Le sport dans la littérature

L’apparition (ou réapparition) du sport dans la littérature correspond à la renaissance de l’idée du sport dans le dernier quart du 19e siècle et à son développement au 20e siècle. Gallica vous invite à parcourir une sélection de textes publiés suite au renouveau de la pratique sportive.

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L’apparition (ou réapparition) du sport dans la littérature en France correspond à la renaissance de l’idée du sport dans le dernier quart du 19e siècle et à son développement au 20e siècle, la production éditoriale suivant ainsi quasi naturellement le renouveau de la pratique sportive.

Alors qu’il n’était au début du 19e siècle qu’un phénomène de curiosité connu par une élite aristocratique, le sport connaît un tournant aux alentours de 1870 et sa pratique se développe progressivement : le conflit franco-allemand marque le point de départ d’une première prise de conscience des bienfaits de l’éducation physique alors que des compétitions sportives voient le jour (le premier « Paris Rouen à vélocipède » est organisé en 1869 par exemple) puis se multiplient. En 1894, Pierre de Coubertin lance l’idée de la réorganisation de Jeux Olympiques. On assiste à l’amorce d’un mouvement timide en faveur de l’éducation sportive dans les établissements scolaires, primaires puis secondaires, et à la naissance de plusieurs comités en faveur de la pratique sportive. Les lycées Condorcet et Saint-Louis créent des clubs sportifs, le Racing club en 1882, et le Stade français en 1883. La combinaison de progrès techniques et industriels ainsi qu’une législation favorable (loi de 1901 sur les associations, puis institution du repos hebdomadaire en 1906) favorisent également la pratique sportive sous toutes ses formes. A la veille de la première guerre mondiale, les « sportmen » sont devenus des « sportifs » : De plus en plus nombreux, on ne les retrouve plus seulement au « turf » et s’exerçant au tir, mais plus largement dans les stades, dans les airs, sur les routes et dans l’eau. D’un passe-temps destiné aux classes aisées entre « gens du monde », le sport trouve de plus en plus d’adeptes dans les couches populaires et l’engouement autour des Jeux Olympiques de Paris en 1924 participe à ce succès.

Ce phénomène inspire nombre d’écrivains, et certains d’entre eux, désirant promouvoir un genre nouveau, la littérature sportive, se regroupent avec un véritable projet d’écriture. Ainsi en 1931, l’Association des écrivains sportifs succède au « Plume Palette Club » de 1919 à l’initiative de Tristan Bernard. Elle propose un prix littéraire à partir de 1943, comme avant elle la Fédération Française de Football qui a lancé son prix en 1928. L’Aéro-Club de France récompense également les écrivains avec un prix littéraire en 1936.

Parallèlement, plusieurs éditeurs créent des collections de « romans sportifs » ; c’est le cas d’Ollendorff (Romans de sport), de Bias (Sport de plein air), de la Librairie Delagrave (Sports et aventures) ou encore d’Albin Michel (Le roman de la vie sportive, puis Le roman du sport).

Portée par les différentes compétitions, la presse sportive voit également le jour. Elle fait appel à des signatures prestigieuses comme celles de Pierre Loti, Maurice Leblanc, Guy de Maupassant, Jean Richepin, Tristan Bernard, Colette ou encore Pierre Louÿs. Certaines revues publient à leur tour des œuvres de littérature sportive, à l’exemple de La Revue du ski, de La Renaissance physique ou de La Vie au grand air.

Entaché de snobisme ou exercice populaire, activité de plaisirs ou véritable pratique professionnelle, le sport donne naissance à des formes littéraires variées mais inégales. Il peut être raconté sous l’angle des loisirs, de la compétition, du dépassement de soi, de la chronique ou du spectacle. Ses auteurs, qu’ils soient romanciers, historiens, poètes, hommes politiques ou scientifiques ont tous en commun une très forte attirance pour le sport. Ils sont écrivains sportifs (Jean Giraudoux), sportifs écrivains (Georges Carpentier), tout simplement férus de sport (Paul Morand), ou encore journalistes passionnés de sport comme Denis Lalanne.

Voir le Cahier n°6 de la République des Lettres du 15 mai 1927 consacré au Sport qui contient notamment des textes de Marcel Berger et de Tristan Bernard ainsi que deux dessins de Jean Cocteau et un article sur La peinture et le sport.

 

Pour en savoir plus :

Pierre Cherreton, Les Fêtes du corps : histoire et tendances de la littérature à thème sportif en France 1870-1970, CIEREC, Saint-Etienne, 1985.