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Le bouleau

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Son tronc élancé strie les lisières de la taïga et des tourbières : le bouleau ne passe pas inaperçu dans les forêts d’hiver, grâce à l’écorce blanche et brillante qui le caractérise.

Jens Wilken Hornemann, Icones plantarum sponte nascentium in regnis Daniae et Norvegiae et in ducatibus Slesvici et Holsatiae, ad illustrandum opus : volumen IX, 1818

Le bouleau ne craint pas les sols pauvres et les climats rigoureux : s’il est assez largement répandu en Europe, il est surtout emblématique des régions du Nord. On en trouve déjà mention dans les textes de botanique de l’Antiquité grecque et romaine qui nous sont parvenus : leurs auteurs sont plus familiers de la flore du pourtour méditerranéen, mais évoquent néanmoins cet arbre des contrées lointaines, fascinant à bien des égards. Au 1er siècle après J-C, Pline l’Ancien en fait mention dans son Histoire naturelle comme d’un arbre qui se plaît dans les lieux froids et pousse notamment en Gaule. A la suite des auteurs classiques, les naturalistes médiévaux, tels que Barthélemy l’Anglais (XIIIe siècle, traduit en français au XVe siècle), ont pu le décrire comme un arbre typique des pays arides, où les « hommes sauvages » qui les peuplent emploient sa sève et ses fruits pour en faire respectivement du vin et du pain.
 

Si la sève du bouleau permet effectivement de réaliser une boisson fermentée, elle est également très prisée pour ses propriétés médicales. Son caractère diurétique est déjà signalé au Moyen Âge et les bienfaits de l’acide bétulinique sont encore étudiés des siècles plus tard.  Outre sa sève, le bouleau fournit de nombreux produits. Ses petites branches souples servent à confectionner des balais – usage mis à l’honneur dans l’illustration du Kreütterbuch de Hieronymus Bock (XVIe siècle). Son écorce est utilisée pour la fabrication d’objets divers, la tannerie. Elle peut également servir de support pour l’écrit : le même Hieronymus Bock affirme avoir vu en Suisse des manuscrits de poésie rédigés sur de l’écorce de bouleau, tandis que durant la Première Guerre mondiale, le poilu Louis Vial s’en sert pour confectionner une carte postale.
 

Les bouleaux sont aisément identifiables par leur écorce, ainsi que par leurs inflorescences, qui forment des chatons de forme allongée. Ils appartiennent à la famille des bétulacées et au genre Betula, qui comprend de nombreuses espèces, réparties sur plusieurs continents. Si les bouleaux verruqueux et pubescents sont les plus répandus en Europe, d’autres espèces de bouleaux se trouvent en Asie ou en Amérique du Nord. Les bouleaux sont ainsi en bonne place dans l’Histoire des arbres forestiers de l’Amérique septentrionale de François-André Michaux, qui y décrit notamment le bouleau à papier (Betula papyrifera, également appelé bouleau à canot) ou le bouleau flexible (Betula lenta L., aussi connu sous le nom de bouleau merisier).

Son écorce blanche craquelée de noir et le port aérien de son feuillage en font un sujet de prédilection des artistes. Il est particulièrement important dans les cultures russes et scandinaves. Arbre propice à l’imaginaire, il peuple les forêts des récits pour enfants. Ivan Bilibine le représente fréquemment dans ses illustrations de contes populaires. On croit aussi reconnaître son tronc pâle derrière la petite Gerda dans La Reine des neiges de Hans Christian Andersen, illustré par Edmond Dulac. Enfin, les deux jeunes garçons du Robinson de la forêt russe de Mme Katchoulcoff, adapté en français à la fin du XIXe siècle, s’installent forcément sous un bouleau pour y faire leur feu !
 

Pour aller plus loin :

- La section consacrée aux arbres de la sélection Gallica : La nature en image – les plus beaux ouvrages de botanique illustrés
 

 

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