• Société – Classes sociales
Le roman traite en large part de la noblesse déchue, et de la conscience de classe de celle-ci, qui est en réalité très largement à l’origine de son inévitable perte de statut : à trop vouloir conserver des manières et privilèges d’un autre temps, les d’Esgrignon s’interdisent de s’adapter et d’évoluer avec la société.
Ainsi, au tout début du roman, la famille est présentée par le biais de ces origines, où point la conscience aiguisée voire exacerbée d’une exceptionnalité et d’une pureté de la race : « Le nom de Carol […] le titre de duc. » La version publiée dans le Constitutionnel commence un peu plus tard, par rapport au texte définitif, mais on y trouve tout aussi clairement dès le début cette notion de classe et de position politique : « À Paris, les hommes sont des systèmes […] que ces éclaircissements sont indispensables. »
Le comportement typiquement aristocratique, qui est en décalage avec l’époque du jeune héritier Victurnien, est décrit avec précision dans le roman qui met en avant un véritable effet de décalage : « Quand Victurnien eut dix-huit ans […] en paraissant la servir. » La fin du roman entérine l’échec de cette grande famille qui ne parvient pas à conserver sa grandeur réelle, puisque l’héritier finira par faire le choix d'une mésalliance devenue indispensable à sa survie : « Un mois après l’arrêt […] nul souci. »
• Femme et féminité – Fortes figures de femme
Le roman laisse peu de place aux femmes, on en trouve néanmoins quelques modèles : Mlle Armande, tante aimante de l’héritier présomptueux, ou encore Mme Camusot dont l’esprit très parisien cherche à s’épanouir à la campagne. Mais la figure féminine la plus forte du roman est la duchesse de Maufrigneuse, personnage récurrent de la Comédie humaine et figure de séductrice. Elle est dépeinte plusieurs fois.
Tout d'abord sous les traits d’une beauté particulière et insaisissable, et Balzac ajoute une pique à l’égard des éloges dithyrambiques faites aux femmes : « La poétique auréole chaussée […] que la littérature ne peindra jamais. » Un peu plus tôt dans le même numéro, l’aspect angélique de sa beauté est décortiqué et mis à nu comme une méthode : « En s’amourachant de Victurnien […] presque jaloux de Victurnien. »
À la fin, pour mieux aider Victurnien, elle se déguise en homme afin de se déplacer en province, donnant ainsi à voir une autre facette de sa personnalité, entreprenante et sans crainte, mais également capable de dissimulation.
• Les lieux – La province
Classé dans les Scènes de la vie de province, ce roman propose une description féroce et détaillée d’une société fermée sur elle-même, ayant ses préoccupations tournées vers Paris ou vers elle-même. Cela implique un nombre de personnages limité, et également une férocité personnelle accrue, sur une scène sociale resserrée.
Ainsi, le roman propose un tableau tout particulièrement intéressant dans le cas contrasté des magistrats de la petite ville de province, chacun ayant ses propres intérêts : celui-ci n’apparaît pas dans la version publiée en feuilleton, plus courte.