Querelle du Roman de la Rose

Le Roman de la Rose a suscité, au début du XVe siècle, la première querelle littéraire française dans laquelle s’illustra Christine de Pizan. « Pourquoi appeler le Roman de la Rose « art d’aimer » ? » s’insurge-t-elle : « C’est bien plutôt l’art d’enseigner aux hommes les mauvaises ruses pour tromper les femmes. L’attaque du château de Jalousie ne les livrent-elles pas à honte et à débauche ? ». Christine poursuit la querelle en rédigeant deux écrits fictionnels qui réaffirment sa position et attaquent âcrement le roman et sa misogynie : Le Dit de la Rose et le Livre du Duc des vrais amans.

Cinq témoins conservés au département des Manuscrits ont été numérisés : Français 604, Français 835, Français 836, Français 1563, Français 12779.

Le "manuscrit du rodophile" désigne un bref recueil comportant deux lettres, autrement inconnues, de Pierre Col, deux lettres de Christine et un texte de Gerson, toutes se rapportant au débat et copiées dans le manuscrit Français 1563. Le dernier chapitre compile des extraits, indiquant les échos du débat dans les œuvres postérieures de Christine et Gerson.

Un témoin conservé au département des Manuscrits a été numérisé : Français 1563.

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La Querelle du Roman de la Rose est considérée comme la première querelle littéraire française, parce qu'elle aborde la question de la nature de l'esthétique d'une œuvre. La Querelle oppose au XVe siècle deux groupes de savants : Christine de Pizan, poétesse de talent, et Jean Gerson, chancelier de l’Université de Paris et moraliste de renom, contre Jean de Montreuil, prévôt de Saint-Pierre de Lille et notaire et secrétaire du roi, Pierre et Gontier Col. La Querelle du Roman de la Rose est déclenchée lorsque Jean de Montreuil rédige un éloge de l'œuvre de Jean de Meun.
En 1401, Christine de Pizan réagit vigoureusement et dénonce dans une lettre ouverte le mauvais goût et la pauvreté d’esprit de Jean de Meung. Elle lui reproche notamment sa haine des femmes, l'indécence de ses propos, et la fin du récit, qu'elle juge amorale et choquante. Elle s'appuie sur sa position atypique de femme écrivain, sensible aux propos grivois, pour attaquer cet aspect de l'œuvre : ces termes ne peuvent servir ni le style ni la visée morale qu’affecte leur auteur. Elle s’attache également à défendre l’honneur des dames, accusées de débauche et d’inconstance. Jean de Montreuil ne lui répond pas directement, mais par le biais de deux de ses confrères, Pierre et Gontier Col. Jean Gerson, théologien et chancelier de l’université de Paris, se mêle au débat pour soutenir Christine.