Petite histoire du laurier-rose
Le laurier-rose, ou Nerium oleander, décrit et nommé par Carl von Linné en 1753, est une espèce d'arbuste de la famille des Apocynacées. Petite histoire de cette espèce aux fleurs roses, blanches, jaunes, orangées ou rouges, présente sur les deux rives de la Méditerranée.
Tantôt symbole de beauté et douceur, ou de beauté, modération, gloire et génie, le laurier-rose est une espèce connue depuis très longtemps. Dès le Ier siècle après J.-C., le grec Dioscoride en fait une description dans son De Materia Medica. Plantés en pleine terre dans les régions méditerranéennes et en caisse ou pot dans les régions plus froides, on retrouve notamment des lauriers-roses dans le jardin royal des plantes de Nancy dans la seconde partie du XVIIIe siècle.
Nerium flore albo, dans Daniel Rabel, Theatrum Florae, in quo ex toto orbe selecti
mirabiles, venustiores ac praecipui flores, tanquam ab ipsius Deae sinu, proferuntur, Paris, 1633.
Au XIXe siècle, de belles collections de lauriers-roses sont présentées dans les expositions horticoles, et de nouvelles variétés font leur apparition sur le marché. À Paris, le jardinier-fleuriste Michel Frédéric Mabire (1806-1859), établi rue de Lourcine, s'illustre particulièrement avec ses lots de Nerium et de Rhododendrum. Il remporte en 1840 un prix pour la plus belle plante en fleur la mieux cultivée à la dixième exposition publique des produits de l'horticulture, organisée par la Société royale d'horticulture de Paris, pour son Nerium Mabiri (ou Nerium Mabirii) obtenu deux ans plus tôt. Cette variété de laurier-rose à fleurs blanches disposées en pyramide est commercialisée en France dès les années 1840 (on la retrouve chez M. Vaillant à Angers en 1840, chez M. Foulard, amateur au Mans, en 1850, etc.) mais aussi à New-York ou Londres dans les années 1850 et 1860. Le même fleuriste obtient le Nerium cupreum en 1841, et possède également dans sa collection des Nerium carneum, Nerium grandiflorum, Nerium luteum, Nerium odorum, etc.
À la même époque, M. Grangé-Fougouin, horticulteur à Orléans, lance une souscription pour la commercialisation de son Nerium Jeanne d'arc, également à fleurs blanches.
Oiseaux et plantes peints à gouache, s.l.n.d.
Loué pour sa beauté et son parfum, le laurier-rose est aussi connu pour sa grande toxicité. Au début du XIXe siècle, il aurait ainsi causé la mort d'une douzaine de soldats ayant utilisé ses tiges comme broches à rôtir. Les propriétés chimiques du laurier-rose ont fait l'objet de plusieurs études pharmacologiques, qui ont permis de mettre en évidence son composé le plus caractéristique, l'oléandrine, présente dans toutes les parties de la plante. Ainsi, l'ingestion de quelques feuilles suffit à tuer animaux et êtres humains. Malgré le danger, à la fin du XIXe siècle, on va jusqu'à envisager l'utilisation du laurier-rose en médecine pour sa supposée action tonique sur le cœur.
Sphinx du laurier-rose, dans Louis Figuier, Les Insectes, Paris, L. Hachette, 1875
La toxicité du laurier-rose ne le protège pourtant pas des parasites comme le sphinx du laurier-rose, ou Daphnis nerii, lui aussi décrit par Carl von Linné en 1758. Ce lépidoptère est signalé à Paris et dans les villes environnantes en 1835. Un puceron se nourrit également de la sève du laurier-rose, l'Aphis nerii, décrit par Étienne Boyer de Fonscolombe en 1841.
Le laurier-rose, de la famille des Apocynacées, ne doit pas être confondu avec le laurier-cerise, de la famille des Rosacées, ni avec le laurier-sauce, de la famille des Lauracées.
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