Argent dans le feuilleton

•    Le Bossu de Paul Féval

L’argent n’est pas au cœur du roman, mais il est un enjeu intéressant qui participe à poser l’histoire dans une période où la spéculation va grandissante. Un extrait intéressant, qui présente la frénésie d’agiotage et en creux ses défauts, se trouve au chapitre II de la cinquième partie : « Les locataires des cahutes […] comme le colosse de Rhodes ! »

•    Les Rois en exil d’Alphonse Daudet

Dans ce roman largement politique, l’argent occupe une place centrale. C’est l’absence de revenus de la famille royale d’Illyrie qui la mènera, très largement, à sa perte. La cruauté et le cynisme du pouvoir de l’argent sont représentés par le personnage de J. Tom Lévis, lequel est spécialisé dans l’aide aux monarques déchus. Dans cet extrait du chapitre V, le pouvoir de la spéculation apparaît dans la description des « trucs et astuces » financiers du personnage : « De la banque, de la banque […] dans les deux mondes »

•    L’Argent d’Émile Zola

Le premier chapitre du roman montre Saccard réfléchissant à la spéculation, ce qui l’amène finalement à se lancer dans ce monde dans l’espoir d’y triompher : « Les tempes chauffées par la griserie […] pour remuer le monde. » Les pensées d’Aristide Saccard font une sorte de bilan des événements de La Curée et préparent son entrée dans le monde de la Bourse. C’est d’ailleurs le récit, au chapitre VII, d’événements ayant eu lieu dans La Curée qui fait prendre véritablement conscience à Caroline du rapport obsessionnel que Saccard entretient avec l’argent : « Et ce fut ainsi […] après tant d’autres. » 

Alors que l’entreprise s’emballe, Saccard dévoile une partie de ses mécanismes de spéculation au chapitre VIII : « Tout de suite, […] l’idée de génie. »

•    La Terre d’Émile Zola

Le roman se caractérise par une âpreté au gain, égoïste et intense, qui se divise en deux aspects. L’économie et le calcul constants ; et la passion pour la possession de la terre. Ainsi, dès le début, au chapitre II de la première partie, les personnages se caractérisent par leurs calculs : « Fouan, lui aussi, […] qui achètent un cochon. » 

Au-delà des comportements brutaux et des réflexes d’économie, on peut lire dans la partie II, au chapitre V, une réflexion générale sur la petite et la grande propriété : « De nouveau, les coudes […] de la grande ou de la petite… »

•    Trois hommes forts d’Alexandre Dumas fils

Le personnage le plus terrible du roman n’est véritablement attiré que par une chose : l’argent. Il présente, lors de sa confession, la mise en œuvre de sa richesse à tout prix dans « La vérité » (section IX dans le feuilleton) : « Je partis pour Madagascar […] ne le peut pas. »

•    Le Collier de la reine d’Alexandre Dumas

La richesse du collier est au cœur des machinations du roman. On le découvre ici au chapitre VII où il représente une immense richesse mais aussi un achat inutile alors que les coffres du royaume sont vides : « Alors avec un sourire […] Dieu vous assiste ! » La question de la possession se pose à nouveau avec Mlle de La Motte, qui a reçu au chapitre XII cent louis de la part de la reine : « Une fois la reine disparue […] A tout ! »

•    Les Tribulations d’un chinois en Chine de Jules Verne 

Au début du roman, Kin Fo est présenté comme un personnage rendu fondamentalement malheureux par sa richesse. Dans cet extrait du chapitre I, le philosophe Wang trinque en lui souhaitant l’expérience du malheur – qui sera la perte de la richesse – seul moyen pour lui de connaître ensuite le bonheur : « Cependant le philosophe […] l’épreuve du malheur. » C’est la perte de sa fortune qui change sa vie : la pauvreté amène immédiatement le malheur dans le roman. Dans le chapitre V, il explique à sa fiancée qu’il a reçu une lettre l’informant de la faillite de l’entreprise où il a placé son argent : « Le papier fut placé […] longues à passer. »
Tout comme les deux agents de l’assurance protègent le personnage principal pour des raisons financières, en fournissant une protection rapprochée, c’est l’appât du gain qui rend tout particulièrement possible un assassinat, comme on le voit au chapitre XVI : « Telle était maintenant la situation […] sans réplique. » 

•    Le Vicomte de Bragelonne d’Alexandre Dumas

En charge d’une très importante somme d’argent, d’Artagnan au chapitre VII de la troisième partie, se trouve inquiet de la protection de cette fortune : « D’Artagnan ne perdit pas […] qui lui vendit un coffre-fort. »

À l’inverse, le roman met en scène la disparition organisée d’une fortune immense (et célèbre), celle du surintendant Fouquet. Dans cet extrait, au chapitre XIV du onzième volume, on voit l’appauvrissement mal caché à l’œuvre : « Nous retournons à Saint-Mandé […] ne fait jamais attendre. »

•    Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas

Lorsqu’Edmond Dantès découvre l’existence d'un trésor, une sorte de pacte est prononcé par l’abbé qui lui en révèle le secret : « Maintenant, continua Faria […] en pleurant. » Ce trésor est une sorte d’ouverture à tous les possibles, dans la première partie où le héros est pourtant enfermé. C’est toujours dans cette première partie qu’il trouve l’or. Cela provoque une réaction violente, tant la fortune est grande et sa pensée obsessionnelle : « Trois compartiments […] deux ou trois fois dans sa vie. »

•    Joseph Balsamo d’Alexandre Dumas

Le roman met en scène beaucoup de grands personnages dont la richesse est importante. Au chapitre XXIII c’est le cas dans l’intérieur de la comtesse Du Barry : « Dans l’appartement de Versailles […] qu’ils venaient de recouvrir. » L’extrait présente également une femme à la beauté caractéristique et supérieure.

•    Les Sept péchés capitaux d'Eugène Sue

La question de la richesse se pose à plusieurs reprises dans cette série de romans : on y trouve de grandes fortunes et des pauvretés miséreuses. Dans L’Orgueil, au chapitre IV, la générosité d’un jeune homme est mise en avant, mais elle se heurte à des finances un peu serrées : « Non, monsieur Gerald […] de quelque chose. » 

Dans La Luxure, au chapitre IV, on découvre le pouvoir de l’argent dans ce qu’il a de plus terrible, capable d’asservir même les meilleurs : « Cette âme, endurcie […] du contraste, devenait effrayante. » 

•    Les Mystères de Paris d’Eugène Sue

Le roman, qui s’intéresse aux oubliés de la société, donne à voir la grande pauvreté d’une famille de bonnes gens : « Après quelques moments de silence […] à elle et aux siens. » Il s’agit d’une situation extrême, dans cet extrait du chapitre VII, qui est décrite de façon cohérente avec la réflexion sociale de Sue. 

•    Le Juif errant d’Eugène Sue 

Les descendants du marquis sont de classes sociales bien différentes. Mais certains dans le roman sont véritablement pauvres : « Quant aux nombreuses ouvrières […] quatre francs par semaine. » Il s’agit ici de la description d’une pauvreté singulière et de ses humiliations, d'une femme ouvrière à Paris, au chapitre XII du second volume.

•    Une vie de Guy de Maupassant

C’est dans la deuxième partie de sa vie, quand elle s’occupe de son fils, que Jeanne est réellement tourmentée par les problèmes financiers. Néanmoins, dès le début de son mariage, la question des dépenses vient empoisonner sa vie quotidienne. On le constate au chapitre V : « Julien, qui réunissait les bagages […] les mit à terre. »

Plus tard, c’est le fils de Jeanne, Paul, qui à force de contracter des dettes met la vieille femme dans une situation difficile, l’obligeant à vendre un domaine auquel elle tient beaucoup. Dans cet extrait du chapitre XII s’opposent le bon sens de Rosalie, la servante, et l’amour de Jeanne pour son fils, prête à tout dilapider pour lui : « Écoutez-moi bien […] elle s’en alla. »

•    La Joie de vivre d’Émile Zola

Le désir de réussite et de fortune de Mme Chanteau et ses efforts en ce sens restent sans résultat. La question des finances préoccupe les personnages dès le premier chapitre, ce qui pose les bases pour les dérives qui s’installent par la suite : « À la mort de son père […] cultivait le potager. » En effet, au chapitre III, une habitude se met en place. Pour remédier aux problèmes d’argent, on se sert directement dans l’argent de Pauline : « Puis, Madame Chanteau se relâcha […] lâchant le malheur par ses fentes. »

•    La Rabouilleuse d'Honoré de Balzac

Le chapitre II résume les questions d’héritage qui se posent à la mort du grand-père. Agathe et son époux font alors preuve d’un désintéressement certain : « Lors de la mort du docteur […] y aurait été pris. » En ne se battant pas pour sa part de l'héritage, Agathe se met dans une situation financière plus fragile.