Théologie : Bibles

Parmi les livres sacrés, les bibles occupent la première place.

Latin 248 (1) : Biblia sacra dite Bible de Philippe le Bel

Exécutée vers 1310, cette luxueuse Bible en latin est divisée en deux volumes, l’un contenant l’Ancien Testament de la Genèse à l’Ecclésiastique, l’autre la fin de l’Ancien Testament, de la Prophétie d’Isaïe au second livre des Macchabées et le Nouveau Testament. Les initiales historiées des deux volumes du manuscrit sont à rattacher à l’activité de l’atelier de la Vie de saint Denis (BnF, ms. Français 2090-2092). Au verso du feuillet 8, l’initiale « I » présente la Création en sept scènes superposées supportées par deux anges : on note le fond fleurdelisé de quatre d’entre elles. Une inscription de Jean Flamel, secrétaire du duc de Berry, et les armes de France et de Navarre qui ornent certaines initiales indiquent que la Bible appartint à Philippe IV le Bel ou à l’un de ses fils. Conservé sous le règne de Charles V dans la collection des joyaux de Vincennes, le manuscrit fut cédé avant 1400 à Jean duc de Berry, dont il porte les armes supportées par deux ours au bas du second feuillet de chaque volume.

Latin 11935 : Bible dite de Robert de Billyng

Le manuscrit peut être identifié à une « Bible dite de Paris » ou « Vulgate dite parisienne », apparue à partir de 1230, qui contient le texte de la Vulgate, suivi de la table alphabétique pour l’interprétation des noms hébreux, rédigée par Étienne Langton entre 1180 et 1220 en trois versions successives. L’ouvrage, dont l’illustration achevée en 1327 est l’œuvre de l’enlumineur parisien Jean Pucelle, pourrait correspondre à la Bible en latin entrée dans la collection des joyaux de Vincennes en 1391, sortie de la Librairie royale après 1400). En 1472, le volume fut offert par le roi Louis XI son confesseur, Jean de Boucart († 1484), évêque d’Avranches, dont les armes et la devise (« Ibi Ubi ») apparaissent au feuillet 512. Il fit partie, au XVIIe siècle, des collections de Pierre Séguier (1588-1672), chancelier de France, puis de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Cette Bible est aujourd’hui désignée sous le nom de son copiste Robert de Billyng.

Français 167 : Bible moralisée 

Initiée par Blanche de Castille, la Bible moralisée accorde une importance majeure à l’illustration. Chaque page comporte huit leçons, passages scripturaires et courts commentaires, chacune étant illustrée par une image portant l’une sur le sens littéral, l’autre sur le sens spirituel. Quinze artistes ont collaboré, sous la responsabilité d’un enlumineur parisien Jean de Montmartre, à la décoration du ms. Français 167 qui contient 5152 images. Datée du milieu du XIVe siècle, cette bible fut exécutée pour le dauphin Jean de Normandie, futur Jean II le Bon. Elle pourrait correspondre à la « tres belle Bible toutte hystoriee, que fist faire le roi Jehan, couverte de drap d'or a Agnus Dei » mentionné dans la copie de l'inventaire de 1380.

Français 5707 : Bible historiale  (vol. II : Proverbes à Apocalypse)

Composée à partir de l’Histoire scolastique de Guiart des Moulins et de la Bible du XIIIe siècle, la Bible historiale était bien représentée dans les collections royales qui en compta neuf exemplaires. Ce manuscrit qui comporte les livres des Proverbes à l’Apocalypse est le second volume d’une paire dont la première partie n’a pas été retrouvée. Copié par Raoulet d’Orléans, « écrivain du roi », l’ouvrage fut commandité par Charles V dont il porte l’ex-libris au verso du feuillet 367. Dans la vignette du même feuillet, est représenté le dauphin Charles, agenouillé sur un prie-Dieu recouvert d’un tapis aux armes de France et de Dauphiné, face à la Vierge à l’enfant. La décoration est l’œuvre du Maître du Livre du sacre de Charles V ainsi désigné d’après son illustration du Livre du sacre de Charles V (Londres, BL, ms. Cotton Tiberius B VIII). Outre les vignettes illustrées de personnages en grisaille, le cycle iconographique comporte deux peintures d’une demi-page, introduisant les Proverbes et l’Évangile de saint Matthieu : au feuillet 204, l’enlumineur a mis en scène l’apôtre dans sa fonction de percepteur.

Français 403 : Apocalypse glosée en français     

Exécuté peu avant 1250 en Angleterre, peut-être à Salisbury, le manuscrit décoré par le Maître de Sarum fait partie d’une famille artistique regroupant les plus anciennes copies insulaires de l’Apocalypse. On ignore en quelles circonstances il sortit d’Angleterre pour entrer dans la Librairie du Louvre où il fut répertorié entre 1380 et 1424. Renvoyé en Angleterre par Jean de Bedford, après la mort de Charles VI, il fut racheté par Louis de Gruuthuse, seigneur de Bruges, dont les armoiries sont encore visibles par transparence sous les armes de France au verso du feuillet 1.