L'ouverture jusqu'aux années 1880

Au 1er juillet 1859, un voyageur français ne peut débarquer au Japon que dans trois ports : Yokohama, Nagasaki ou Hakodate. En accord avec les traités "inégaux" signés en 1858 avec les cinq plus grandes puissances occidentales, le gouvernement shogunal autorise les négociants occidentaux à y résider, à condition de limiter leurs activités au seul commerce. Yokohama n'est d'abord qu' un modeste village de pêcheurs. En quelques années cette bourgade, va se transformer en une ville portuaire moderne, vivant au rythme des départs et des arrivées des navires marchands occidentaux et de la foule bigarrée qui se presse sur les quais.

La venue au Japon des tous premiers étrangers se fait à l'occasion de mission diplomatique, militaire ou économique. La France coopère à la modernisation de l’Etat japonais dès l’époque Bakumatsu (fin du régime shôgunal) et poursuit sa mission sous le gouvernement de Meiji. Les officiels étrangers séjournent quelques mois (A. de Moges, Souvenirs d'une ambassade en Chine et au Japon en 1857 et 1858, 1860) ou plusieurs années au Japon et s’en retournent en Europe avec des malles pleines de carnets noircis de notes ou de croquis, de journaux, de lettres de voyage...

En 1876, le voyageur et industriel lyonnais Emile Guimet est mandaté en Extrême-Orient par le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts français, pour enquêter sur les religions orientales (E. Guimet, Rapport au ministre de l'Instruction publique et des beaux-arts sur la mission scientifique de M. Émile Guimet dans l'Extrême-Orient, 1877). Il arrive sur place peu après que le gouvernement de Meiji ait mené une violente campagne hostile au bouddhisme. Ce dernier cherche en effet à promouvoir le shintoïsme comme religion d’Etat, rompant ainsi avec une tradition syncrétique multi-séculaire.

Lors de son séjour japonais, Guimet cherche à retrouver les traces du Japon traditionnel tout en empruntant les voies nouvelles que le Japon moderne met en place. Il est accompagné du dessinateur Félix Régamey à qui il revient de "croquer" tous les détails pittoresques de la vie quotidienne (F. Régamey, Portrait de Hyakutaro, tireur de pousse-pousse, 1876 ) rencontrés lors de leurs Promenades japonaises. Tokio-Nikko (E. Guimet et F. Régamey, 1880).

>

En 1858, le Japon est contraint d'ouvrir ses ports au commerce international. Il s'ensuit bientôt, après la Restauration de Meiji, une politique volontariste de modernisation du pays : cette période est appelée Bunmei-Kaika “ouverture à la civilisation”. Les premiers voyageurs à relater leur séjour sont des diplomates, des envoyés officiels. Ils sont suivis de près par des ingénieurs, juristes, militaires, conseillers de tous ordres invités par le gouvernement de  Meiji pour l'assister dans cette tâche.