Coloriages

Découvrez les coloriages et albums à colorier de Gallica, classés de manière thématique : abécédaires, animaux, cirque, contes, imagiers, jeux, moyens de transport, paysages, plantes, publicités... De quoi trouver son bonheur !

Petit livre pour les enfants qui apprennent à lire, contenant l’alphabet, l’abécédaire peut aussi prendre la forme d’un album à colorier. Il constitue l’un des plus anciens genres destinés à la jeunesse, mais sans le dépôt légal, nombre de ces petits livrets, d’apparence modeste et d’usage quotidien, auraient sombré dans l’oubli. Studieux ou ludique, sagement illustré de quelques vignettes ou débordant de couleurs, il situe l'enfant dans son univers familier, peuplé de jouets et d’animaux, ou élargit son horizon en lui faisant découvrir les métiers, l’histoire, la géographie.

Dans une veine plus humoristique, qui traverse toute la production, on retrouve de nombreux animaux anthropomorphisés, qui rompent avec les représentations d'animaux dans leur milieu naturel et par grande, comme a pu le faire Hélène Guertik. C'est notamment le cas dans la production de l'éditeur Capendu, où l'on croise des héros de fables de la Fontaine, des animaux déguisés ou conduisant voitures et charrettes. On en retrouve encore sous le crayon de grands affichistes et humoristes tels que Benjamin Rabier, Grand Aigle, Clérisse & Pellos : les lapins peuvent chasser le chasseur endormi, les animaux fument... Le jeu et le divertissement prennent ici le pas sur la « leçon de choses ».

Des coloriages sur la fascinante thématique du cirque : clowns, équilibristes et animaux sous toutes leurs formes.

Gallica vous invite à découvrir les contes à colorier : Belle au bois dormant, Chat botté, et autres personnages à réinventer.

Les albums de coloriage sont aussi de véritables livres-objets, agrémentés de palettes, de godets de couleurs, de coffrets de crayon. Ces présentations rappellent qu'à l'origine, ces livres étaient plutôt réservés à une élite. Le papier utilisé ainsi que les modes d'impression, souvent en recto seul pour les plus belles éditions, gardent la mémoire de ce que « colorier » signifiait avant l'arrivée des feutres. Le coloriage était un exercice délicat, à l'aquarelle ou à la gouache, où le repentir n'était pas possible, la patience, de mise et où l'eau du pinceau devait être bien dosée pour ne pas détremper plusieurs pages. C'est ainsi que sur bon nombre de couvertures du XIXe et du début du XXe siècle, on voit des enfants appliqués, soigneux, installés à leur table et parfois accompagnés d'un adulte. Les titres de collections ne varient guère : « petit artiste », « futur artiste », « petit coloriste », l'enfant destinataire est bien au cœur des préoccupations, ainsi que la notion d'apprentissage, avec une gradation de la difficulté.

Les coloriages peuvent aussi servir à développer son vocabulaire et à découvrir le monde, grâce aux imagiers à colorier.

L'album de coloriage est un objet archétypique de l'enfance : tout le monde, ou presque, en a eu et en a orné les pages. Il éveille immédiatement une part de nostalgie, d'autant plus que les jouets et l'univers du quotidien en sont souvent les vedettes. L'album de coloriage trouve ainsi sa place entre le manuel de lecture et le livre amusant, l'imagier et l'album : un archétype de l'enfance.

Gallica vous invite à colorier bateaux, avions et trains.

A travers le coloriage, les illustrateurs invitent souvent l'enfant à découvrir le monde qui l’entoure, en se mettant à sa hauteur. La géographie est abordée dans des séries comme Le tour du monde du petit coloriste » chez Henri Laurens dans les années 20. Les paysages (villes, montagnes, prairies, scènes bucoliques avec moulins, rivières et ponts) sont également très présents. Certains titres plantent ainsi le décor d'une petite histoire, qui accompagne le coloriage : une fois la mise en couleurs terminée, c'est un album presque comme un autre que l'on a entre les mains. Parfois, en complétant le dessin, l'enfant peut agir sur la narration.

Poursuivant l'esprit de belles images à colorier pour les enfants sages, et notamment les jeunes filles, de nombreux titres s'intéressent aux fleurs, qu'il s'agit de colorier d'après modèle ou de reproduire dans des carnets de croquis appliqués. Ces tableaux colorés mais assez réalistes peuvent servir de support à un apprentissage amusant de la botanique. Plus tard, Hélène Guertik dresse son propre inventaire composé de légumes, fruits, fleurs, oiseaux, insectes, reptiles, poissons (Albums du Père Castor, 1935-1938) : les planches d'herbier du Muséum n'ont qu'à bien se tenir ! Ces albums montrent alors qu'il s'agit d'observer pour créer.

La publicité a très tôt tiré parti du livre de coloriage pour imposer marques et produits dans l'esprit des enfants, bien qu’ils ne soient pas les détenteurs des cordons de la bourse. Cela commence dès le début du XXe siècle, avec l'essor des supports de communication sous forme papier, qu'il s'agisse de petits fascicules ou des simples images. Cela concerne au premier chef des objets qui s'adressent aux petits consommateurs : chocolat, jouets des grands magasins pour Noël par exemple. L'album de coloriage est également support de promotion pour les outils de dessin, gouache et peinture. Mais il peut aussi, sous couvert d'une petite fiction à mettre en couleur, vanter des produits alimentaires, du textile, faire campagne contre le tabac pour des produits ayant trait à la santé, dont l'enfant n'est pas a priori le premier destinataire. Ces petits fascicules ou affichettes se targuent souvent d'apporter, sous couvert de distraction, un contenu documentaire (expliquer la fabrication du produit, en vanter les bienfaits pour la famille). Certains comportent juste des modèles et des grilles vierges à colorier, d'autres invitent l'enfant à dessiner (Grands magasins du Printemps, Paris : album de dessins à terminer et à colorier).

Objets archétypiques de l’enfance, les albums à colorier représentent souvent des scènes - drôles ou sérieuses, quotidiennes ou exceptionnelles - de la vie enfantine.

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Qu’est-ce qu’un coloriage ? Dans l’esprit commun, il s'agit d'un exercice à destination des enfants pour lequel la consigne, répétitive et rébarbative, serait de « ne pas dépasser », « recopier le modèle », « bien s’appliquer ». C’est aussi une forme de récompense, à l’école, quand on a terminé tout son travail ; ou encore un jeu mathématique ou grammatical, pour lequel il faut effectuer un calcul, appliquer une règle de grammaire ou d’orthographe pour décoder une légende et remplir des plages colorées qui, peu à peu, dessineront une scène figurative. Le livre de coloriage serait donc un modèle à recopier, une mise en couleur guidée (ou pas), un exercice de patience et de rigueur, une activité de délassement ludique ou au contraire d'apprentissages déguisés, dans le cadre scolaire...

À l’horizon des années 2000, les livres de coloriage ont également fait l’objet d’un engouement éditorial, pour tous les publics et non plus seulement pour les enfants. Colorier avec application aurait une vertu dé-stressante et mandalas, motifs géométriques et autres carnets à orner font florès. Parfois proche de l’enluminure pour la minutie qu'il réclame, l’album de coloriage se fait aussi exutoire libérateur, carnet de gribouillages, exercice de graphisme dont le propriétaire est invité à compléter le dessin.

Pourtant, il est loin d'être une nouveauté ! Il s’agit en effet d’un genre peu conservé en bibliothèque, dont l’histoire reste à écrire, mais dans lequel les plus grands peintres et illustrateurs se sont illustrés. Les fonds numérisés dans Gallica en attestent et vous invitent, petits et grands, à retrouver l'enfant qui sommeille en vous pour sortir pinceaux, feutres, crayons de couleurs et vous remettre à l'œuvre en quelques clics ! Vous pouvez aussi partir plus simplement à la rencontre de petits collaborateurs anonymes, qui ont, parfois il y a longtemps, dessiné, orné, colorié tout ou partie des exemplaires. Ce sont des objets essentiels dans l'histoire de la culture enfantine, et dans la représentation de l'enfance.

Reflet des idéologies et des pensées de son époque, le livre de coloriage a également pu être utilisé comme vecteur d'idées plus polémiques aujourd’hui, voire comme un outil de propagande. Témoins de notre passé et intéressants historiquement, ils peuvent interroger et diffèrent considérablement des ouvrages aux thématiques plus légères.

 

- Haut en couleurs, laboratoire du coloriage : les vidéos et le livret de l'exposition sur le livre de coloriage du milieu du XIXe siècle à nos jours, du 21 novembre 2017 au 14 janvier 2018, à partir des collections du fonds patrimonial Heure Joyeuse, à la Médiathèque Françoise Sagan (Paris Xe).

- Hélène Valotteau. "Laboratoire du coloriage : exploration en images d'un genre bien particulier", La Revue des livres pour enfants, n°300, avril 2018, p. 157-163.

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