Le charme
Son nom semble une promesse. Le charme a connu son heure de gloire dans le jardin à la française, organisant les bosquets du Roi Soleil. Il mérite d’’être redécouvert. L’herbier de Gallica est tombé sous le charme…
Le nom de l’arbre vient du latin carpinus, qui désigne aussi le genre botanique auquel il appartient. Le charme au sens d’enchantement dérive du latin carmen. Le charme fait partie de la famille des bétulacées comme l’aulne, le bouleau ou le noisetier. Le charme-houblon est rattaché au genre Ostrya ; il tient son nom de ses fruits semblables à ceux du houblon. L’Europe est occupée par deux espèces : le charme commun et le charme d’Orient. Ce dernier, au nom décidément bien poétique, est plus petit. Découvert au Levant par Tournefort, il pousse en Italie, Balkans et mer Noire.
Le charme commun s’intitule Carpinus betulus. Le nom d’espèce renvoie au bouleau, qui donne son nom à la famille des bétulacées. Surtout présent en Europe centrale, dans le nord et l’est de la France, il préfère les sols frais et perméables comme les sols calcaires. Il est souvent associé avec d’autres arbres, formant ainsi un sous-étage de la chênaie. Quand il forme l’espèce principale, ses peuplements portent le nom de charmaie ou charmeraie. La plus grande de ces forêts de charmes en Europe est la forêt de la Hardt, entre Mulhouse et le Rhin.
L’arbre peut atteindre une vingtaine de mètres de hauteur. Souffrant par grands froids, il préfère les expositions demi-couvertes et aérées. Son tronc est couvert d’une écorce grise et lisse ; rarement droit, il est peu employé en charpente. Ses feuilles dentées sont caduques, mais il garde son feuillage vert jusqu’aux gelées, ce qui en fait un arbre de décoration dans les jardins. Une partie des feuilles mortes reste sur l’arbre en hiver. Les feuilles forment un bon humus et sont appréciées par le bétail. Un même pied porte des chatons mâles, cylindriques, et des chatons femelles, plus petits. Ils donnent des fruits appelés samares qui, comme ceux de l’ailante, sont emportés par le vent.
Joseph Pitton de Tournefort, Elemens de botanique, ou Methode pour connoître les plantes. III, 1694
Le charme forme de nombreux rejets de souche, ce qui lui a valu d’être utilisé en futaie ou taillis sous futaie pour le bois de chauffe, car il donne un excellent bois pour cet usage. Son bois très dur servait également pour la charronnerie, les ouvrages au tour, les poulies, dents de roue de moulin, manches d’outils, coins… Apte à la taille, se ramifiant beaucoup, le charme a été utilisé sous forme de charmille pour constituer des rideaux de verdure utilisés dans les jardins à la française. Il a permis de créer des bosquets comme le célèbre labyrinthe de Versailles.
Souffrant, en France, des effets du réchauffement climatique, le charme mériterait d’être employé de nouveau, au vu de ses usages possibles. Laissez-vous charmer…
Pour aller plus loin
Retrouvez la sélection sur les arbres dans le parcours Gallica La Nature en images avant d’arpenter le parcours Jardins pour y découvrir les traités mettant en œuvre les charmilles.
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