La Librairie royale sous Charles V et Charles VI

Bibliothèque royale européenne d'exception, la Librairie de Charles V (1364-1380) brillait par le nombre de ses ouvrages, la diversité de ses titres et le luxe de certains de ses manuscrits. C'est ce trésor que nous vous proposons de découvrir.

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La Librairie de Charles V transférée au Louvre aux alentours de 1369 concentrait toutes les formes du savoir servant la politique d'un monarque éclairé : théologie, droit, littérature, histoire, sciences. Deux spécificités rendaient cet ensemble exceptionnel : l'importance attribuée aux sciences, médecine, mathématiques, astrologie et astronomie ; le nombre des traductions en langue vernaculaire, initiées sous le règne de Philippe de Valois.

Les inventaires retracent la répartition des livres dans les trois chambres de la tour de la Fauconnerie : la première chambre, dédiée principalement au roi, était centrée sur l'Écriture sainte et les livres de bon gouvernement : miroirs des princes, codes, traductions d'Aristote et de saint Augustin, histoire sainte et « nationale ». La deuxième chambre était surtout composée d'œuvres littéraires et édifiantes, dont de nombreux romans courtois, des chansons de geste et manuels de dévotion. Dans la troisième chambre étaient rassemblés les textes latins et les ouvrages scientifiques.

À la mort de Charles V en 1380, la Librairie du Louvre comptait 910 ouvrages, auxquels s'ajoutaient cent quinze manuscrits répertoriés parmi les joyaux conservés au donjon de Vincennes, dans les résidences royales de Saint-Germain-en-Laye et de Melun et, à partir de 1400, dans la Bastide Saint-Antoine (la Bastille). Détenant davantage d’ouvrages d’étude, notamment livres scientifiques, traités politiques et traductions en français, que les autres bibliothèques princières, symbole du pouvoir royal, la librairie était à la croisée entre une politique d’État et une collection personnelle.

La collection s’appauvrit dans les années qui suivirent la mort de Charles V. Elle fut rachetée dans sa majeure partie en 1425 par Jean de Bedford, régent du royaume et définitivement dispersée à la mort de ce dernier en 1435.

De la bibliothèque du Louvre au temps de Charles V et de Charles VI subsistent aujourd'hui quelque 200 manuscrits dispersés dans les bibliothèques françaises et étrangères.

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