Scientific romances : les précurseurs anglophones du merveilleux scientifique
Voyages extraordinaires, histoires du futur, utopies, nombreux sont les récits anglophones tels que ceux de Swift et Godwin qui nourrissent un imaginaire lié à la science.
S’interrogeant sur la place de l’homme dans l’univers et sur nos connaissances, ces œuvres demeurent pétries d’irrationnel et préfigurent le « merveilleux scientifique » à la française.
Utopies et découvertes
Dans les littératures de l’imaginaire, la science-fiction voisine avec le fantastique et le merveilleux dès l’invention du roman en Grande-Bretagne, notamment dans les récits de voyage, qui permettent de relater les découvertes et les rencontres improbables. Les lecteurs découvrent l’utopie de Thomas More, publiée en 1515 et la cité idéale imaginée dans La nouvelle Atlantide de Francis Bacon (1627). Ces formes littéraires peuvent être considérées comme les ancêtres de la science-fiction, dans le sens où il s’agit de voyages imaginaires propices à la mise en scène d’inventions et d’expérimentations les plus audacieuses, comme on pouvait les trouver dans les volumes intitulés « Cabinet des fées » de l’éditeur Charles Garnier publiés entre 1787 et 1789, qui rassemblaient des « voyages, visions et romans cabalistiques ». On y trouvait Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift, Micromégas ou voyages des habitants de l’étoile Sirius de Voltaire ou encore Robinson Crusoe de Daniel Defoe.
« Scientific romances »
Durant le XIXème siècle, la société anglaise voit naître chez les écrivains l’idée d’une littérature de l’éveil technologique. Partagés entre le désir de progrès et la dénonciation de ses éventuelles perversions, les écrivains spéculent, explorent, rêvent ou cauchemardent sur le monde nouveau construit à l’âge de la machine. Lorsque paraît The time machine d’H. G. Wells en 1894 et 1895, le voyage dans le futur s'explique par le recours à une hypothèse scientifique contemporaine. Pour se projeter dans le futur, son voyageur temporel utilise une machine, dont Wells justifie l’existence en s’appuyant sur les spéculations de l’époque autour de la quatrième dimension de l’espace. Il imagine alors l’humanité subdivisée en deux espèces, les Eloïs et les Morlocks, résultant d’une évolution différentielle et préfigurent les possibilités de manipulations biologiques. Mais nous sommes ici bien face à un roman, à un récit d’aventure, au sens de scientific romance, se voulant accessible au grand public. De même que dans The War of the Worlds, paru en 1898, on y trouve décrites des innovations et la mise à portée d’hypothèses scientifiques importantes avec un récit qui met en scène la confrontation de l’humanité à une race extraterrestre hostile. Wells interroge les implications sociétales, tout en questionnant les objets de la science et leurs effets. De même, Arthur Conan Doyle, outre les aventures du célèbre détective Sherlock Holmes, propose des récits d’aventures fabuleuses ou pseudo-historiques traitant de la redécouverte sous les eaux de l’Atlantide engloutie ou de la survie de peuplades sur les hauts plateaux d’Amazonie au début de l’ère quaternaire. Il faut ensuite attendre le passage à une littérature rationnelle d’imagination scientifique au début du XXème siècle pour que les inventions et les transformations de l’industrie et de la société n’opposent plus art et science mais les lie plus étroitement.
Dix contes d'Edgar Poe, traduits par Charles Baudelaire
et illustrés de 95 compositions originales de Martin Van Maële gravées sur bois par Eugène Dété. Paris, 1912, p. 61.
Jean-Émile Laboureur, Illustration pour le Portrait de Dorian Gray,
estampe, scène de réception mondaine, 1928
Lire les articles consacrés au "Cycle-Merveilleux scientifique" dans le Blog Gallica
Commentaires
Votre résumé sur le merveilleus scientifique
FÉLICITATIONS ET MERCI POUR VOTRE RECHERCHE! C'EST TRÈS BIEN ET ÇA NOUS CHANGE DES ROMANS "À L'EAU DE ROSE" DURANT CETTE PÉRIODE DE L'HISTOIRE QUI N'EST PAS "Rose"!
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