Le personnage de Barbarin (futur Tartarin) de Tarascon est présenté selon les modalités d’une double identité : aventureux et près à en découdre avec ses ennemis – réels ou imaginaires – Tartarin est identifié à Quichotte lui-même. Mais son goût du confort en fait un véritable Sancho Pansa, peu enclin à quitter sa vie quotidienne. On trouve donc au chapitre 6 de la Première partie un portrait du personnage éponyme en Barbarin-Quichotte et Barbarin-Sancho : « Avec cette rage […] jamais quitté Tarascon. »
Les références sont nombreuses et riches dans le roman : on y croise un chameau digne hériter de Rossinante, une femme aimée, Baïa, qui n’est pas la belle dame que voit Tartarin, etc. Un exemple parlant est celui de la fausse interprétation qu’a Tartarin de la situation, alors qu’il descend du bateau à Alger. Entouré d’une multitude d’africains, il est prêt à se battre – enfin ! – pour se protéger, alors qu’il ne s’agit que de portefaix. Dans cette scène du chapitre 2 de la Deuxième partie, on peut voir une réécriture de l’épisode des moulins mais à l'époque des colonies : « Ces forbans-là, Barbarin les connaissait […] montrant leurs dents blanches. »
• Exotisme et autrui – Exotisme et lointain
Les aventures de Tartarin sont fondées sur un désir d’exotisme, de lointain. L’attrait même de la chasse au lion est qu’elle n’aura pas de commune mesure avec la vie à Tarascon. C’est donc un désir de lointain pour son exotisme que l’on retrouve dans plusieurs extraits du roman.
Dans le chapitre 4 de la partie I c’est la problématique de l’exotisme désiré – au point presque de l’inventer – qui est présentée : « Et pourtant, en dépit de tout, […] qu’est-ce qu’ils seraient venus faire à Tarascon ? »
À cela le chapitre 3 de la partie II propose un miroir très intéressant. Arrivé à Alger, Tartarin est déçu de ne pas trouver l’exotisme qu’il recherche : « Aux premiers pas qu’il fit dans Alger […] tout le monde se retira discrètement. »
• Les lieux – La campagne, la nature
Le roman est entièrement baigné dans une atmosphère d’exotisme recherché et, dans l’ensemble, décevant – si l’on excepte les effets de vraisemblance qui touchent davantage le lecteur que Tartarin. Néanmoins, cet ailleurs est défini par rapport à une représentation de la vie de province, caractérisée par une certaine lenteur et des habitudes profondément ancrées, et un peu dérisoires, comme on le voit surtout dans la Première partie, chapitre 2 : « Vous saurez d’abord que là-bas […] C’est déshonorant ! »