Les plantes vivaces
Les plantes vivaces regroupent toutes les espèces végétales qui peuvent vivre plusieurs années grâce à des réserves souterraines généralement. Elles comptent de nombreuses plantes herbacées, mais aussi tous les arbres et arbustes.
La définition des plantes vivaces est relativement ancienne puisqu’elle apparaît dans l’édition de 1702 du Dictionnaire universel d’Antoine Furetière : « plante dont la racine ne périt pas, après qu’elle a donné sa semence. On en trouve plusieurs parmi celles-ci qui sont toujours vertes ; comme, le cabaret, le violier , etc. et d’autres qui perdent leurs feuilles pendant une partie de l’année ; comme le pas-d’âne, le pied de veau, la fougère, etc. »
Les plantes vivaces sont représentées depuis l’Antiquité dans les documents botaniques. An Moyen Âge, les herbiers sont des manuels de botanique médicale qui décrivent les propriétés médicinales des plantes. Les ouvrages de Dioscoride sont ainsi recopiés pendant plusieurs siècles, rendant parfois les plantes décrites difficilement reconnaissables. A l’aube de la Renaissance, la qualité de la représentation botanique s’améliore avec des artistes comme Jean Bourdichon dans les Grandes Heures d’Anne de Bretagne.
L’apparition de l’imprimerie au milieu du 15ème siècle ne bouleverse pas tout de suite les ouvrages botaniques. En effet, les premiers livres imprimés reprennent des œuvres manuscrites des siècles précédents, tant pour le texte que pour l’illustration, comme en témoigne le Gart der Gesundheit. Il faut attendre les années 1530-1540 pour que les illustrateurs se mettent à travailler à partir de modèles vivants. Des auteurs comme Leonhart Fuchs doivent également intégrer dans leurs ouvrages les milliers de nouvelles espèces découvertes grâce aux voyages d’exploration. De cette époque remontent également des techniques comme l’impression naturelle qui consiste à encrer une plante et à la poser sur une feuille de papier, laissant ainsi l’empreinte de la plante.
Le 17ème siècle est marqué par un engouement pour les jardins et les productions horticoles. Les plantes ornementales sont décrites dans un nouveau type d’ouvrage : les florilèges, à l’instar du Florilegium d’Emanuel Sweerts, qui lui sert aussi de catalogue de vente. De grands collectionneurs de plantes décident d’immortaliser leurs collections en demandant à des peintres de vélins de représenter les plantes présentes dans leurs jardins. Ainsi, Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, confie à Daniel Rabel le soin de peindre les collections horticoles de son château de Blois. Il lègue ces vélins à son neveu Louis XIV qui l’enrichira ; cet ensemble est aujourd’hui connu sous le nom de Vélins du Muséum.
La science progresse grâce aux voyages réalisés par des naturalistes comme le père Plumier. Ce religieux effectue plusieurs voyages en Amérique et aux Antilles à la fin du 17ème siècle et en ramène plusieurs manuscrits dont il réalise à la fois le texte et les illustrations. A la même époque, le botaniste Joseph Pitton de Tournefort part herboriser en Grèce et Asie mineure, accompagné de Claude Aubriet, peintre de vélins, pour l’illustration. Il met également au point un système de classification des plantes basé sur les fleurs.
La richesse des découvertes depuis la Renaissance entraîne la création de cabinets de curiosités comme celui d’Albertus Seba au 18ème siècle, rassemblant quantité d’animaux, de plantes et d’objets insolites. Les ouvrages botaniques ne peuvent plus décrire tout le règne végétal en un seul ouvrage et se spécialisent dans une ère géographique donnée –il s’agit de flores comme la Flora Parisiensis de Pierre Bulliard – ou dans un type de végétal. La dendrologie étudie les arbres comme dans le Traité des arbres et arbustes que l’on cultive en France en pleine terre de Duhamel du Monceau. La pomologie, quant à elle, se penche sur les fruits, encouragée par Louis XIV et par La Quintinie, créateur du Potager du roi à Versailles. De nombreux princes l’imiteront comme le prince-évêque de Wurtzbourg dans sa Pomona Franconica. Les fruits exotiques sont recherchés comme l’ananas, les agrumes des régions méditerranéennes ou les fruits chinois représentés par le peintre Youqua au 19ème siècle.
Le 19ème siècle voit l’horticulture gagner toute la société. Elle est stimulée par l’intérêt de grands personnages comme l’impératrice Joséphine qui entretient des espèces rares à la Malmaison et les fait représenter par le plus célèbre artiste botanique, Pierre-Joseph Redouté. Ce dernier est connu pour ses planches de roses, fleur prisée par l’impératrice et qui voit naître un nouveau secteur productif : la rosiculture. De nombreuses revues apparaissent alors, dont la plus connue est la Revue horticole. Elles décrivent les nouvelles obtentions de fleurs, mais aussi de plantes à feuillages colorés ou de légumes. En effet, les plantes alimentaires connaissent une aussi grande diversité que les plantes ornementales. La famille Vilmorin propose ainsi, dans son Album Vilmorin, les dernières nouveautés de ses pépinières.
La botanique, discipline sérieuse, inspire des auteurs facétieux comme Walter Crane qui, à la fin du 19ème siècle, orne ses poèmes de personnages dont le costume évoque la plante décrite. Le caricaturiste Grandville recourt à un procédé similaire dans ses Fleurs animées. Des manuels du début du 20ème siècle expliquent aussi comment s’amuser avec les plantes à portée de main ; un gland se voit ainsi transformer en poupon. Les jouets recyclables existaient déjà il y a un siècle !
Ce parcours dans la botanique à travers les siècles vous a montré la richesse des plantes vivaces, qui a donné lieu à un rendez-vous Gallica à l’occasion du festival Vivaces, dont vous pouvez écouter la capture audio intégrale. Pour plus ample information, les plantes vivaces se retrouvent également dans les parcours Gallica sur les jardins et l’illustration botanique.
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