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Le narval, la licorne à nageoires

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6 septembre 2018

L’étrange cétacé qu'est le narval a longtemps été pris pour un animal fabuleux. S’il est encore aujourd’hui l’objet de nombreuses études scientifiques, une chose est sûre : la vraie licorne a des nageoires…

Le narval est un mammifère marin adepte des eaux très froides, vivant principalement le long des côtes du Groenland.
Le nom de « narval » serait issu de l’islandais, nar signifiant « cadavre » et hual « baleine ». L’idée de cadavre ferait référence à sa couleur grise ou au caractère combatif et carnivore que véhiculaient certaines légendes. Des marins affirmaient ainsi avoir vu des narvals transpercer des bateaux avec leur corne, avant d’avaler leurs occupants…
En réalité, si le narval est bien carnivore, il est plutôt amateur de crevettes, de céphalopodes et de petits poissons.
 
Le narval partage quelques caractéristiques physiques avec le béluga : il a ainsi une tête ronde et pas de nageoire dorsale. Une légende nordique conte en ces termes la raison de cette proximité : une terrible belle-mère affamant son beau-fils aveugle, celui-ci décida de se venger avec l’aide d’un béluga, en jetant la marâtre à l’eau. De rage, celle-ci tordit ses cheveux qui se transformèrent en corne tandis qu’elle-même devint cétacé : ainsi serait né le narval. Le béluga et lui ne se quittèrent plus jamais, tels des gardiens de la punition.
Plus prosaïquement, ces deux géants des mers (le narval mesure environ 4 mètres de long, parfois plus) se rencontrent effectivement dans les zones glaciaires. Le narval n’est pourtant jamais confondu avec son cousin, grâce à sa principale particularité : sa corne.
 

Dictionnaire des sciences naturelles – 1816-1845

Ainsi placée sur son crâne, cette protubérance est longtemps passée pour une corne, alors qu'il s’agit en réalité d’une dent ! Cette dent est si imposante qu’elle peut représenter jusqu’à la moitié de la taille du corps de l’animal, tandis que la deuxième dent n’est pas développée. C’est cette fameuse défense en spirale qui valut au narval le surnom de « licorne de mer ». 
 
Peut-être pouvons-nous même l’appeler « licorne » tout court…
Cet animal étant un adepte des contrées froides, il n’a été aperçu pendant très longtemps que par des peuples du Nord, jusqu’au XVIIème siècle. Mais sa « corne » fut connue bien avant. Les marchands profitèrent des origines mystérieuses de cette dent pour la vendre en tant que corne de licorne, personne ne sachant identifier à quel animal elle appartenait vraiment.
La corne était alors détaillée et parée de nombreuses vertus, notamment celles de soigner les maladies et de protéger contre les poisons. On réalisait ainsi en corne de licorne des coupes ou des armes censées immuniser leur propriétaire.
L'un des premiers à soupçonner une supercherie fut Ambroise Paré. Dans son Discours de la momie, de la licorne, des venins et de la peste de 1582, Paré émet la possibilité que la corne de licorne soit en réalité la corne d’un animal marin, même si sa représentation du cétacé est encore quelque peu éloignée de la réalité…
 

Lorsque la connaissance du narval fut plus répandue, la vente de sa défense chuta, sans pour autant s’éteindre complètement. Au Japon par exemple, la dent de narval réduite en poudre était investie de nombreuses propriétés curatives. Elle était aussi sculptée, à l'instar de l’ivoire d’éléphant ou de morse dans d’autres parties du monde.

Mais l’utilité de cette défense pour l’animal lui-même a suscité beaucoup d’interrogations parmi les scientifiques. Tout d’abord présentée comme une arme, un brise-glace ou encore comme un apparat sexuel des mâles (la femelle étant souvent dépourvue de cette défense), de récentes études montrent que cette dent est dotée de nombreux capteurs sensoriels qui lui indiquent, par exemple, des changements dans la composition ou la température de l’eau. Autre fait étonnant : les terminaisons nerveuses se trouvent donc à l’extérieur de cette dent et non à l’intérieur comme d’ordinaire, elles sont ainsi en contact permanent avec l’eau glacée.
 
Ce « potentat des eaux » n’a donc rien à envier aux divers animaux insolites sur lesquels le blog de Gallica s'est déjà penché !

Commentaires

Soumis par Maguie le 24/09/2018

Cette licorne sans sabots ne manque pas de saveur! Quand légèreté et savoir sont ainsi maniés c'est un plaisir de lire et d'apprendre, quelle richesse de fond, quel régal !

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