La reine-des-prés
Appréciée des abeilles, la reine-des-prés a donné son nom à l’aspirine, en raison de ses propriétés médicinales reconnues.
La reine-des-prés (Filipendula ulmaria) fait partie de l’ample famille des Rosacées comme la pimprenelle, la rose ou le merisier. Avec une douzaine d’autres espèces, elle forme le genre Filipendula. La spirée filipendule ou filipendule commune (Filipendula vulgaris) possède comme elle des propriétés médicinales.
Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales, Paris, 1891
Les noms de la reine-des-prés décrivent son aspect et son milieu : belle des prés, barbe des chênes, barbe de bouc, fleur des abeilles, herbe aux abeilles, ormière, grande potentille, vignette… En effet, cette plante vivace aime les milieux humides, les bords des cours d’eau et des fossés. Ses feuilles ressemblent à celle de l’ormeau (ulmo en latin), et ses petites fleurs blanc-jaunâtre très odorantes sont très recherchées par les abeilles. Elle fut baptisée Spiraea ulmaria par Linné en raison de ses fruits spiralés. Et le terme Filipendula vient de ses minces racines rappelant des fils pendants.
Jean-Augustin Barral, Le règne végétal, Paris, 1867
Plante herbacée d’un à deux mètres de haut, la reine-des-prés se propage par son rhizome. Elle pousse dans toute la France jusqu’à 1700 m d’altitude mais se fait plus rare en région méditerranéenne, plus sèche, et est absente de Corse. Rustique, elle peut former d’immenses colonies. La disparition des zones humides a affecté sa répartition.
Ses propriétés antirhumatismales et diurétiques sont mises en évidence par Obriot curé de Trémilly. Le Suisse Pagenstecher distille des fleurs et y découvre un aldéhyde salicylique. Quand, à la fin du 19ème siècle, Félix Hoffmann élabore l’ acide acétylsalicylique à partir de l’acide salicylique tiré du saule, il lui donne le nom d’ aspirine, d’après la spirée, nom de la reine-des-prés.
Cette dernière intervient aussi dans l’alimentation : elle aromatise les crèmes et les desserts, les dentifrices et les boissons. Elle est mise à macérer dans le vin ou la bière. Ses fleurs donnent une saveur d’amande à l’hydromel, et transforment le vin blanc doux en muscat. Enfin, la plante connaît aussi une utilisation ornementale durant l’Antiquité et le Moyen Âge : elle entrait dans la composition des couronnes de mariage. Quoi d’étonnant pour une reine ?
Philippe Eberhardt, Les plantes médicinales et leurs propriétés, Paris, 1927
Pour aller plus loin
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