Plus tard, alors que Daniel Mathis soigne Marcelle Rabe, il considère sa mission comme un acte de pure création (et non simplement de soin) ayant la capacité de la faire renaître. En cela, il évoque une idée créative de la médecine, véritable pratique artistique dans la partie VIII : « Lorsque, amené par elle […] une étincelle de sa propre flamme. »
Alors que l’on approche du dénouement du roman, Théodore de Banville décrit avec précision une représentation théâtrale, donnée dans le salon de Claudine, où l’amour apparaît de façon terrible, comme une relation gouvernée par l’argent et le désir. Cela se situe dans la partie XXVII : « Pour obéir à la mode récente […] voir l’intérieur des maisons. »
• Société – Classes sociales
Le roman fait se rencontrer plusieurs milieux. Un milieu artiste, protéiforme, accepté dans de nombreux cercles, mais aussi une bonne société plus bourgeoise, ainsi que le monde des femmes courtisanes. Au début du roman, dans le partie IV, le personnage de Suzanne est présenté dans une extrême misère : « Elle était très près de son terme […] dans la rue La Rochefoucauld. » C’est une brutale et rapide chute qui est décrite ici, commençant avant cet extrait par la situation de femme enceinte abandonnée, puis donnant lieu à une remontée en puissance grâce à l’aide de Marcelle Rabe. Suzanne fait ensuite partie du milieu des courtisanes, un milieu où l’on constate en réalité plus de grandeur que dans la bonne société.
Le parcours social d’une autre femme, Claudine Hua, est un cas différent : il s’agit d’une femme qui fait tout pour échapper à son passé médiocre, vivant presque tout entière pour la vie sociale et ses apparences. Ainsi, Claudine est-elle présentée dès la partie XV comme une femme fausse, souhaitant désespérément ne plus être ce qu’elle était dans sa jeunesse et se façonnant une personnalité sociale et intime extrême : « Hua (Jérôme), fabriquant d’huiles […] âgé de sept ans. »
• Amour – Désir et passion
Marcelle Rabe est un roman d’amour à bien des égards. Daniel Mathis est un amoureux, quelle que soit la femme, aimant avec passion : c’est donc du côté des femmes que se pose en réalité la question de la nature du sentiment. Marcelle Rabe, en particulier, insiste lourdement auprès du médecin sur la monstruosité de l’amour porté par une courtisane, un amour négatif et presque dangereux. C’est un sujet qu’elle développe par exemple dans la partie XII : « Je tâcherai […] de rentrer dans la raison. »
Marcelle Rabe décide donc d'écarter Daniel en lui rappelant un amour du passé : son amie prend alors des informations sur cette femme, Claudine Vandrenne née Hua. Il s’agit d’une stratégie pour le ramener, dans cette partie XVI, à un autre amour qui serait moins dangereux : « Quand le repos fut terminé […] anéantir la chair rebelle. »
L’amour de Daniel Mathis pour Claudine Vandrenne s’avère en réalité dangereux pour son intégrité : entièrement consumé par cet amour extrêmement physique, il perd en quelque sorte son individualité. Cet effet terrible de l’amour est décrit entre autres dans la partie XXV : « Jouant, lui aussi […] à elle, exclusivement. »