Le textile : de la fibre aux vêtements
Gallica vous propose un nouveau parcours, "Textile : de la fibre aux vêtements", réalisé avec le concours de la bibliothèque centrale du Conservatoire national des Arts et métiers. Suivez le fil des tissus, des matières premières qui les composent, des métiers qui les assemblent ou des colorants qui les teignent. Démêlez l'écheveau des techniques artisanales, industrielles ou du "fait-maison".
Des matières premières, végétales et animales
L’utilisation des fibres textiles est ancienne. C’est le cas du lin et du chanvre ou encore de l’ortie dont la fibre est utilisée au XIXe siècle dans la confection des draps, filets de pêche ou fil à coudre. D’autres fibres sont moins connues comme les agaves (la sisal ou la pitte/pite), l’arrouma (un petit palmier), le jute, la ramie (ou ortie de chine), la piña (terme signifiant ananas en espagnol).
Ortie de chine, Yoeequa, Plantes et arbres qui intéressent l'industrie. 1830-1840
La laine est principalement issue de moutons dont la domestication et les croisements ont permis d’obtenir des « bêtes à laine ». Dans l’Europe médiévale, l’industrie de la laine se perfectionne en proposant des draps, lourds et résistants, de bonne qualité faisant la fortune de villes drapantes. De nouvelles laines, plus légères comme celles provenant des mérinos, importés d’Espagne, sont plébiscitées par l’industrie textile à partir du XVIe siècle. La laine trouve de nouveaux débouchés dans la bonneterie pour la fabrication de bas de laine et de bonnets.
Le coton est une fibre végétale issue d’arbustes de la famille des Malvacées qui poussent dans les régions tropicales et subtropicales, sa croissance nécessitant soleil et eau. Son emploi se développe en Europe à partir du XIIe siècle. La mode des cotonnades indiennes se répand au XVIe siècle. En réaction, de grandes filatures s’installent par exemple à Mulhouse pour proposer leur production de cotonnades. L’histoire du coton est aussi marquée par l’esclavage qui assure la prospérité des propriétaires de plantations au détriment des droits humains.
Yoeequa, Culture, apprêts et emploi du coton
La soie est produite par la chenille du papillon appelé bombyx du mûrier. Le secret de fabrication de ce produit luxueux a longtemps été jalousement conservé par la Chine. L’élevage du bombyx demande des soins attentifs et une main-d’œuvre qualifiée. Sa chenille consomme des feuilles de mûrier et tisse un cocon dans lequel elle se transforme en papillon. C’est alors que les cocons sont ébouillantés et dévidés pour produire un fil unique, fil, très résistant et très long (un kilomètre de long). Après traitement et moulinage, cette soie grège produit un fil qui, une fois tissé, donne des vêtements légers et brillants. La sériciculture est encouragée par les souverains. Des régions se spécialisent dans ce produit comme la vallée du Rhône et Lyon.
Transformation des matières premières
Les fibres textiles sont ensuite transformées. Le filage s’effectue au fuseau et à la quenouille avant que le rouet, venu d’Inde au XIIIe siècle ne s'impose. Au milieu du XVIIIe siècle, le filage se mécanise avec la mise au point de la Mule Jenny par James Hargreaves en 1765, et du métier à filer par Richard Arkwright. Deux mouvements s'opèrent ainsi, d'une part une spécialisation des opérations textiles avec des machines dédiées (ourdissage, cardage, mise en bobine..) et d'autre part une concentration des activités textiles au sein de vastes filatures.
Deux techniques d’assemblage coexistent : le tricotage qui ne nécessite qu’un fil formant des boucles et le tissage : sur un métier horizontal ou vertical on fait s’entrecroiser deux fils, un fil de trame et un fil de chaîne. Cet entrecroisement détermine l’armure d’un tissu. Les dictionnaires spécialisés s’attachent à décrire les spécificités de chaque tissu en fonction de leur armure.
Les métiers à tisser se perfectionnent (invention de la navette volante par John Kay équipée de roues pour la faire glisser d'une lisère à l'autre) et donnent lieu à de nombreuses planches techniques dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert. En 1801, à partir des inventions de Basile Bouchon, de Jean-Baptiste Flacon et de Jacques de Vaucanson, Joseph-Marie Jacquard met au point un métier à tisser à cartes perforées capable de réaliser des motifs complexes. Son expérimentation à Lyon provoque la révolte des Canuts qui craignent d'être mis au chômage.
La teinture et la chimie industrielle
L'usage de plantes tinctoriales et de sources animales ou minérales pour la teinture des fils et tissus remonte à l'Antiquité. La teinture rouge s'obtient grâce à la garance ou la cochenille, les teintures jaunes sont tirées de la gaude ou en Asie du safran et du curcuma. Pastel et indigo fournissent les teintes bleues. En 1841, Carl Julius Fritzsche met au point l’aniline à partir de goudron de houille. En 1856, en tentant de synthétiser la quinine, William Henry Perkin (1838-1907) découvre "la mauvéine" nommée ainsi en raison de sa couleur violette. La chimie industrielle des colorants se met en place et l'éventail des couleurs disponibles s'élargit.
A. Wurtz, Progrès de l'industrie des matières colorantes artificielles. 1876
La confection : ouvrages professionnels et manuels d’amateurs
La vie du tissu se poursuit : il peut être utilisé dans la fabrication de tissus d’ameublement, de tapis et de tapisseries ou pour la confection d’accessoires (chapeaux, éventails, manchons....). Notons également que la Marine est grosse consommatrice de cordages de chanvre ou de toiles de coton pour les voiles.
Charles Compaing, L'art du tailleur : traité complet de la coupe des vêtements. 1863
Enfin, le tissu peut être mis en forme pour devenir un vêtement. Il lui faut passer par les mains habiles d’un tailleur qui maîtrise la coupe et l'art d’établir des patrons en respectant des règles de proportion. Il peut passer par les mains d’amateurs, à destination desquels fleurit une abondante littérature. A l’instar de la revue « La Boîte à ouvrages » ou des manuels Roret, ces ouvrages traitent des travaux d’aiguille : modèles de vêtements à confectionner, broderie, dentelle, macramé, crochet ou tricot.
Agnès Verboom, Manuel pratique du tricot. 1863
Que ce soit en suivant le fil, en opérant boucles et crochets, par croisements ou entrelacements, Gallica vous souhaite une belle découverte textile avec ce parcours qui sera amené à s’enrichir régulièrement de nouvelles sélections.
Pour aller plus loin
Retrouvez tous les billets de blog sur les tissus et le textile.
Commentaires
felicitations
très intéressant tout cela. Merci!
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