persécutions cessent en 313 quand l’empereur Constantin promulgue l’édit de Milan, édit de tolérance par lequel chaque individu pouvait « adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel ». À partir de cette date, la nouvelle foi se propage rapidement dans tout l’Empire. En Gaule, les premiers à se convertir sont les aristocrates gallo-romains. Le monde urbain est plus touché par ce phénomène de conversion que les campagnes. De fait, le christianisme reste longtemps une religion essentiellement urbaine, confiée à la responsabilité des évêques qui siègent dans chaque chef-lieu de cité. Le Ve siècle voit s’établir durablement une administration diocésaine dans les villes. L’évêque, chef de l’Église locale, est aussi fonctionnaire impérial tenu de participer aux conciles, ces assemblées qui décident collégialement des mesures à prendre pour organiser les structures ecclésiastiques. L’un des plus célèbres est l’évêque de Tours, Martin (316-397), ancien soldat converti et ardent promoteur des courants ascétiques et monastiques. Dès le milieu du IVe siècle, la Gaule est gagnée par le monachisme. Les laïcs de haut rang renonce à leurs biens et au monde pour se retirer dans leurs domaines ruraux pour servir Dieu, dans l’action ou la contemplation. Les monastères fleurissent alors dans les villes et les campagnes, comme à Lérins, à Marseille ou dans le Jura, tandis que d’autres aristocrates fondent des oratoires et des basiliques sur leurs propriétés.

La Gaule, tout comme l'ensemble de l’Empire, est touchée au IVe siècle par une crise interne au christianisme : l’arianisme. À l’origine de cette hérésie, Arius prêtre d’Alexandrie considère que la divinité du Christ ne peut être équivalente à celle de Dieu. L’empereur Constantin convoque le premier grand concile d’Empire à Nicée (325), pour condamner ces idées et unifier les chrétiens. Néanmoins, l'arianisme conserve la faveur de nombreux chrétiens mais aussi de certains empereurs comme Constance II (337 – 361). En Gaule, les évêques - à l’exception de Paulin de Trèves et d’Hilaire de Poitiers – se rallient aux thèses ariennes, qui se sont aussi répandues parmi les populations germaniques. Les Goths, grâce à l’évêque Ulfila traducteur de la Bible en langue gothique, embrassent l’arianisme. Si leur conversion au christianisme, dès le milieu du IVe siècle, constitue un signe de romanisation avancée, l’adoption de l’arianisme se révèle un obstacle à leur intégration dans l’Empire.

Lorsque Clovis succède à son père Childéric en 481, le christianisme est déjà dominant en Gaule, partagé entre des populations gallo-romaines nicéennes se reconnaissant toujours sujets de l’empereur et les peuples d’origine germanique ariens comme les Wisigoths et Burgondes, intégrés de fraîche date à l’Empire. Si Clovis se convertit vers 507-508, c’est autant par conviction personnelle, que pour des raisons politiques. Son choix de la religion officielle est un moyen d’exprimer sa fidélité à l’empereur et de consolider les liens des Francs avec les aristocrates gallo-romains. Il exerce ainsi pleinement son rôle de chef de l’Église en son royaume. À l’instar de Constantin, il édifie à Paris une basilique dédiée aux Saints-Apôtres, où il est enterré auprès de sainte Geneviève. En 511, il convoque à Orléans le premier concile de l’épiscopat franc. Le rôle des évêques est devenu au IVe siècle, de plus en plus important dans la gestion des affaires locales, exerçant des fonctions tant religieuses que civiles. Outre l’organisation du culte public et la justice ecclésiastique, ils ont en charge l’entretien des routes et des édifices publics, la perception des impôts, l’approvisionnement de la cité, l’assistance aux pauvres et la protection des citoyens. Les communautés locales se choisissent donc des évêques compétents, issus des meilleures familles aristocratiques.

Au milieu du VIe siècle, l’adhésion au christianisme nicéen s’est généralisé dans le monde franc. Rois et reines poursuivent l’œuvre de Clovis en fondant des églises et des monastères. Après la conquête de la Burgondie en 534, les fils de Clovis prennent sous leur protection le monastère Saint-Maurice d’Agaune et y développent le culte du roi martyr Sigismond converti au credo de Nicée grâce à la prédication de saint Avit. En Provence, Childebert Ier fonde un nouveau monastère à Arles puis édifie à Paris la basilique Sainte-Croix-Saint-Vincent (future Saint-Germain-des-Prés) pour s’y faire enterrer. Vers 555, la princesse thuringienne Radegonde quitte la cour pour fonder le monastère féminin de Sainte-Croix de Poitiers, où elle se retire comme moniale. Les aristocrates francs suivent l’exemple des membres de la famille royale en multipliant les fondations et les donations en faveur de monastères et les sanctuaires à reliques. Au cours du VIe siècle, le paysage urbain de la Gaule se couvre de lieux de culte dans les cités comme dans les campagnes. Le baptême est généralisé mais des survivances païennes persistent.

>