L’exemple de la partie intitulée « Frontispice » est révélateur de ce point de vue : le roman présente une conversation, où la question du meurtre et de l’assassinat est discutée par un groupe d’écrivains. Or, les différentes variantes du texte d’abord intitulé « L’École de l’assassinat » se présentent comme des textes pris en charge par un narrateur. Dans le volume, ce discours est présenté au discours direct comme faisant partie de la conversation. On peut comparer cet extrait dans la presse : « Je suis allé dimanche […] ces braves gens étaient heureux ! » avec la version en volume qui fait rentrer ce discours dans le cadre d’une conversation : « Fort juste ! […] étaient heureux ! » Cela est d’autant plus marquant que dans le roman publié en volume en 1899, le frontispice n’est pas présent et apparaît plus tardivement.
Par ailleurs, de petites différences montrent une reprise du texte entre les différentes publications dans la presse. Par exemple, la publication du Figaro et celle de L’Écho de Paris sont similaires mais l’organisation des paragraphes est modifiée. Par ailleurs, le dernier paragraphe (qui est découpé de la même façon dans les deux versions) laisse la parole aux brigands. Mais dans la première publication il s’agit d’un long discours, alors que dans la deuxième version la citation est limitée à une phrase brève – dont on peut penser qu’elle accentue encore l’impact de la prise de parole. Ces petits changements sont nombreux.
L’évolution est plus notable dans la dernière version : le développement sur la violence fondamentale de l’homme (voir ci-dessous) est présenté différemment. On peut ainsi comparer les textes du Figaro « Le besoin de tuer […] c’est son intérêt de tuer ? », de L’Écho de Paris « Le besoin de tuer […] s’appelle l’humanité. » et du Journal (même découpage que dans le précédent) « Le besoin de tuer […] s’appelle l’humanité. » Ce même extrait se trouve dans la version définitive, et rassemble des éléments présents dans les trois textes précédents : « Non, voyez-vous […] qu’est l’Humanité. »
• La violence – Le crime
Dès la première version du texte qui sera inclus dans « Frontispice », l’idée que le désir de tuer est présent en chaque homme est développée, dans cet extrait par exemple : « Le besoin de tuer […] c’est son intérêt de tuer ? »
La violence est comme banalisée dans ce roman, qui présente des tortures sous toutes leurs formes comme un divertissement. C’est le cas dans ce texte publié sous le titre « Un bagne chinois » : « D’une petite bonbonnière […] un casque de plomb. » L’extrait apparaît dans la dernière partie du texte en volume (avec quelques modifications). Ici, la sensualité et la sexualité sont liées à la violence et à la torture, considérées comme un spectacle ayant une forme de beauté : « Elle se souleva […] d’un regard apaisé… »