Les traités avant la Révolution

La deuxième moitié du XVIIIème siècle est marquée par l'ouvrage de Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l'éducation, et  par l'expulsion de la Compagnie de Jésus. L'intérêt pour l'éducation se manifeste par la publication de nombreux écrits (plans et traités).

Portrait de Rousseau
Portrait de Rousseau
Une référence incontournable et quelques figures marquantes

Publié en 1762 à la Haye, condamné par le Parlement de Paris, commenté dès sa parution, Émile ou de l'éducation de Jean-Jacques Rousseau, "citoyen de Genève",  est la référence incontournable, une source d'inspiration qui influencera durablement les auteurs, acteurs et théoriciens de l'éducation. Dans le Nouveau dictionnaire de pédagogie, Jules Steeg, auteur de la notice consacrée à Rousseau indique : "ce sont les idées justes de Rousseau qui ont fait leur chemin dans le monde et ont puissamment servi à fonder la pédagogie moderne". Son influence dépasse le cadre francophone ; il inspirera également les théoriciens germaniques de la pédagogie au XIXème siècle, tels que Pestalozzi et Froebel. 
Outre Jean-Jacques Rousseau, plusieurs auteurs l'ayant précédé sont souvent mentionnés : Charles Rollin, De la manière d'enseigner et d'étudier les belles-lettres, par rapport à l'esprit et au coeur, (1726-28), l'Abbé Girard, les philosophes qui se sont intéressés à l'éducation, en particulier John Locke (qui a influencé Rousseau) et dont Gabriel Compayré publiera en 1882 une traduction française de "Some thoughts concerning education", Montaigne (Essais) ou Helvétius.
Mme de Genlis est également une figure marquante pour les auteurs de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècle. Gouvernante des enfants du duc de Chartres et en charge de leur éducation qu'elle assurera personnellement (dont celle du futur roi Louis-Philippe), auteur prolixe, Stéphanie-Félicité Du Crest comtesse de Genlis est l'une des figures influentes de la fin du XVIIIème siècle notamment pour la formation des élites.

La suppression de la Compagnie de Jésus implique la recherche de solutions nouvelles. À l'initiative de parlementaires, des propositions sont alors publiées, en particulier l'Essai d'éducation nationale ou Plan d'éducation pour la jeunesse paru en 1763 de Louis René Caradeuc de Charolais, Procureur général du roi au Parlement de Bretagne.
Les titres des essais et plans font souvent état de la nécessité de réformes : Essai sur les moyens de réformer l'éducation particulière et générale, destiné à l'instruction des peres & meres, à celle des directeurs de collèges & de tous les éducateurs (1764).
Le rôle et la formation des maîtres font également l'objet de propositions tel le Mémoire sur la nécessité de fonder une école pour former des maîtres, selon le plan d'éducation donné par le Parlement en son arrét du 3 septembre 1762 de l'abbé Pélicier. La formation des élites, en raison de l'origine des auteurs, est présente dans ces textes. Certains auteurs manifestent néanmoins des préoccupations philanthropiques : Plan d'éducation nationale, en faveur des pauvres enfans de la campagne, (1779) ou s'intéressent aux besoins d'éducation d'une population plus large : Plan ou essai d'éducation général et national, ou la meilleure éducation à donner aux hommes de toutes les nations (1783). L'éducation familiale dans la sphère privée suscite également essais, réflexions, conseils destinés aux précepteurs ou aux parents.