• La famille Jouffroy d’Eugène Sue
Le lien filial, qui semblait oublié, se réveille brutalement chez Catherine alors qu’elle découvre l’enfant dont elle est la mère. C’est cette scène de découverte du sentiment maternel qui a lieu au chapitre XX du premier volume : « Catherine ne répondit […] de madame ! » Un autre type de tendresse maternelle s’exprime au chapitre III du deuxième volume, lorsque Madame Jouffroy voit ses espoirs pour sa fille se réaliser : « Le père d’Aurélie […] joyeusement les mains. »
Le roman, dans son ensemble et comme son titre l’indique, s’intéresse à la famille, à ce qui crée le lien familial et, si possible, le bonheur qui l’accompagne.
• Mémoires de deux jeunes mariées d’Honoré de Balzac
Dans la Lettre XXI (qui deviendra XX), la plus raisonnable des deux femmes, Renée, s’élève avec vigueur contre la logique qui veut que la femme soit sacrifiée dans le mariage : « Si l’amour est la vie du monde […] avec une inquiète curiosité. »
Louise représente a priori une facette complètement différente de la vie de couple : sans enfants, elle est une femme entièrement tournée vers la passion amoureuse et à de nombreuses reprises elle se déclare soulagée de n’être pas mère – incapable comme elle l’est de diviser son amour, et de supporter de partager l'amour de son amant. Il s’agit pourtant là très largement d’une posture : Louise aussi est travaillée par la question de la maternité, destin de la femme qu’elle ne peut accomplir – ce qui est à la fois une raison et un indice de son inévitable malheur. Elle le déclare ouvertement dans la fin de la Lettre XLVII (qui deviendra XLVI), qui conclut la deuxième partie (qui deviendra la première) : « Ah, Renée, si je ne suis pas morte […] la part de mes douleurs !... »
• Le Bossu de Paul Féval
Dans ce roman, la question de la famille se pose de plusieurs façons. Il y a une question d’identité, bien sûr – la jeune Aurore étant fille secrète du duc de Nevers – mais aussi un certain nombre d’enjeux autour des sentiments ressentis, principalement entre la mère et sa fille. Ces sentiments forts sont une toile de fond, sur laquelle s’ajoutent l’amour (ou la haine) envers les autres personnages. Dans le chapitre I de la troisième partie, largement composé du journal intime d’Aurore de Nevers, celle-ci s’adresse à sa mère : « Pourquoi avait-elle écrit cela ? […] cri de mon cœur, ma mère ! »
Cette adresse vibrante peut être mise en perspective avec la représentation de la mère. Le roman en fait un personnage dont l’amour maternel est complexe mais qui finalement est entièrement dévouée à sa fille qu’elle reconnaît pour sienne instantanément. Dans cette scène du chapitre V de la dernière partie, l’amour de la mère et ses angoisses s’expriment comme de biais, auprès de l’amie d’Aurore et en passant par la violence de la jalousie : « Dona Cruz souriait parmi ses larmes. […] murmura dona Cruz. »