Dans la deuxième partie, Ernest se trouve face au problème de sa supercherie : son charme agit sur Modeste, à son avis, du fait qu’elle le pense poète et c’est cette figure d’artiste qui la séduit : « Quand une femme […] son protecteur. » Le fossé entre eux est autant celui de la fortune retrouvée de Modeste que celui de la fausse identité qui lui permet de la séduire.
Dans la troisième partie, les efforts de Canalis pour séduire Modeste sont mis en avant, mais aussi et surtout sa fausseté et le décalage qui existe entre l’impression qu’il cherche à donner, artistique et fine, et sa vanité. On le voit ici, jouant de sa parole parisienne : « Butscha, comme tous […] les déclamations du discoureur. »
• Histoire du texte et métatexte – Le roman qui parle de littérature
Le caractère romanesque de Modeste, et ses aspirations potentiellement romantiques, sont exprimés dans le roman par la référence à la littérature de l’époque : « Modeste, fit-elle observer […] et surtout de l’Angleterre. » On constate ici la différence entre les exaltations de Modeste et l’incompréhension de la femme du peuple, pour qui les personnages sont loin de la réalité.
En effet, la lecture est pour la jeune fille un moyen de se réfugier loin de la réalité, et dans le roman nombre de références sont faites directement à des ouvrages, tout particulièrement romanesques, qui préfigurent la chute possible de Modeste. Ainsi, elle se met en situation par l'imagination, dans un rapport très méta-textuel au texte. Le roman fait référence à des personnages romanesques, avec lesquels Modeste s’identifie : « À la période affamée […] auquel elle prenait un parti. »
• Famille – Amour et lien filial
La jeune Modeste a pour sa mère dont elle s’occupe un véritable amour. La mère est clairvoyante, capable de comprendre sa fille, du fait de leur lien familial : « On peut maintenant deviner […] ne vous en êtes pas aperçus. » De même, Modeste a de l’amour pour sa sœur, malgré ses erreurs, précisément parce qu'elles sont liées par le sang : « L’autre événement plus grave encore […] d’un ton de voix déchirant. » Cet amour a une forme de beauté, mais il est également problématique : Caroline, la fautive, aime son père et souhaite son pardon. Quant à Modeste, l’amour qu’elle conserve pour sa sœur la pousse en réalité sur la même pente dangereuse.