Les grands collectionneurs d'art japonais

Cette page vous emmène à la rencontre des premiers collectionneurs d'art japonais en France.

Le démon de la collection se saisit très tôt de Juledmond - c'est le prénom collectif qu'ils se donnent - puisque une aquarelle de Boucher achetée en 1848 chez un brocanteur serait leur toute première trouvaille... L'art du dix-huitième siècle (1873) est, en effet, leur passion d'origine, qui les conduira tout naturellement à ce "goût de la chinoiserie et de la japonaiserie" (Journal, 29/10/1868), qu'ils revendiquent si fort, et très tôt, avoir manifesté avant tous les autres.

Né à Milan où il s’illustre lors de la révolution de 1848, Henri Cernuschi se réfugie en France en 1850. Economiste puis banquier, il fait fortune à la fin du Second Empire tout en demeurant fidèle à ses idées républicaines. Inquiété après la Commune de Paris, à laquelle il n’a pourtant pas participé, il part, en compagnie de Théodoret Duret, jeune critique d'art (voir, par exemple, ses Peintres français en 1867), pour un Voyage en Asie qui, entre septembre 1871 et janvier 1873, les mènera au Japon, en Chine, puis à Java et en Inde...

Emile Guimet, industriel lyonnais fortuné, mais aussi poète (Le Japonais, 1876) et musicien à ses heures (livret de son opéra Taï-Tsoung, 1919), multiplie les voyages (Espagne, Egypte, Grèce et Turquie...) et collectionne les antiquités dès les années 1860. En 1876, il obtient du Ministère de l'Instruction publique de partir en mission (Rapport au ministre, 1877) au Japon, en Chine et aux Indes, pour y étudier les religions de l'Extrême-Orient...

Raymond Koechlin, fils d'industriel alsacien et historien d'art, est aussi ce qu'on appelle un "grand collectionneur" reconnu comme tel de son vivant (Bulletin de la vie artistique, 15/03/1921). Sa collection (Bulletin des musées de France, mai 1932), qu'il lèguera en totalité ou presque aux Musées nationaux (affiche de l'exposition) à sa mort, en 1932, reflète toute l'étendue du champ de ses savoirs et de sa curiosité : arts japonais, chinois, musulman, français du moyen-âge, peintures et dessins du XIXe siècle...

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Dès les années 1860, se constitue un premier noyau d'amateurs d'art japonais, clients des mêmes marchands, qui développent peu à peu une sociabilité particulière. A côté des frères Goncourt, plus conservateurs, Philippe Burty, Zacharie Astruc, Félix Bracquemond et d'autres, se regroupent au sein de la Société du Jing-Lar, d'esprit bohème et républicain... Dans les années 1890, Bing organisera régulièrement des diners japonais au restaurant le Grand Véfour ou au Café Riche, tradition que perpétuera la Société des amis de l'art japonais jusqu'au début du XXe siècle.

Les fonds japonais ancien conservés à la BnF gardent une trace de cette histoire, comme en témoigne la liste des provenances de ces fonds.

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