Essentiels de l'économie - accès par auteur : M-N

Antoine de Montchrestien, Harriet Martineau, Karl Marx… Consultez et téléchargez gratuitement une sélection de titres fondamentaux en histoire de la pensée économique, classés par ordre alphabétique d'auteur (lettres M-N).

Catholique social proche de Frédéric Ozanam, Madre se consacre à l’amélioration des conditions de vie des classes populaires. Entre 1852 et 1864, il fait lotir en logements ouvriers, grâce à un système d’incitation à la construction un terrain de plus de 3 hectares dans le nord-est de Paris (actuellement quartier Sainte Marthe). Il ouvre  une école professionnelle pour jeunes filles dans le quartier de Picpus et un établissement pour orphelins et enfants pauvres. Il présente ses idées dans Des ouvriers et des moyens d'améliorer leur condition dans les villes (1863).

Malestroict est maître à la Chambre des comptes de Paris lorsque Charles IX lui demande de se prononcer sur la hausse des prix, préoccupante au milieu du XVIsiècle. Malestroict répond dans son Avis que les prix sont stables mais que ce sont les rentes et revenus qui se déprécient du fait de la mutation monétaire (diminution par le souverain du titre en métal précieux). Cette opinion sera remise en cause par Jean Bodin qui dans La réponse aux paradoxes du Seigneur de Malestroict désigne comme responsable de l'inflation la multiplication des échanges commerciaux puis, dans La République, l'abondance d'or et d'argent venue de la découverte du Pérou.

Choqué par la violence des crises alimentaires, Malthus publie en 1798 un pamphlet anti-progressiste, l'Essai sur le principe de population. Il postule que toute population croît de façon exponentielle alors que les ressources croissent de façon linéaire. La survenue de cycles de famines est donc inévitable. Seul remède, faire baisser la natalité. La 2e édition de l’Essai (1803) reprend cette thèse extrêmement développée. Selon Molinari, Malthus est attaqué en France par les socialistes qui voient en lui un contre-révolutionnaire et par l’église catholique pour son anti-natalisme.

Médecin, Philippe-René Marchand publie sa thèse en 1811 et se fait connaître par son Nouveau projet de paix perpétuelle (1842), essai utopiste de confédération européenne. Dans Du paupérisme (1845) il recense les caractéristiques sociales et économiques de la misère qui trouvent, selon lui, leur origine dans les « fautes de conduite » des classes laborieuses et propose une série de mesures administratives d’encadrement pour inciter au respect des bonnes mœurs dans une perspective malthusienne.

Économiste britannique, Alfred Marshall est l'un des fondateurs de l'école néoclassique. Il a pour élève John Maynard Keynes qui le critique avec ferveur. Il occupe à Cambridge la chaire d'économie politique de 1885 à 1908. Marshall développe de nombreux concepts phares de la science économique. Dans son ouvrage principal Principes d'économie politique (1890), il expose sa pensée sur l’offre et la demande, l’utilité marginale et les coûts de production. Il s’inspire notamment des théories de David Ricardo et Adam Smith sur la valeur travail, poursuit et synthétise leur réflexion contradictoire sur les rendements.

Docteur en droit, Étienne Martin Saint-Léon est conservateur de la bibliothèque du Musée social, un institut de recherche fondé en 1894. Historien des corporations et des associations professionnelles, Étienne Martin Saint-Léon publie plusieurs ouvrages dont une importante Histoire des corporations de métiers depuis leurs origines jusqu'à leur suppression en 1791, parue pour la première fois en 1897 et dont l’édition de 1922 est couronnée par l’Académie française. Il y étudie dans le livre VII la naissance du syndicalisme contemporain.

Germain Martin est un historien de l’économie et un homme politique. Archiviste-paléographe et agrégé de droit, il enseigne à Montpellier, Dijon et Paris. Il devient vice-président de la Société d’économie politique et codirige le Journal des économistes à partir de 1928. Après avoir été député de l’Hérault, il est nommé Ministre du Budget puis Ministre des Finances sous plusieurs gouvernements dans les années 1930. Il publie plusieurs ouvrages d’histoire économique, dont les deux classiques La grande industrie sous le règne de Louis XIV en 1899 et La grande industrie sous le règne de Louis XV en 1900.

Écrivaine et journaliste anglaise. Son père est un industriel ruiné par le krach de 1825. Lectrice d’Adam Smith, Malthus et Ricardo, elle parvient à faire publier en 1832 des Illustrations of political economy dont le succès est immédiat. Leur traduction en français sous le titre Contes choisis sur l’économie politique sera republiée en 1881 avec une préface biographique de Gustave Molinari. En s’inspirant du modèle de Jane Marcet, Harriet Martineau vulgarise en les illustrant par des récits de fiction les concepts clés de l’économie classique.

Docteur en philosophie, Karl Marx enseigne à l’université de Bonn avant de contribuer à la Rheinische Zeitung (« Gazette rhénane ») dont il devient rédacteur en chef en 1842. Contraint de se réfugier à Paris, Bruxelles puis Londres à cause de ses attaques contre le gouvernement prussien, il développe ses théories sociales et économiques dans des ouvrages majeurs tels que Contribution à la critique de l’économie politique (1859) et Le Capital (1867). Théoricien du socialisme scientifique, dont il développe le concept de lutte des classes, il est considéré comme l’un des pères du communisme à travers le Manifeste du parti communiste (1848) co-rédigé avec Engels. Déterminé à unifier le mouvement ouvrier, il participe à la fondation en 1864 puis à la direction de l’Association internationale des travailleurs.

Président du Conseil des ministres, deux fois ministre de l’Agriculture sous la IIIe République, cet avocat de formation s’attache à défendre le monde agricole. Il fait ainsi voter en 1892 des mesures protectionnistes pour mettre l’agriculture française à l’abri de la concurrence internationale (« tarifs Méline »). On lui doit également une loi favorisant la création de caisses locales de crédit agricole. Il développe les écoles pratiques d’agriculture et fonde l’ordre du Mérite agricole. Il expose notamment ses convictions dans Le salut par la terre et le programme économique de l’avenir (1919).

Économiste français. Jusqu’en 1720, Melon fréquente les cercles proches du pouvoir royal, travaille pour John Law et acquiert une expérience des pratiques politiques et financières de l’époque. Il publie l’Essai politique sur le commerce (1734), un texte majeur qui contribue à la naissance de l’économie politique française. Dans cet ouvrage il s’intéresse à la dette publique et réaffirme le bien-fondé de la théorie mercantiliste tout en proposant certains principes libéraux. Il expose également les bienfaits d'une législation économique pour éviter les abus et protéger les consommateurs, clients et employés.

Homme politique et leader du mouvement catholique social, il s’investit dans diverses œuvres de bienfaisance à partir de 1839. En 1845, il fonde les Annales de la Charité – revue dont les articles seront repris dans De l’intervention de la société pour prévenir et soulager la misère – puis, en 1847, la Société d’économie charitable afin de réunir des économistes proches du catholicisme social. Elu député en 1849, il est à l’origine de l’adoption d’un train de lois sociales en 1850-1851. En 1852, il rédige le décret qui légalise et développe le mouvement mutualiste.

Après des études de pharmacie, Émile-Justin Menier fait croître l'entreprise Menier fondée par son père. Il délaisse la production de produits pharmaceutiques pour se concentrer sur la fabrication du chocolat, dont il contribue à populariser la consommation en France. Convaincu de son rôle social en tant que patron, il crée près de son usine de Noisiel une cité ouvrière, des caisses d'épargne et des écoles. Il écrit L'impôt sur le capital et Théorie et application de l'impôt sur le capital, dans lesquels il développe l’idée d’un impôt unique sur le capital pour remplacer les impôts sur la consommation qui pèsent sur les classes pauvres. Il devient maire de Noisiel en 1871 et député de Seine-et-Marne en 1876 jusqu'à sa mort.

Philosophe et économiste britannique. Penseur libéral utilitariste, Mill s’est intéressé à de nombreux aspects de la vie en société, parmi lesquels la notion de gouvernement représentatif, l’émancipation féminine (L'assujettissement des femmes, 1869) ou la liberté de l’individu. De son point de vue défendu notamment dans Principes d’économie politique (1848), la science économique concerne les biens et services mais ne s’applique pas à leur répartition. La redistribution des richesses, qu’il estime centrale, dépend des choix politiques et sociétaux et prime sur la croissance. Il intègre également la théorie de l’avantage comparatif établie par Ricardo.

Après la rencontre de Quesnay vers 1758, le marquis Victor Riqueti de Mirabeau se fait adepte du système physiocratique. En 1760, il publie La théorie de l’impôt, suivie d'un Supplément à la théorie de l'impôt, qui développent les théories fiscales des physiocrates : liberté totale du commerce, impôt foncier unique prélevé sur les propriétaires et suppression des fermes générales. L’ouvrage, qui pose le principe d’une véritable révolution fiscale, recueille le plus grand succès dès sa parution. Il vaut cependant à l’auteur d’être emprisonné huit jours à Vincennes et exilé dans sa terre de Bignon.

Historien et économiste français. Partisan d’un système de banque libre de réserves monétaires à 100%, il expose sa conception dans le Journal des économistes en 1866 avec l’article « Le Billet des banques d’émission et la fausse monnaie ». Il reste également connu pour avoir publié en 1857 Du paupérisme en France et pour avoir défendu avec Frédéric Passy et Prosper Paillottet le principe de droit de propriété perpétuel des auteurs sur leurs œuvres, principe qu'ils argumentent dans l’ouvrage De la Propriété intellectuelle (1859). Membre de la Société d’économie politique, Victor Modeste est aussi disciple de l'économiste libéral Frédéric Bastiat.

Écrivain et économiste français, Antoine de Montchrestien se rattache à l’école mercantiliste. Son Traité de l’économie politique (1616) introduit pour la première fois le terme d’économie politique. Son analyse insiste sur l’importance de l’industrie et du commerce pour enrichir un pays, aux côtés de l’agriculture. Il se prononce en faveur de l’intervention de l’État pour créer et favoriser le développement de manufactures et réglementer les professions. Montchrestien affiche un certain protectionnisme pour les produits courants mais prône le libre-échangisme pour les denrées rares.

Après avoir été soldat, marin, corsaire et aventurier, puis fait prisonnier par les Anglais en 1809, Alexandre Moreau de Jonnès est libéré en 1814 et affecté comme officier, chargé des travaux statistiques et topographiques. Il reçoit en 1819 le premier prix de statistique de l’Académie royale de Paris. Il publie en 1825 Le commerce au dix-neuvième siècle ainsi qu’un rapport sur la propagation du choléra en 1831. Il est chargé par Adolphe Thiers en 1833 de la statistique générale nationale, service qui devient en 1840 le Bureau de la statistique générale de la France, rattaché au ministère de l’Agriculture. Dans Eléments de statistique (1847), il définit la statistique comme « la science des faits sociaux exprimés de manière numérique ».  Il est à l’origine de la Statistique de l’industrie de la France.

Formé chez les Jésuites à Lyon puis à la Sorbonne, l’abbé Morellet est un théologien, philosophe et économiste qui a fréquenté, des Lumières à la Restauration, différents cercles du savoir et du pouvoir. Auteur de plusieurs articles de l’Encyclopédie, traducteur d’œuvres italiennes et anglaises, il rédige des essais et des textes à dimension pratique, notamment sur le plan économique. Défenseur du libéralisme, il entreprend un Nouveau Dictionnaire du commerce qui ne voit jamais le jour mais dont un long Prospectus donne les grandes lignes et dresse le « Catalogue d’une bibliothèque d’économie politique ».

Banquier genevois, Jacques Necker a été trois fois ministre des finances de Louis XVI. Du fait de sa grande popularité, son renvoi en juillet 1789 est une des causes du soulèvement du 14 juillet. Rappelé dès le 16, il finit par démissionner en 1790 à cause de son opposition à la politique de financement du déficit par l’émission d’assignats. Retiré en Suisse, il laisse plusieurs écrits politiques parmi lesquels les Réflexions philosophiques sur l’égalité et De la Révolution française, où il développe son point de vue critique sur la Révolution.

Premier président de la Chambre des comptes de Paris en 1783 et conseiller du roi,  Aymard-Charles Marie de Nicolaï participe à l’Assemblée des notables de 1787. Il entre à l’Académie française en mars 1789. La même année, il rédige des Observations sur la comptabilité et sur la jurisdiction de la Chambre des comptes où il fait la synthèse de la réglementation d’Ancien régime en matière de finance publique et dénonce les abus qui ont conduit au déficit et à la crise financière. Il est guillotiné sous la Terreur.