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Le portrait de Diderot de Madame Therbusch

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28 juin 2021

Peintre prussienne célèbre, Mme Therbusch espère conquérir Paris, mais doit très vite déchanter. Se placer sous la protection de Diderot finit par porter ombrage à la onzième académicienne qui n’a pas froid aux yeux. Rompant avec les interdits institutionnels, la peintre réalise entre autres le portrait in naturalibus du critique d’art.

Autoportrait avec monocle. Anna Dorothea Therbusch
 (Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin- Source Europeana), 1777

Anne Dorothée Lisiewska : une artiste talentueuse et honorée

Lorsqu’elle réalise cet étonnant Autoportrait, Madame Therbusch a regagné depuis longtemps Berlin, sa ville natale. Dans ce portrait qui la représente à l'âge de cinquante-six ans, nulle pompe ni arrogance ; l’œil cerclé d’un insolite monocle focalise l’attention sur le regard pénétrant d’une femme d’expérience qui n’a plus rien à prouver. Mais son parcours d’artiste n’a pas été un long fleuve tranquille, loin s'en faut, surtout au cours de son passage à Paris.

Issue de la dynastie d’origine polonaise des Lisiewsky, sa famille, établie à Berlin, ne compte pas moins de quatre peintres œuvrant à la cour de Frédéric II : Georges (1674-1746), Christian Frédéric (1724-1794), Anna-Rosina (1716-1783), épouse de deux peintres français, David Matthieu et De Gasq, enfin Anne Dorothée (1722 ou 1728 d’après Villot -1782).


Autoportrait. Anna Dorethea Therbusch (Wikimedia)
 

Initiée très jeune par son père à l’art du portrait, Anne-Dorothée Lisiewska (Lisieuwska, Liszewska, Liesiewka, Lisiervska) s’adonne avec ferveur à la peinture, n’hésitant pas à se mesurer aux scènes de genre de Pesne, actif à Potsdam dans sa jeunesse, en passant par Watteau et Gérard Dou. Et si son mariage avec Therbusch (Terbusch, Terbouch, Terbousch, Therbouche, Therbonche), aubergiste, ralentit son activité le temps d’élever ses quatre enfants, à partir de 1760, son talent depuis longtemps reconnu dans tous les genres comme portraitiste et peintre d’histoire auprès des cours allemandes l’incite à chercher gloire dans la capitale européenne des arts. On la trouve successivement à la cour de Stuttgart, chargée de produire dix-huit tableaux pour la décoration de la résidence de Charles II, duc de Wurtemberg ; l'Académie des arts de Stuttgart et l'Accademia de Bologne la nomment membre honoraire ; invitée à la cour de Mannheim, elle réalise le portrait du prince-électeur Karl Theodor et reçoit des commandes du prince de Hohenzollern-Hechingen puis revient à la cour de Frédéric II.


Bildnis des Alexander Friedrich von Woldeck.. Anna Dorothea Therbusch
 (Alte Nationalgalerie, Staatliche Museen zu Berlin- Source Europeana)

 

En 1766, forte de sa renommée, « celle qui signe fièrement ses portraits : A. D. Therbusch, née de Liszewska, Peintre du Roy » arrive en France. Accoutumée à la considération et à la gratitude dans les cours de Berlin, Stuttgart et Mannheim, l’artiste ne s’attend pas à l'indifférence avec laquelle son arrivée est accueillie à Paris et à Versailles. Les lettres de recommandation de Philippe de la Guêpière, architecte de la cour du duc de Wurtemberg, et du comte de Schullenburg, ne suffisent pas à convaincre l’administrateur des Bâtiments du Roi, le Marquis de Marigny ; le frère de Madame de Pompadour cherche confirmation des talents de la Prussienne auprès de son ordonnateur des Beaux-arts Charles-Nicolas Cochin  :


Correspondance de Mr de Marigny avec Coypel, Lepicié et Cochin (11 septembre 1766).
Revue de l'art français ancien et moderne, 1904

 

Si Cochin loue les qualités artistiques de la peintre, il reste déconcerté par la singularité de l’artiste et surtout son audace. Therbusch, en s’adonnant à tous les genres, contrairement aux femmes artistes françaises limitées par les consignes académiques et les bienséances sociales à la peinture de natures mortes, de miniatures, voire de portraits au pastel, montre la force de ses ambitions et une liberté de pratique d’après nature qui ne peut susciter que réserve et inquiétude à son égard. Le conseiller de Marigny « ne doute pas qu’elle se propose… de se présenter à l’Académie », sans toutefois prendre ouvertement son parti ; dans le doute, le marquis circonspect n’intercède pas en faveur de la Prussienne auprès du pouvoir royal.


Portrait de Frédéric II de Prusse. Anna Dorothea Therbusch (Wikimedia)

 
Diderot et la défense de la onzième académicienne 

Habituée à vivre largement de son art, soudain livrée à elle-même dans la capitale française, l’artiste se place sous la protection de Diderot, rencontré dans le cercle d’Allemands qui gravite autour de Frédéric Melchior Grimm, rédacteur en chef de la Correspondance littéraire clandestine dans laquelle les Salons du critique d’art paraissent régulièrement. La relation de Diderot sur le Salon de 1767 ne consacre pas moins de huit pages à Madame Therbusch. Tout en lui apportant son soutien, le critique d’art va jouer un rôle important sur l’opinion des milieux artistiques à l’égard de la peintre. Au milieu des années 1760, l’amateur d’art, conscient de l’absence de politique en matière de mécénat artistique, a endossé le rôle d’intermédiaire entre artistes et riches commanditaires français et étrangers. Sa correspondance, entre octobre 1766 et novembre 1768, montre sa détermination à obtenir de l’ouvrage auprès de ses amis pour Madame Therbusch, décrite comme une artiste aux abois et donc peu exigeante sur sa rémunération. Le négociateur acquiert le tableau de Cléopâtre devant lequel il dit s’agenouiller tous les matins et passe notamment à son ami le prince Dimitri Aleksejevitsch Gallitzin, ambassadeur de Catherine II auprès de Louis XV, un grand nombre de commandes, tel Antiope et Jupiter dont il sera question plus loin.

L’article de Diderot sur le Salon de 1767 se révèle riche d’enseignements sur le système de favoritisme en vigueur dans le cercle fermé du pouvoir royal, où la recommandation d’un courtisan prévaut sur le jugement esthétique que porte l’Académie royale sur la valeur d’un artiste :


Le Salon de l’année 1767. Œuvres de Denis Diderot. T. 14,
publ. sur les manuscrits de l'auteur par Jacques-André Naigeon, 1800
 


Autoportrait. Anne-Dorothée Therbusch. 1761 (Wikidata)

 
Il est pourtant certain que la peintre, qui aspire à être admise à l’Académie, ne manque pas de talent. Parmi les douze autoportraits réalisés durant sa vie, la peintre s’est ici représentée au début de sa carrière internationale, dans sa maturité, tenant palette et pinceaux ; son portrait au sourire énigmatique, dévoilant subtilement un buste gracieux, montre une femme maître de son art conjugué à sa féminité. Malgré cela ou en raison de cela, les qualités de Madame Therbusch ne trouvent pas grâce auprès des académiciens ; Diderot expose clairement leur parti pris sexiste :


Le Salon de 1767. Etude sur Diderot et le mouvement philosophique au XVIIIe siècle.
Œuvres complètes de Diderot.Tome 11. J. Assézat et Maurice Tourneux

 
Nous revient en mémoire l’histoire de ces autres académiciennes si injustement confrontées à l’hostilité et aux préjugés tenaces liés à leur sexe, au recours à l'intimidation utilisé par ce cénacle masculin allié contre les quelques femmes artistes qui ont cherché à pénétrer dans ses rangs, et qui pour certaines qui ont dû renoncer à leur statut : Catherine Duchemin s’efface devant son mari, Marguerite Boulogne et Anne Strésor trouvent refuge dans un couvent, Marguerite Havermann, accusée de fraude, est évincée de l’Académie. Il n’est pas difficile d’imaginer comment une artiste respectée et honorée dans son pays a pu percevoir une remise en question si grossière de son talent, son nom impunément francisé en celui de Therbouche, avant d’être tout de même reçue à l’Académie le 28 février 1767 :

 
Prenant la suite de Mademoiselle Chéron et de La Rosalba, Madame Therbusch est jugée digne de se voir octroyer le qualificatif de « peintresse » de portraits en parallèle à Madame Vien, nommée « peintresse » de miniature dans la Nomenclature de l’Abbé de Brun parue en 1777 ; une « expression nouvellement forgée qui n’a pas été adopté par les Amateurs » toutefois. Après Bocace et d’autres tentatives éclairées, la féminisation du métier de peintre échoue une nouvelle fois.
 

Diderot et l’art de Mme Therbusch : l’ambiguïté de la critique

Une étude récente et essentielle, Indicting the Woman Artist : Diderot, Le Libertin, and Anna Dorothea Therbusch de Bernadette Fort, brosse un tableau sans complaisance du rôle ambigu joué par Diderot dans sa relation avec l’artiste : « La critique du Salon de Diderot est notoirement complexe, à plusieurs niveaux et souvent contradictoire… Alors que le philosophe cherche à comprendre le nouveau phénomène de la "femme artiste" et qu'il exprime d'abord avec éloquence son soutien à l'ambition artistique de Therbusch, toute la rhétorique de l'article finit par accuser à la fois la femme et l'artiste ».


Un buveur. Anne-Dorothée Therbusch, 1767 (Musée du Louvre. Source Cazart)

 
Mme Therbusch expose, au salon de 1767, son morceau de réception, Un homme éclairé par une lampe et tenant un verre de vin ou Le buveur, « qu’on peut regarder comme l’ouvrage d’un artiste excellent ». Tout d’abord Diderot, en défenseur convaincu de l’artiste, voit de la beauté dans cet effet de lumière » et trouve « dans les tableaux de Madame Therbusch de la facilité et une grande qualité de pinceau », qui justifie son admission à l’Académie, bien qu’elle ne soit « ni fort jeune, ni jolie ». Dans son article sur le Salon de 1767, qui paraît dans la Correspondance littéraire secrète de Grimm sans possibilité de controverse, le critique d’art se montre de loin beaucoup moins enthousiaste et même cinglant dans son commentaire sur l’art de Therbusch :


Le Salon de l’année 1767. Etude sur Diderot et le mouvement philosophique au XVIIIe siècle.
Œuvres complètes de Diderot.Tome 11.  J. Assézat et Maurice Tourneux

 
Et ainsi de suite. Le critique vraiment acerbe considère que « cela n’était pourtant pas sans mérite pour une femme. Les trois quart des artistes de l’Académie n’en feraient pas autant »; l’appréciation contradictoire montre toute l’ambivalence de Diderot sur la question de la femme artiste. Il poursuit en portant un jugement sarcastique sur la représentation des figures de Jupiter métamorphosé en Pan, qui surprend Antiope endormie (aujourd’hui perdue, l’œuvre existe dans une autre version, sans l’Amour décrit par Diderot, datée de 1775) : « son Amour était monotone, faible de touche, mince au point de ressembler à une vessie soufflée, sans teintes, sans passages, sans nuances ; [...] sa nymphe n'était qu'un tas ignoble de lis et de roses fondus ensemble, sans fermeté et sans consistance, et son satyre, un bloc de brique bien rouge, et bien cuite, sans souplesse et sans mouvement ». Diderot poursuit sa diatribe pour finir par s’arroger le droit de donner des leçons de composition à Madame Therbusch (« Effacez-moi tout cela… »), qui ne se laisse pas intimider pour autant. En s’appropriant des sujets mythologiques réservés aux peintres d’histoire et en représentant la figure de Jupiter d’après modèle vivant, Therbusch transgresse les conventions et les règles de bienséance. Son tableau est refusé par le comité malgré l’intervention équivoque de Diderot, qui argumente notamment à partir d’une comparaison ironique entre l’ange de l’Antiope de Therbusch et celui de Parrocel, éreinté par le critique. D’après ses dires, tout en défendant auprès des académiciens Therbusch, proche de l’hystérie, le critique d’art reproche à l’artiste une conception de la peinture d'histoire comme seule imitation servile de la nature et non comme la recherche d’un « modèle idéal » transcendant le réel, ne laissant à l'artiste qu'une seule alternative, la médiocrité ou la sublimité : « on est pauvre, mesquin, plat ou l'on est sublime, et Madame Therbouche n'est pas sublime ». « En l'espace de quelques paragraphes, l'infatigable agent et promoteur artistique de Therbusch s'est donc transformé en son plus féroce détracteur ».
 

Le portrait de Diderot par Mme Therbusch : la duplicité du philosophe


Salon de 1767. Œuvres de Denis Diderot. Tome 10, 1821

  
S’il manifeste quelque intérêt pour des œuvres comme Une femme de distinction qui secourt la peinture découragée ou Un grand seigneur qui ne dédaigne pas d'entrer dans la chaumière du paysan malheureux, son jugement est sans appel en ce qui concerne les portraits présentés au Salon par Mme Therbusch. Seul trouve grâce à ses yeux son propre portrait, qu’il juge même supérieur à ceux de Roslin, académicien reconnu de l'aristocratie avec Van Loo (qui a peint aussi le philosophe, voir infra), Duplessis, Drouais, La Tour et quelques autres pour leur extraordinaire talent de portraitiste :


Salon de 1767. Œuvres de Denis Diderot…Tome 9, 1821

 
Représenté à l’Antique, le visage tourné vers la droite, le buste en partie dénudé, l'original du portrait de Diderot peint par Madame Therbusch est perdu, mais l'image reproduite en émail par Pasquier survit dans une version gravée par Pierre Bertonnier en 1821 :


Portrait de Denis Diderot. Pierre-François Bertonnier,
d'après un tableau de Anna Dorothea Therbusch (Wikipedia)

 
« Dans une page étourdissante de verve », Diderot fait le récit d’une surprenante séance de pose dans laquelle il rapporte avoir spontanément accordé à l'artiste un déshabillage intégral :

Cet épisode, perçu comme un interlude humoristique et libertin, appelle aussi la désapprobation sur l’initiative d’un incorrigible fat qui semble tirer vanité de cette inutile et ridicule indécence. En effet, en réponse à la requête de l’artiste qui lui demande juste de dégager son cou, Diderot décide de poser entièrement nu alors qu’il suffisait au modèle… d’enlever sa chemise. De sorte que l’on est en droit de se demander, comme Bernadette For, « comment interpréter le déshabillage de Diderot devant Madame Terbouche ». L’anecdote démontre la confusion du philosophe confronté au phénomène de la femme artiste. Diderot approuve et admire l’audace de la Prussienne qui s’est rendue célèbre dans les milieux artistiques en peignant d'après le nu masculin : « Celle-ci a eu le courage d'appeler la nature et de la regarder. Elle s'est dit à elle-même, je veux peindre et elle se l'est bien dit. Elle a pris des notions justes de la pudeur. Elle s'est placée intrépidement devant le modèle nu. Elle n'a pas cru que le vice eût le privilège exclusif de déshabiller un homme » En posant nu, cherche-t-il à s’en assurer en mettant Therbusch à l'épreuve de ses propres principes ? Inversant les rôles conventionnels entre les sexes, Diderot s’est improvisé modèle hors de tout cadre institutionnel et saisit la séance de portrait comme prétexte à un exhibitionnisme déconcertant, exercice périlleux qui met « Adam » en difficulté pour garder le contrôle de sa virilité, comme il le déclare lui-même cavalièrement, en restant cependant maître de ses sens. La nudité de Diderot, soudain étalée sous les yeux d’une femme qui tente d’exercer son métier de peintre, risque de lui faire perdre contenance et de la compromettre. Madame Therbusch montre qu'elle peut effectivement concilier son identité de femme avec celle d'artiste ; continuant à peindre imperturbablement, elle le remercie poliment de son initiative, dédouanant de la sorte le philosophe de son comportement pour le moins licencieux. En rendant l’anecdote publique, Diderot cherche probablement à prouver l’absence d’une liaison avec sa protégée et à échapper ainsi à la rumeur selon laquelle il « a passé pour avoir couché avec une femme qui n’est pas jolie ».


Portrait de Denis Diderot. Louis-Michel VanLoo, 1767
  

« L’indigne Prussienne »…

Bons nombres de spéculations suivent les péripéties de la relation tumultueuse entre Diderot et Madame Therbusch. Diderot lui-même conte brièvement son aventure avec la Prussienne à Sophie Vollant. Dans une liste des treize maitresses de Diderot figure le nom de « La Therbouche », à la onzième place, considérée comme « une femme qui fut… la  surnuméraire  des maîtresses de Diderot ». Le dernier paragraphe de l’article de Diderot sur Mme Therbusch au Salon de 1767 donne matière au dénigrement de l’artiste par des chroniqueurs peu scrupuleux. Diderot se présente en pauvre philosophe, bienfaiteur désintéressé bafoué par l’indigne Prussienne. Déjà, dans un courrier adressé à Grimm au sujet du suicide de Desbrosses, qui avait introduit Mme Therbusch en France, Diderot ne peut cacher son embarras à prendre en charge une femme jugée dispendieuse : « La Prussienne, dont le comte de Schullenbourg et vous m’avez embâté, lui a couté un argent infini. Sa mort l’aura soulagé d’une dette considérable ». Le critique accumule les griefs contre la Prussienne, qu’il présente comme une femme au tempérament instable, voire hystérique, ingrate, déloyale et malhonnête :


Profil de Diderot dans Le vrai Voltaire : l'homme et le penseur  par Édouard de Pompéry, 1867
  

… doit regagner Berlin

Que faut-il croire de ce flot ininterrompu de critiques et de contradictions dans lequel surnage le buste encensé de Diderot ? « Depuis que Cochin a réussi à faire taire toutes les critiques d'art anonymes en 1767, il n'y a, au-delà des brefs commentaires dans les journaux subventionnés ou tolérés tels que Le Mercure de France et L'Année littéraire, aucune voix indépendante pour contrer l'article hostile de Diderot sur l'art de Therbusch dans la littérature critique contemporaine ». Quoiqu’il en soit, Madame Therbusch quitte la France au grand soulagement de Diderot, qui ne peut s’empêcher de lancer une dernière pique :


Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot [année 1768],
publiés d'après les manuscrits confiés, en mourant, par l'auteur à Grimm. Tome 2, 1841

 
Femme de caractère, sûre de son art, Madame Therbusch rentre à Berlin où elle reprend rapidement sa place de peintre du roi de Prusse et reçoit en retour tous les honneurs dus à son talent. De son passage en France, sa rencontre avec Diderot fournit au critique d’art la possibilité de formuler une réflexion sur l'art d'une femme. La vision partiale du philosophe confronté à la tâche de donner un sens à cette double identité de femme et d’artiste sème les graines de ce qui servira à alimenter durant des décennies les inclinaisons hostiles envers les femmes peintres. Ce portrait verbal désobligeant de l'artiste prussienne, dressé par Diderot en 1767, trouve une réincarnation récente dans la pièce de théâtre d'Eric-Emmanuel Schmitt (1997) et sa version cinématographique par Gabriel Aghion (2000), toutes deux intitulées Le Libertin, qui reprennent le récit de la rencontre de Diderot avec « Madame Terbouche ».


La Princesse Louise de Prusse en 1782. D’après un portrait de Therbusch
 

L’œuvre d’Anne-Dorothée Therbusch connaît une lente redécouverte dans l'Allemagne du XXe siècle et le texte de Diderot refait surface dans les études en cours.

Nous verrons dans notre prochain billet le parcours de la peintre de natures mortes et de portraits Anne Vallayer-Coster, reçue douzième femme à l’Académie.
 

Pour en savoir plus

Billet rédigé dans le cadre du Forum Génération Egalité.
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