Cependant, l’amour des deux frères, leur désir de vivre côte à côte, fait pendant à cette triste réalité – qui semble faire du lien du sang une malédiction. La trame narrative éloigne et rapproche les frères, ainsi que le reste de la famille – leurs épouses et familles. Néanmoins, le roman se termine au chapitre XLVIII sur une résolution positive, une unité retrouvée symbolisée par un amour familial partagé et restauré : « Tout à coup Marguerite […] Fin. »
• Femme et féminité – La séduction
Comme l’indique le titre du roman, on trouve dans ce texte deux personnages féminins, Agathe et Cécile, dont chacun des frères est respectivement amoureux. Mais la question de la séduction féminine est développée avec plus de précision au sujet des enfants – la génération qui suit.
Alphonse Karr propose une sorte de typologie contrastée des types de beauté, et également de séduction, que l’on rencontre chez les deux jeunes filles : Sydonie et Marguerite – que leurs noms prédestinent, l’une à une conduite très artificielle, l’autre à un charme naturel. Le chapitre XXIV s’ouvre sur cette comparaison : « La pauvre Marguerite […] du père Dauphin. »
Mais au-delà du charme des deux jeunes filles, la séduction est également au cœur du roman comme étant un art, nécessitant l'usage de techniques et méthodes. Au chapitre XXXI, la tante Isabelle fait à Sydonie un véritable discours sur les moyens de séduire et de retenir un homme afin de l’épouser : « Quand Mme de Vorlieu et Mlle de Ponatris furent suffisamment éloignées […] lui en ferait en besoin une loi. »
• Histoire du texte et métatexte – Le roman qui parle de littérature
Alphonse Karr est amateur de prise de distance critique sur sa propre écriture. Loin de se poser en partisan d’une illusion romanesque complète, il commente son texte et joue sur les conventions du roman. On en trouve un premier exemple au chapitre IV. Le père Dauphin raconte l’histoire de Polichinelle. Ce récit est l’occasion de revenir sur les conventions romanesques et le pouvoir du conteur : « Les enfans, de leur côté, aimaient le père Dauphin […] ils s’endormaient de la même manière. »
Plus généralement, comme dans tous ses romans, Alphonse Karr prend la parole en tant qu’auteur. Au chapitre VI par exemple, il s’exprime ouvertement sur son roman et son mode de publication, sortant totalement du cadre de l’illusion romanesque : « Un des meilleurs prétextes […] écoutez à moitié ce qui suit. »