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LES ANIMAUX DES MERS POLAIRES 65
resby, m'envoya l'estomac d'un narval tué à quelques
lieues de nous et dont le contenu me parut extra-
ordinaire; il consistait, outre les nombreux débris
de seiches et d'autres mollusques, qui semblent
constituer le fond général de sa nourriture, en
quelques poissons à demi digérés avec d'autres dont
il ne restait que les arêtes; il y avait des fragments
de l'épine d'une morue, la colonne vertébrale d'une
raie, avec une autre raie du même genre, évidem-
ment la raya batis, presque entière et de grande
taille. Il paraît remarquable que le narval, dépourvu
de dents et ayant la bouche petite, soit capable de
saisir et d'avaler un si grand poisson, dont la largeur
est trois fois aussi grande que sa propre bouche.
Comme l'animal dans lequel ces restes extraordinaires
furent trouvés était un mâle, avec une défense de
sept pieds, je pense que cette arme a été employée
à prendre le poisson dont il avait fait sa proie. »
On a prétendu que le narval se servait de son
arme non-seulement pour se défendre contre les
tyrans des mers, mais encore pour attaquer les autres
animaux et principalement la baleine, qu'il tuait en
lui enfonçant sa défense dans le ventre. Mais, bien
que certains voyageurs aient donné des descriptions
fort pittoresques de ces prétendus combats, nous
croyons qu'il ne faut accueillir ces récits qu'avec
une extrême réserve, car rien ne justifie cette
inimitié entre deux animaux qui n'ont pas à se dispu-
ter la même proie et qui ne peuvent se servir de
nourriture l'un à l'autre. Il est probable que sa dent
n'est point une arme, mais simplement un instru-
ment dont il se sert pour détacher des rochers et
du fond rocailleux de la mer les mollusques et les
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resby, m'envoya l'estomac d'un narval tué à quelques
lieues de nous et dont le contenu me parut extra-
ordinaire; il consistait, outre les nombreux débris
de seiches et d'autres mollusques, qui semblent
constituer le fond général de sa nourriture, en
quelques poissons à demi digérés avec d'autres dont
il ne restait que les arêtes; il y avait des fragments
de l'épine d'une morue, la colonne vertébrale d'une
raie, avec une autre raie du même genre, évidem-
ment la raya batis, presque entière et de grande
taille. Il paraît remarquable que le narval, dépourvu
de dents et ayant la bouche petite, soit capable de
saisir et d'avaler un si grand poisson, dont la largeur
est trois fois aussi grande que sa propre bouche.
Comme l'animal dans lequel ces restes extraordinaires
furent trouvés était un mâle, avec une défense de
sept pieds, je pense que cette arme a été employée
à prendre le poisson dont il avait fait sa proie. »
On a prétendu que le narval se servait de son
arme non-seulement pour se défendre contre les
tyrans des mers, mais encore pour attaquer les autres
animaux et principalement la baleine, qu'il tuait en
lui enfonçant sa défense dans le ventre. Mais, bien
que certains voyageurs aient donné des descriptions
fort pittoresques de ces prétendus combats, nous
croyons qu'il ne faut accueillir ces récits qu'avec
une extrême réserve, car rien ne justifie cette
inimitié entre deux animaux qui n'ont pas à se dispu-
ter la même proie et qui ne peuvent se servir de
nourriture l'un à l'autre. Il est probable que sa dent
n'est point une arme, mais simplement un instru-
ment dont il se sert pour détacher des rochers et
du fond rocailleux de la mer les mollusques et les
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