Les Sept péchés capitaux en feuilleton

Eugène Sue publie sept romans, chacun représentant un des péchés capitaux. Cet ensemble est publié sur plusieurs années dans des journaux, essentiellement dans Le Constitutionnel.

Cinq des sept romans de cet ensemble publié entre 1847 et 1851 paraissent dans Le Constitutionnel et les deux derniers dans Le Siècle. Les textes sont ensuite publiés en volume dans le même ordre.

Le Roman feuilleton - journal
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Quelques pistes de lecture : "Argent", "Amour" et "Repas"

​​​​​•    Argent – La possession et la richesse

La question de la richesse se pose à plusieurs reprises dans cette série de romans : on y trouve de grandes fortunes et des pauvretés miséreuses. Dans L’Orgueil, au chapitre IV, la générosité d’un jeune homme est mise en avant, mais elle se heurte à des finances un peu serrées : « Non, monsieur Gerald […] de quelque chose. » 

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Dans L’Orgueil, c’est la jeune Herminie qui représente le cœur « orgueilleux » : orpheline vivant de ses leçons, elle est appelée auprès d’une noble mourante, Madame de Beaumesnil, afin de l’apaiser par la musique. Ce premier contact avec un monde qui n’est apparemment le sien, mais dont la duchesse comme on la surnomme semble bien proche, sera le point de départ de l’intrigue du roman. Car, plus riche que toutes, la fille de Madame de Beaumesnil, Ernestine, se trouve être l’héritière la plus riche de France, objet de convoitises vénales et égoïstes. 

L’Envie s’attache à la vie paisible de Marie Bastien et de son fils, bouleversée par une visite au château voisin dont les richesses éblouissantes font découvrir à Frédérik Bastien l’envie, dévorante, qui détruit l’idyllique existence de ce foyer. Comment alors sauver le garçon de la haine qui le ronge, et qu’il n’ose pas même avouer à sa mère ? 

C’est un breton, Yvon Cloarek, qui est au cœur de La Colère : de tempérament colérique et emporté, ce magistrat ne parvient pas à agir en accord avec la dignité de son métier. Marié à une femme sensible et délicate, il ne laisse sa colère éclater qu’en-dehors du logis. Mais ses excès de violence finiront par atteindre le cercle familial, bouleversant l’existence des Cloarek.

La Luxure incarne ce péché dans une femme, Madeleine, au charme troublant et bouleversant. Partout où elle passe, elle semble enchanter les hommes et les plier à sa volonté. Dans ce roman, c’est ce pouvoir pourtant chaste qui est à l’œuvre, au service de ses amies de couvent Antonine et Sophie.

Madame de Luceval est paresseuse, d’une paresse excessive qui donne son nom au cinquième roman de cette série. Dans La Paresse, cette femme opposée à toute action se trouve en conflit avec son époux, homme actif dont un des rêves était de voyager avec son épouse. Le quotidien tendu de ce couple mal accordé est interrompu par la venue de Valentine, une amie de couvent de la jeune épouse : celle-ci est dans une situation désespérée. 

L’Avarice présente la vie de jeunes gens pauvres, Mariette et Louis, s’aimant mais soumis à des difficultés sans nombre. Au-delà de leur existence difficile, s’ajoute l’avarice violente de quelqu’un qui leur est proche, et qui va tenter de les séparer. Mais l’avarice, si mauvaise qu’elle soit, se révèle comme une condition de la générosité. 

C’est la gourmandise qui clôt cet ensemble, et le roman permet également d’apporter une conclusion : on y retrouve un point commun à l’ensemble des autres textes, le docteur Gasterini. Dans La Gourmandise, il démontre à l’abbé Ledoux les qualités de ce péché, et d’ailleurs des autres également, tandis que se joue la question de l’entrée au couvent de la jeune Dolorès.

Ces romans paraissent dans les années 1840 et 1850.

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