Les monnaies d'argent
La Sicyonie est une région du nord-est du Péloponnèse, composée principalement d’une cité indépendante : Sicyone. Elle est frontalière de la Corinthie, de l’Achaïe et de l’Arcadie. Dès l’époque archaïque, Sicyone s’allie avec Argos avec qui elle s’oppose à Sparte pendant la deuxième guerre de Messénie (685-668 av. J.-C.). Ces liens sont rompus lorsque Sicyone passe à un gouvernement tyrannique pro-Spartiate. Traditionnellement ennemie de Corinthe et d’Athènes (qui détruit la cité deux fois), elle s’engage dans la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.) et dans les guerres de Corinthie (395-387 av. J.-C.) aux côtés de Sparte. Le territoire passe sous contrôle thébain après la défaite de Leuctres (371 av. J.-C.) puis est soumis au royaume de Macédoine après celle de Chéronée (338 av. J.-C.). La destruction de Corinthe en 146 av. J.-C. profite temporairement à Sicyone qui s’enrichit jusqu’à ce qu’elle soit reconstruite.
Sicyone frappe son premier monnayage d’argent dès le milieu du Ve siècle av. J.-C. : des statères, des drachmes et des fractions représentant une colombe et la lettre san (initiale de l’ethnique de la cité dans l’alphabet local). Vers la fin du Ve siècle, le monnayage de bronze est introduit et se développe au cours du siècle suivant. A partir du dernier tiers du Ve siècle av. J.-C., les monnaies d’argent de la cité (une chimère au droit et une colombe au revers) remplacent progressivement les tortues d’Égine en tant que monnayage principal du Péloponnèse. Elles sont utilisées par exemple pour financer la ligue péloponnésienne. Ces émissions cessent à la fin du IVe siècle, sauf pour les trioboles. Au Ier siècle av. J.-C., de nouveaux types sont introduits : une colombe au droit et un sigma au revers. Au même moment, les dénominations de bronze portent la tête d’Apollon à la place de la colombe.
Le monnayage de Sicyone a fait l’objet de plusieurs articles de J.A.W. Warren, par exemple « The Autonomous Bronze Coinage of Sicyon, Part 1. » et « The Autonomous Bronze Coinage of Sicyon, Part 2. » dans The Numismatic Chronicle. Royal Numismatic Society, London, 1983 et 1984, p. 23-56 et p. 1-24. O.D. Hoover y consacre également une section dans Handbook of Coins of the Peloponnesos, Lancaster/London, 2011, p. 52-69.