Georges-Ferdinand Bigot (1860-1927)

Au Japon, les scènes de la vie quotidienne, les paysages, la représentation des métiers et les portraits deviennent ses sujets de prédilection qu’il traite dans des techniques diverses telles que la peinture à l’huile, l’aquarelle, la gouache, le crayon noir et l’estampe. Les œuvres gravées pendant les quatre premières années de son séjour laissent percevoir une influence des estampes japonaises, notamment de celles de Hokusai.

Lorsqu’il arrive au Japon en 1882, Bigot trouve un emploi de professeur de dessin à l’École militaire japonaise, qui lui laisse le temps de se consacrer à son art. Il retranscrit dans un carnet de dessin les scènes et les personnages qu’il croise lors de ses promenades dans des rues de Tokyo et dans les environs. L’album de lithographies, Asa, est le fruit de ce travail régulier.

Probablement un des albums les plus connus de Bigot au Japon, Croquis japonais est également un des plus artistiques. Les trente eaux-fortes qu’il contient ont été exécutées en 1886 soit quatre ans après son installation au Japon. Les sujets choisis sont étroitement liés à ses domaines de curiosité. Il s'apparente aux albums de la même période : O-Ha-Yo (1883) et Ma-Ta (1884).

Dans Tōbaé, journal satirique publié de 1887 à 1889 au Japon, dont une partie est conservée à la Bibliothèque nationale de France, il exprime librement son engagement politique comme son soutien pour le mouvement démocratique japonais, actif au tournant du siècle. Il manifeste aussi son anticléricalisme et son mépris envers la modernisation accélérée par le gouvernement japonais.

Vers la fin du siècle, la sympathie de Bigot envers le Japon et les Japonais se transforme en défiance. Le Traité de commerce entre la France et le Japon signé à Paris, le 4 Août 1896, comporte vingt-six lithographies qui illustrent essentiellement l'attitude hostile des Japonais envers les étrangers.

Après son retour en France en 1899, le japonisme de Bigot semble prendre une autre dimension. Sa nostalgie du Japon représenté dans l’ukiyoe se mêle à celle du Japon moderne qu’il a connu. Elle s’exprime dans les dessins réalisés, après 1907, pour l’imagerie Épinal. Tout en continuant à contribuer à la presse, notamment pour les sujets japonais, Bigot tente d'exposer ses œuvres aux salons officiels, d’après les dessins qu’il a réalisés au Japon : il présente en 1903 son tableau Plage d’Inagué au Japon.

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Lorsque Georges Bigot naît en 1860 dans le cinquième arrondissement de Paris, l’intérêt pour l’Extrême-Orient en France commence à s’accroître jusqu’à aboutir à l’engouement artistique qu’est le japonisme.
C’est dans cette ambiance qu’il entre, vers 1875, dans l’atelier de Félix Buhot, peintre et aquafortiste reconnu comme japonisant à l’époque. Tout en apprenant la technique de la gravure à l’eau-forte, il se familiarise avec des objets venus de l’archipel nippon et notamment avec les estampes. En 1882, ses rencontres et sa curiosité le conduisent au Japon.
Si Bigot n’est pas le seul artiste à avoir fait le voyage au Japon, il est le seul à s’y être installé pendant dix-sept ans, en en maîtrisant la langue et en s’intégrant dans la société sans le soutien de l’État français. Cette particularité en fait un représentant à part du japonisme.