Entretien avec Patrick Daumont

De nombreux entretiens ont été menés et enregistrés par le département Son, vidéo, multimédia, proposant de découvrir les parcours professionnels d'éditeurs phonographiques aux itinéraires singuliers et dynamiques. Patrick Daumont s'est à son tour prêté au jeu de l'interview.

1. Jeunes années .- 2. Voyage à Londres, première et seconde vague punk en France .- 3. Le Gibus, fanzine et débuts dans la vie active .- 4. Le groupe Rock'n vérole .- 5. Les groupes Ordre public, Desax-et, Syndrom Shin et l'enregistrement d'un premier disque .- 6. Création du label Shin produc et sortie du disque de Syndrom Shin / Desax-Et .- 7. Les suites du label Shin produc .- 8. Mise en sommeil de Shin produc, intérêt pour les musiques électroniques et projets.

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Entretien avec Patrick Daumont

Patrick Daumont est né le 24 novembre 1958 à Saint-Germain en Laye. Il est le dernier d’une famille de six enfants. Son père est ouvrier dans la mécanique et sa mère, mère au foyer. Élevé dans un contexte familial strict, Patrick Daumont est un enfant très discret à l’école et passe une grande partie de son temps à dessiner dans ses cahiers. Sur les conseils de son enseignante, sa mère l’inscrit au collège de Sèvres, une des premières écoles d’art publiques en France. Cet établissement lui permet de côtoyer des élèves issus de milieux littéraires et artistiques qui vont lui offrir une nouvelle ouverture sur le monde. Il créé durant ces années de collège un fanzine de bande dessinée et de musique intitulé Page blanche pour lequel il collabore avec Philippe Druillet, Enki Bilal, Moebius, Marcel Dadi ou encore Joan Baez.
Patrick Daumont découvre grâce à un voisin les Stooges et les MC5, musique totalement « incompréhensible pour lui » mais qui le fascine. Il demande à sa mère de lui offrir pour son anniversaire le premier album des Clash, disque qu’il écoute en boucle et qui va profondément le marquer. Au début de l’année 1977, il lit dans les pages du magazine Elle un article sur la styliste Vivienne Westwood, épouse du manager des Sex Pistols, Malcom McLaren, ce qui le décide à partir pour Londres en compagnie de son camarade Paco. Véritable voyage initiatique, il assiste notamment à l’un des premiers concerts du groupe Police au Marquee. Il fréquente assidument le Gibus où il découvre de nombreux groupes et artistes inconnus en France tels que Generation X, Police, Johnny Thunder, les Damned, Cabaret Voltaire, 999 Vibrators, les Stray Cats, les Stranglers ou encore Siouxsie and the Banshees. C’est également au Gibus que Patrick Daumont fait la connaissance de Serge Sitruk avec lequel il fonde Rock’n vérole, groupe éphémère qui se produira surtout au Lycée Charlemagne, avec le groupe Oberkampf. 
Patrick Daumont monte ensuite un second groupe qui prendra successivement les noms d’Ordre public, puis Desax-et avant d’être finalement baptisé Syndrom shin à la veille de la sortie leur premier EP quatre titres en 1982, enregistré aux Frigos sous l’égide de Patrick Woindrich dans les studios WW. Cette formation se produira notamment dans deux lieux mythiques de la scène punk française des années 1980 : le Pali Kao et Rue des Cascades. Un chèque de 1 500 francs d’une généreuse donatrice nommé Émeline lui permet de monter son propre label, Shin produc, et d’éditer ce premier disque tiré à 1 000 exemplaires et distribué par New Rose. Il publiera par la suite sur Shin produc deux disques des Mome Rath, un disque des Coronados et, en co-édition, les quatre premiers titres des Bérurier noir sur un split avec le groupe Guernica. Deux projets avortés, un avec le groupe les Maitres dont deux des membres participeront aux Négresses vertes, et un avec le groupe Evening legions, dont le nouveau bassiste n’est autre que le tout jeune Pascal Obispo, entraînent la mise en sommeil du label Shin produc.
Attiré par les musiques électroniques, Patrick Daumont souhaite monter après Ordre Public un nouveau groupe plus original, intégrant synthétiseurs et  boîtes d’effets. Ce nouveau projet ne voit pas le jour, mais son intérêt pour l’électro grandit lors des premières Transmusicales de Rennes et par la fréquentation de clubs clandestins en Russie alors qu’il travaille dans l’aménagement d’intérieur. En 1996,  il achète des platines et développe seul, pendant quatre ans, son travail de mixage et de composition. Il est invité une première fois  en 2000 dans une usine à Montreuil où il mixe musique industrielle et new wave. Il est sollicité par la suite par de très nombreux clubs à Paris ainsi qu’à l’étranger. Il est approché par Technopol (association qui organise la Techno Parade) et organise un premier char pendant la Techno Parade. Décidé à produire les nombreux artistes qui l’entourent, il réalise deux compilations sur un nouveau label : LAB-SUS. En 2019, Patrick Daumont édite un nouvel album d’Ordre Public. Un second disque doit paraitre début 2024. 

Entretien réalisé le 6 décembre 2023 à la Bibliothèque nationale de France en présence de Jean-Rodolphe Zanzotto (BnF, bibliothécaire) et de Luc Verrier (BnF, ingénieur du son).

Durée : 1 h 49 min.

Illustration : photographie par Luc Verrier (BnF, ingénieur du son), libre de droits.