Manuscrits musicaux de Charles Gounod

Cette rubrique rassemble les manuscrits musicaux de Charles Gounod présents dans Gallica, classés par genre.

Avec Faust et Roméo et Juliette, Gounod contribua à créer un genre nouveau sur la scène lyrique : un opéra de « demi-caractère », intermédiaire entre le grand-opéra et l’opéra-comique, moins emphatique et moins superficiel, plus attaché aux sentiments des personnages qu’à l’intrigue. Un art sérieux sans être pour autant austère, et moins tourné vers les performances vocales dont raffolait encore le public, – même si « l’air des bijoux », tiré de Faust et accolé au personnage de la Castafiore, est paradoxalement là pour démontrer le contraire.

La mélodie était le domaine de prédilection de Charles Gounod. Tout au long de son existence, il en a composé plus de cent soixante-dix, à sujet profane ou religieux, (dont seul un petit « échantillon » a été actuellement numérisé). Largement diffusées et chantées dans tous les foyers ; ces mélodies contribuèrent au moins autant que ses œuvres lyriques à assurer la gloire du compositeur et l’ont rendu extrêmement populaire. Gounod se sentait à l’aise dans cette musique faite pour l’intimité et chantait lui-même ses mélodies, paraît-il à ravir.

La musique vocale compte pour une large part dans le catalogue des œuvres de Charles Gounod et s’illustre sous différentes formes. Profondément croyant, Gounod enrichit le répertoire de musique religieuse avec un goût marqué pour les grandes formes : messes, requiem, oratorios, sans pour autant négliger la production de motets et cantiques qu’il composa en grand nombre alors qu’il occupait son premier poste de maître de chapelle. Les chœurs, les cantates profanes, sont un autre aspect de son art et illustrent tout autant sa parfaite maîtrise du maniement des voix, autant sur des paroles anglaises que françaises.

Cultiver la musique instrumentale pour elle-même, ajuster la forme à l’idée, procura beaucoup de satisfactions artistiques à Gounod. Il disait à l’un de ses élèves : « Laisse voir davantage l’Idée : ne l’étouffe pas en agitant inutilement les parties intermédiaires : d’abord la masse ; la conception claire ; le détail s’y placera ensuite comme de lui-même ». Il faut pouvoir jouer un morceau en le chantant. L’idée, c’est ce qui en fait l’unité.

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Les manuscrits autographes sont une source essentielle pour l’étude de l’œuvre d’un compositeur. Ceux de Gounod permettent de suivre les différentes étapes de l’élaboration de ses œuvres les plus célèbres, et de celles encore mal connues qu’il avait laissées en chantier. Cet ensemble à haute valeur patrimoniale, que la BnF a pu compléter par une acquisition en vente publique en 2021, rassemble manuscrits musicaux, textes et correspondance.

Y figurent quelques manuscrits d’exception, comme celui de Roméo et Juliette ou de Faust, mais aussi esquisses, fragments, œuvres inachevées ou inédites, illustrant tous les genres de musique. Leur numérisation progressive viendra enrichir ce portail. L’on peut suivre à travers l’étude de ses manuscrits, ce qui fit l’originalité de Gounod, unanimement reconnu comme un maître par ses successeurs : la clarté de l’écriture, l’économie de moyens, la science de l’orchestration et le remarquable traitement de la voix.