A l'origine de l'école maternelle
Les salles d’asile, créées en 1826, sont au début de simples garderies pour les enfants des femmes qui travaillent. Elles sont dotées peu à peu d’objectifs pédagogiques plus ambitieux et deviennent des écoles maternelles en 1881.
Les écoles à tricoter du Pasteur Oberlin reprennent une tradition communautaire des Vosges qui consiste à regrouper les petits enfants dans une pièce chauffée par un poêle sous la surveillance d'une servante. Le pasteur y ajoute des règles et l'apprentissage de notions d'histoire sainte, d'histoire naturelle, de géographie et surtout du tricot.
Les premières salles d'asile sont inspirées des Infant Schools britanniques. Avec la Révolution industrielle, le travail féminin à l'extérieur de la maison s'accroît et donc le besoin de garde d'enfants. Les salles d'asile sont donc à l'origine une initiative philanthropique. La première est ouverte à Paris en 1826 par Emilie Mallet, femme d'un banquier protestant. Jean-Denis Cochin, riche notable catholique, en crée à son tour en 1827. Il est l'auteur du célèbre Manuel des salles d'asile en 1833. D'abord sous la direction d'un comité des Dames, les salles d'asile sont placées en 1837 sous la tutelle du ministère de l'Instruction publique. Une salle d'asile peut accueillir jusqu'à 150 enfants sous la surveillance d'une ou deux institutrices. La discipline est stricte voire militaire : les enfants changent d'activité simultanément au rythme du claquoir et assistent aux leçons depuis un gradin.
Directrice de l’École normale des salles d’asile à partir de 1848, Marie Pape-Carpantier œuvre pour le bien-être des enfants : « Aimez par-dessus tout » devient le mot d'ordre des salles d'asile. Elle appelle à la suppression des châtiments corporels et incite à observer les petits enfants. Inspirée par Pestalozzi, elle promeut la leçon de choses pour répondre à la curiosité naturelle de l'enfant. Sa production éditoriale est très riche : manuels, conseils, planche pour l'enseignement par les yeux. Elle donne de nombreuses conférences pédagogiques à la Sorbonne sous le Second Empire et ses travaux sont récompensés lors de l'exposition universelle de 1862.
Pauline Kergomard (1838-1925), inspiratrice de l’école maternelle de Jules Ferry, inspectrice générale des écoles maternelles de 1881 à 1917, a fortement critiqué l'organisation des salles d'asile devenues écoles maternelles. Elle fait enlever les gradins qui transformaient les classes en "petites Sorbonnes", milite pour alléger les programmes alors trop lourds et proches de ceux de l'école primaire, oeuvre pour le développement des activités physiques et du jeu libre. Elle s'intéresse à la psychologie de l'enfant, publie de nombreux ouvrages sur la petite enfance ainsi que des manuels scolaires. Elle fonde en 1887 l'Union française pour le sauvetage de l'enfance.
Inspectrice des écoles maternelles, très influente jusqu'entre les deux guerres, elle crée la notion de "jeu éducatif". Sa pédagogie repose sur des exercices qui prennent l'apparence de jeux, ce qui n'est pas très éloigné de la pédagogie mise en œuvre à la même époque par Maria Montessori. Elle publie différents ouvrages, récits pour enfants richement illustrés, livres sur les jeux éducatifs ou l'enseignement par l'image.