Les grands textes de philosophie du XVIIIe siècle

Le siècle des Lumières soumet à l’examen critique de la raison les croyances religieuses et l’organisation politique. Le combat des philosophes contre les préjugés et l’intolérance se fonde également sur une confiance dans le progrès de l’humanité.

Magistrat au Parlement de Bordeaux, élu à l’Académie française en 1728, Montesquieu travaille pendant vingt ans à la rédaction de L’Esprit des lois, œuvre majeure dans laquelle il étudie les rapports des régimes politiques avec les mœurs, les religions, les climats. S’inspirant du régime de la monarchie britannique, il pose le principe de la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire). Il a inspiré la Constitution américaine de 1787.

 

 

C’est après un séjour en Angleterre que Voltaire publia les Lettres philosophiques, dans lesquelles il fit l’éloge de la tolérance politique et religieuse du régime anglais. Cet ouvrage fut condamné par la censure et Voltaire se réfugia en Suisse. En 1763 parut le Traité sur la Tolérance, réquisitoire contre le fanatisme et la superstition, puis en 1764 la première édition anonyme du Dictionnaire philosophique, également condamné.  Voltaire joua un rôle majeur dans la propagation des idées philosophiques des Lumières.

L’Histoire naturelle de l’âme fut condamnée en 1746 par le Parlement de Paris, qui considérait que son matérialisme sapait  «les fondemens de toute religion & de toute Vertu ». Après cette condamnation, La Mettrie se réfugia au Pays-Bas. La publication de l’Homme-machine, bien que publié anonymement, provoqua un nouveau scandale, et il dut se réfugier à la cour de Frédéric II, à Berlin, où il publia ses derniers ouvrages. Même si Frédéric II offrit un refuge au philosophe, il interdit néanmoins la diffusion de l’édition posthume de ses Œuvres philosophiques.

Ecrivain, musicien et philosophe, Jean-Jacques Rousseau est considéré comme l’un des annonciateurs de la Révolution française. Son Discours sur les sciences et les arts en 1749 suscite la polémique en associant progrès et corruption. Dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau défend la thèse que l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt. Le Contrat social en 1762 fait reposer l’autorité sur la volonté générale, défendant ainsi une idée de souveraineté populaire. Dans l’Emile, publié la même année, Rousseau expose ses idées dans le domaine de la pédagogie.

Philosophe et écrivain, Diderot fut, avec Jean Le Rond d’Alembert (1717-1783), le maitre d’œuvre de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, dont le premier volume parut en 1751. Esprit encyclopédique qui aborde tous les domaines de la connaissance et figure imminente de la philosophie des Lumières, Diderot fut un adversaire du fanatisme et du dogmatisme.

Ordonné prêtre en 1740, précepteur du Duc de Parme, petit-fils de Louis XV, ami de Diderot et de Rousseau, Condillac développe notamment une importante réflexion sur le langage, une théorie de la connaissance et une psychologie sensualiste. Il eut une influence importante à la fois sur les encyclopédistes et sur le début du XIX° siècle.

Collaborateur de l’Encyclopédie de Diderot, Helvétius professe un matérialisme sensualiste qui lui vaudra une condamnation : De l’Esprit est mis à l’index et brûlé en place publique. Pour Helvétius, l’esprit est un don originaire de la nature également réparti entre les hommes, et c’est l’instruction qui fonde les différences. Helvétius propose donc dans De l’Homme un programme d’éducation publique susceptible d’améliorer la condition de l’humanité. 

Collaborateur important de l’Encyclopédie, dont il rédigea de très nombreux articles, d’Holbach est un penseur athée et antireligieux : son Système de la nature fut condamné par le Parlement de Paris et brûlé en place publique en 1770. Sa Politique est une critique de la monarchie absolue, fondée sur les principes des Lumières.

Philosophe et mathématicien, Condorcet fut également député à la l’Assemblée législative et à la Convention, où il travailla à l’organisation de l’instruction publique. Arrêté lors de la Terreur, il rédigea en prison son Esquisse d’un tableau de l’esprit humain dans laquelle il développe une philosophie du progrès. Il se serait empoisonné dans sa cellule.