Le cartable de l'écolier : le français

Le français a eu bien du mal à s’imposer comme discipline scolaire face au latin, même dans les petites classes. C’est donc la préhistoire de cette discipline que nous vous proposons dans cette partie.

Le milieu du XIXe siècle voit l'apparition d'une multitude de méthodes d'apprentissage de la lecture : associée à l'écriture, au mime, aux couleurs, aux images… La recherche pédagogique est remarquable et aboutit à des méthodes restées célèbres. 

Les syllabaires présentent l’apprentissage des associations de lettres en syllabes. On commence en général par associer une consonne et une voyelle afin d’obtenir une syllabe simple (ba, da,…). On passe ensuite à deux puis trois syllabes.
Le syllabaire est l’étape entre la lecture des lettres et celle des mots. Viendra ensuite celle des phrases. C’est par la (dé)composition de ces syllabes que l’enfant va pouvoir lire grâce à la méthode syllabique. Avant 1850, on donne aux enfants des pages de syllabes différentes où quasiment toutes les associations de lettres sont présentées (ba, be, bi…). Après 1850, on simplifie le principe en ne montrant aux enfants que quelques exemples, plus rapidement mémorisés. 
Les syllabaires se présentent parfois sur une planche murale accrochée dans la classe.
 

L’association de l’enseignement de la lecture et de l’écriture est tardive. C’est au XIXe siècle que les classes populaires pourront pleinement entrer dans la civilisation de l’écrit. Jusque-là, l’apprentissage de la lecture était seul considéré comme nécessaire pour la plupart des enfants.

La grammaire française a connu un long processus de délatinisation qui aboutit au milieu du XIXe siècle. La grammaire enseignée à l’école primaire est avant tout au service de l’orthographe. Elle n’est jamais enseignée pour elle-même mais comme un moyen d’aboutir à la dictée parfaite. Certains auteurs cependant, comme Guerrier de Haupt ou Gabriel Compayré défendent l’enseignement de l’analyse grammaticale pour développer l’esprit de raisonnement des enfants. Les grammaires, apprises par cœur et récitées en classe, sont rédigées comme les catéchismes sous forme de questions-réponses. Les leçons ne sont souvent pas expliquées. Parallèlement des manuels d’exercices apparaissent au cours du XIXe siècle. Enfin, il ne faut pas oublier que le français était encore enseigné dans beaucoup de régions comme une langue étrangère.

Qui ne connaît le Tour de la France par deux enfants de G. Bruno ? Bien d'autres romanciers de la fin du XIXe siècle, injustement oubliés aujourd'hui, ont connu le succès grâce à ce genre littéraire qui n'a pas perduré. Véritable innovation pédagogique, le roman scolaire était un manuel multidisciplinaire, qui à travers un récit initiatique, enseignait la géographie, l'histoire, les sciences, l'économie domestique ou l'agriculture.

Emblématique de l’enseignement du français à l’école primaire, épreuve reine du certificat d’étude et du brevet, la dictée a donné lieu à de nombreux recueils de textes. La dictée a remplacé l’exercice de cacographie, qui consiste à corriger un texte fautif, en 1833 dans les programmes. Nous proposons dans cette partie enseignement de l’orthographe une large sélection de ces recueils de textes. Les textes de dictée étaient souvent l’objet de questions qui complétaient l’épreuve de français bien au-delà du simple enseignement de l’orthographe. Mais il faut attendre les années 1920 pour que la dictée se réduise aux textes littéraires.

Les livres de récitations peuvent s’appuyer sur des prières, des poèmes, des fables ou même des leçons. L’objectif est l’apprentissage du bon usage des mots et de la prononciation.
Lorsqu’il s’agit de poésie, le rythme du poème et la mémorisation sont d’abord les objectifs essentiels de cet apprentissage. Au fil du temps, le souci de la bonne compréhension du texte apparaît et l’on propose des « Choix de récitations expliquées » ayant pour thème la nature, Dieu, les animaux, les enfants. Racine, Corneille, La Fontaine mais aussi Marceline Desbordes Valmore et d’autres poètes contemporains sont parmi les auteurs étudiés. Cet exercice a pour « principaux avantages de fixer l’attention des plus jeunes enfants, de cultiver leur mémoire et d’éveiller en eux le raisonnement ». [Récitation : choix d'exercices de mémoire / par Caumont,...  Librairie Ch. Delagrave, 1875]
 

Les anthologies donnent à lire aux élèves des textes émanant d’auteurs classiques : beaucoup de poésie, du théâtre, mais aussi des pensées pieuses et des passages de la Bible. Les notions de géographie ou d’histoire rencontrées dans le texte sont explicitées ; on s’attache aussi à la stylistique et à l’étymologie.

Genre didactique par excellence, la fable est très présente à l'école. Le miel de l'histoire fait passer l'amertume de l'enseignement moral. Les fables d'Esope et de Florian figurent dans de nombreux manuels. Mais c'est évidemment La Fontaine qui devient le poète national dont les fables sont récitées dans toutes les écoles de France.