Le Roman de la Rose

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Le Roman de la Rose, véritable best-seller médiéval, s’est diffusé par diverses voies, de la copie privée aux commandes princières, en passant par le commerce de la librairie. Les ateliers de production de livres manuscrits se sont en effets multipliés au XIIIe siècle, dans les centres urbains, au fur et à mesure que s’étendait le lectorat potentiel. Le Roman de la Rose connaît un énorme succès, rapide et durable, devenant l’œuvre la plus célèbre du Moyen Âge, avec quelque 250 copies manuscrites connues.

Durant deux cent cinquante ans, de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe, le Roman de la Rose a fait partie du bagage du lettré, du clerc savant au simple bourgeois. La comparaison entre le Roman de la Rose et la Divine Comédie de Dante est souvent mentionnée ; elle donne en effet une idée de l’ampleur du succès que rencontra ce chef d’œuvre de la littérature courtoise et allégorique, comme de la popularité de ses deux auteurs, Guillaume de Lorris et Jean de Meun. Au cours de ce songe allégorique, Guillaume de Lorris raconte comment en rêve, il est entré dans le jardin où réside le Dieu d’Amour, et y est tombé amoureux d’un bouton de rose. Jean de Meun continuera l’œuvre inachevée, livrant un monument littéraire long de 18000 vers, quand le poème de Guillaume n’en comptait que 4000.

De très nombreux manuscrits, depuis le milieu du XIVe siècle, contiennent deux poèmes attribués à Jean de Meun, qui sont le Testament maistre Jehan de Meun et le Codicile maistre Jehan de Meun. Le Moyen Âge ignorant la propriété intellectuelle, le Roman de la Rose a fait l’objet de plusieurs citations et remaniements par des auteurs ultérieurs. Le Roman de la Rose a même fait l'objet de moralisations, c'est-à-dire de commentaires venus transcender les intentions, pourtant proclamées par Guillaume de Lorris et Jean de Meun, de pénétrer les arcanes du rêve érotique: Jean Molinet a ainsi donné sa propre interprétation du Roman de la Rose en lui donnant une portée plus spirituelle.