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La camomille romaine

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18 juillet 2022

Au même titre que la verveine, la camomille est si bien entrée dans nos habitudes qu’elle nous semble très familière. Pourtant, derrière cette appellation se cachent plusieurs plantes.

Pseudo-Apuleius, Herbarius, sive Liber de nominibus et virutibus herbarum, 9e siècle, fol. 40 r, BnF, Latin 6862

Il existe en effet plusieurs espèces portant le nom de camomille et appartenant à des genres botaniques différents. Les plus connues sont la camomille romaine (Chamaemelum nobile), la camomille allemande (Matricaria chamomilla) et la grande camomille (Tanacetum parthenium).

La camomille romaine, ou camomille noble (Chamaemelum nobile) appartient à la famille des Astéracées (composites) comme les chardons ou le chrysanthème. Également connue sous le nom d’Anthemis nobilis, attribué par Carl von Linné en 1735 (Species Plantarum), elle a été reclassée par Carlo Allioni dans le genre Chamaemelum. Contrairement à son qualificatif « romaine », la camomille noble ne provient pas d’Italie : elle est originaire d’Europe de l’Ouest, de l’Espagne à l’Angleterre.

Si, avec son cœur jaune et ses pétales blancs, la camomille rappelle visuellement la marguerite, olfactivement, elle s’en distingue. C’est en effet en raison de son parfum de pomme que la camomille romaine porte le joli nom de Chamaemelum : pomme à terre. Grâce à un appareil secréteur bien développé, elle produit des composés aromatiques :  l’odeur se dégage non seulement des fleurs, mais aussi des feuilles.

Plante vivace de 10 à 30 cm, la camomille est composée de tiges ordinairement couchées (d’où la désignation « à terre ») qui se relèvent quand apparaissent les fleurs, entre juin et septembre. Les fleurs sont plus précisément des capitules floraux, formés de fleurons ligulés blancs entourant des fleurons tubulés jaunes.

Gaston Bonnier (1853-1922), Flore complète illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique (comprenant la plupart des plantes d'Europe), Delachaux et Niestlé (S. A.) (Neuchâtel), J. Lebègue et Cie (Bruxelles), 1914-1935, Tome 5, pl. 296. Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, FOL-S-1138 (5).

Prisée pour ses qualités anti-inflammatoires, antispasmodiques et antioxydantes, en raison notamment des flavonoïdes qu’elle contient, la camomille romaine renferme également un nombre important d’esters (des actifs) concentrés en huile essentielle, aux propriétés antidépressives ou sédatives. Utilisée en tisane pour favoriser la digestion, amère au goût, la camomille contient des mucilages, ce qui permet de réduire l’acidité gastrique. Elle est ainsi préconisée pour les indigestions des chevaux. Une liqueur de dessert digestive, appelée Camomille, a même été commercialisée au 19e siècle.

Camomille liqueur de dessert Victor Ferotin Grenoble, [ca. 1925]

A la même période, la consommation de camomille était également conseillée comme action vomitive, pour « se débarrasser du superflu d’un repas pour préparer la voie au suivant ». Si l’utilisation de la camomille dans la pharmacopée est connue depuis l’Antiquité, la tisane à la camomille était prescrite au 19e siècle en cas de signes annonciateurs du choléra. Enfin, la présence d’apigénine, composé chimique de la famille des flavones, permet de fluidifier le sang et de rendre moins intense la douleur pendant les règles (dysménorrhées). Cette molécule aussi la propriété d’éclaircir les cheveux, et se voit donc déclinée en lotions capillaires.

Il existe une variété de camomille romaine à fleurs doubles, un cultivar connu depuis le 18e siècle : c’est cette variété, stérile, qui est la plus appréciée en herboristerie.

camomille_mnhn.jpg

Nicolas Robert, 1/ Chamaemelum anglicum flore multiplici Ger 2/ C vulgare Dod 3/ Chamaemelu nudu odoratum, 17e siècle. Collection des vélins du Muséum, portefeuille 35 folio 96.

Sa cousine, la Matricaria chamomilla, plante annuelle qui pousse à l’état sauvage en Europe, fait l’objet d’une production industrielle intensive, notamment en Russie, dont elle est l’emblème végétal. Ce nom lui a été donné en raison de ses propriétés relaxantes et fluidifiantes (dysménorrhées, accouchement). La Matricaria produit une huile essentielle bleue, alors que celle de la camomille romaine est jaune à vert.

La camomille est si bien entrée dans la culture populaire qu’elle a été immortalisée en 1963 par une chanson de Michel Berger alors âgé de 16 ans. A écouter en sirotant une tisane… à la camomille ?

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