Correspondance et archives

La sélection comprend 65 lettres de Debussy à Emma Bardac, sa seconde épouse. Elles témoignent d’une relation qui fut souvent tumultueuse, conflictuelle parfois même. « Je ne sais pas comment je ferai pour ne pas garder rancune à ta musique », a écrit un jour Emma à son mari, comme on le voit dans la lettre que celui-ci lui envoie en réponse. Est également visible ici la seule lettre de la main d’Emma à Debussy qui n’ait pas disparu : cette carte datée du 22 août 1911, envoyée à Claude pour lui souhaiter son anniversaire.

Une quinzaine de lettres de Debussy sont adressées à sa fille Claude-Emma, dite Chouchou (1905-1919). Il s’agit pour la plupart de cartes postales, aux illustrations touchantes, envoyées par Debussy à sa fille lors de voyages en Autriche-Hongrie en 1910 et en Russie en 1913.

Mais les lettres les plus nombreuses visibles ici sont celles échangées par Debussy avec ses amis : l’écrivain Pierre Louÿs, dont Debussy conserva précieusement toutes les lettres même après leur rupture définitive en 1904, et dont beaucoup sont écrites d’une belle encre violette qui les caractérise ; Robert Godet, fidèle parmi les fidèles, dont Debussy conserva notamment ces cinq longues lettres reçues de lui vers la fin de sa vie.

Debussy n’était souvent pas tendre avec ses collègues musiciens, comme on peut le voir dans sa correspondance elle-même : ainsi qualifiait-il Charles Lamoureux de « chef d’orchestre cubique », « impossible à voir » (dans une lettre à Robert Godert), ou Gabriel Fauré de « porte-musique d’un groupe de snobs et d’imbéciles ». Il entretint pourtant des rapports cordiaux, voire chaleureux, avec certains d’entre eux, y compris le susdit Fauré dont il se rapprocha à partir de 1904, par l’intermédiaire de sa seconde femme Emma Bardac. Dans les lettres échangées avec lui, Debussy appellera couramment « cher maître » celui qu’il n’appréciait guère dans ses plus jeunes années.

Sont visibles également 9 lettres de Debussy au compositeur Pierre de Bréville, qu’il côtoya entre 1893 et 1901 à la Société nationale de musique, 16 lettres à Gabriel Astruc, premier directeur du Théâtre des Champs-Élysées, ou encore 7 lettres au compositeur Manuel de Falla, qui écrivit, après la mort de Debussy, une pièce à sa mémoire.

On y trouvera de nombreuses lettres dans lesquelles Claude Debussy est évoqué, qu’il s’agisse de lettres de ses proches ou de la correspondance d’autres musiciens. Parmi elles, notamment, la correspondance échangée après la mort de Debussy entre Emma, sa veuve, et leur ami le compositeur André Caplet.

Sont également visibles de nombreux documents d’archives comme : cet ensemble de papiers officiels et d’actes administratifs, qui comprend un extrait d’acte de naissance de Debussy, un certificat de recrutement militaire, des passeports pour divers pays étrangers et des contrats d’auteur (certains de ces papiers portent des annotations ou des notes de musique de la main de Debussy), ces notes de jury prises lors de concours et d’examens du Conservatoire, à l’époque où Debussy y officiait régulièrement, ou cet album de coupures de presse daté de 1938, année où l’on célébrait les vingt ans de la mort du compositeur.