Ce dernier a pour mission d’y déposer un prêtre de la Société des missions étrangères de Paris, Augustin Forcade, et d’annoncer aux dirigeants du royaume sa venue prochaine pour signer un traité d’amitié et de commerce (
Bulletin de la Société de géographie de Rochefort-sur-Mer, 1908). Ces derniers, tout en protestant, consentent à l’installation du missionnaire. Retenu en Chine, l’amiral Cécille n’arrive à Okinawa qu’en juin 1846, avec une escadre de trois navires. Malgré son insistance, et après un mois et demi de discussions, il quitte Okinawa sans avoir obtenu aucun accord. Il se rend ensuite à Nagasaki, où il jette l’ancre le 29 juillet, avec pour projet de prendre contact avec les autorités. Mais sa démarche se heurte à un refus intransigeant et aucun membre de son escadre n’est autorisé à mettre pied à terre.
"Notre royaume est un pays de petite importance [...]. Nous prions donc le grand commandant [...] de nous faire l'insigne grâce d'avoir pitié de nous et de nous dispenser de l'alliance et du commerce". Les autorités du Royaume acceptent d'abord d'héberger contre leur gré le missionnaire. Après son départ en juillet 1846, deux autres prêtres des MEP séjournent à Okinawa, Pierre Leturdu et Mathieu Adnet. Ce dernier meurt à Okinawa le 1
er juillet 1848. Pierre Leturdu rejoint Hong-Kong en septembre 1848 sur la
Bayonnaise, commandée par Jurien de la Gravière (
Voyage en Chine et dans les mers et archipels, 1854). La marine nationale suspend alors son aide aux missionnaires pour ne pas risquer de contrarier son objectif principal, qui est de voir s’ouvrir le Japon.
Aidé de deux missionnaires interprètes, le contre-amiral Guérin signe le 24 novembre 1855 une Convention entre la France et les îles Lieou-Khieou en 11 articles (
Bulletin de géographie historique et descriptive, 1910). Cet accord ne sera jamais ratifié.
La France se désintéresse peu à peu du royaume au fur et à mesure que le Japon y resserre son emprise. Dans l'article "Une visite aux îles Lou-Tchou" (
Le Tour du monde, 07-12/1882), le lieutenant de vaisseau J. Revertegat relate sa visite au château royal de Shuri, en compagnie du commandant de
La Clocheterie, Henri Rieunier, et d’autres officiers. En avril 1879, Tôkyô proclame la disparition du royaume des Ryûkyû et la création du département d’Okinawa. C’est en vain que le royaume fait appel à la diplomatie française lors de son annexion au Japon en 1879 (voir Henri Cordier, "Les Français aux îles Lieou K'ieou",
Bulletin de géographie historique et descriptive, 1910
).